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La drogue au cœur du pouvoir ATT : La véritable raison de sa chute

L’espace saharien est le plus grand désert du monde avec une superficie de 8,5 millions de Km2. Il traverse l’Afrique de l’Atlantique à la mer rouge et de la Méditerranée au Sud du Cancer et couvre 10 pays : Algérie, Egypte, Libye, Maroc (Sahara Occidentale), Mali, Mauritanie, Niger, Soudan, Tchad, Tunisie.

amadou toumani toure

Cependant, il est indispensable de comprendre qu’au-delà de ces enjeux, il y’a eu des processus internes qui ont conduit à des crises successives de l’Etat et qui ont occasionné sa faillite. Il s’agit donc avant tout d’une crise de l’Etat en tant qu’institution.

 

Certains analystes soutiennent que la catastrophe que notre pays connaît aujourd’hui a été provoquée par le coup d’Etat du 22 mars 2012. En fait de coup d’Etat, il s’agit en réalité d’une banale mutinerie de soldats qui ont exprimé un mal-vivre et une extrême exaspération devant la trahison de leur hiérarchie qui les a conduits à la boucherie, (surtout après le massacre d’une centaine de soldats à Aguel Hoc par les rebelles du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) appuyés par les combattants d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), du Mouvement pour l’unicité et jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et d’Ansar-Eddine), devant la trahison de leur hiérarchie qui les avait à plusieurs reprises, conduits à la boucherie pendant deux mois sur les différents théâtres de bataille pour défendre l’intégrité territoriale du Mali dans ses régions septentrionales.

 

Le Mali n’est pas à sa 1re rébellion dite touarègue, mais à sa 4ème. Mais une lecture à la fois historique, politique, sociologique, géostratégique et géopolitique de cette crise nous amène à comprendre aisément que toutes les rébellions qui ont secoué notre pays ont été téléguidées de l’extérieur et quel qu’en soient les prétextes, elles ont toujours bénéficié du soutien politique, financier et militaire de l’ex-puissance coloniale qu’est la France.

 

Pour illustrer ce constat, il suffit de s’appuyer sur des exemples historiques et l’abondante littérature fournie par une légion de chercheurs français, notamment des anthropologues, parmi lesquels André Bourgeot. Celui-ci a expliqué comment est né l’OCRS (l’organisation commune des régions sahariennes) suivant une loi votée par l’Assemblée Nationale Française en 1957 et qui devait comprendre une partie de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger, du Tchad, du Mali. Cette création répondait à une vision coloniale de mise en valeur de cet espace extrêmement riche en ressources stratégiques.

 

L’ex-puissance coloniale voulait ponctionner ces immenses ressources pour les besoins de son industrie et son développement économique. Afin d’assurer une exploitation rentable de ces ressources stratégiques et les drainer vers la méditerranée pour être ensuite évacuer vers la métropole, l’ex-puissance coloniale avait envisagé dès 1875, la construction d’une ligne de chemin de Fer.

 

Mais le projet colonial d’exploitation de ces immenses ressources a échoué grâce à une formidable accélération de l’histoire à travers la guerre d’indépendance victorieuse de l’Algérie et les luttes d’émancipation menées par l’US-RDA dans toute l’Afrique Occidentale française, l’Afrique Equatoriale française.

 

Contrainte d’accorder l’indépendance à ses anciennes colonies, la France s’exécutera mais non sans semer les germes de la division entre les différentes communautés qui coexistaient pendant plusieurs siècles auparavant avec un modus vivendi partagé et un sentiment commun d’appartenance à une même entité étatique.

 

C’est le cas au Mali et au Niger où le colonisateur distillera dans l’esprit des communautés blanches qu’il était inacceptable qu’elles soient dirigées par les populations noires et barbares. On assistera à la création d’une sorte d’identité culturelle avec beaucoup de mythes qui seront véhiculés sur «l’homme bleu du désert au regard fier» qui va être dominé par des noirs venus du Sud ! C’est ainsi qu’a éclaté la première rébellion de 1962 contre le régime du Président Modibo Keita, alimentée par la France.

 

Par la suite, il y’a eu la rébellion de 1990, celle de 1996, de 2006 et 2012. A chaque rébellion, on voit surgir des revendications identitaires, ses soutiens extérieurs et cette volonté de mettre en avant des spécificités, alors que toutes les populations qui vivent dans cette zone sont frappées par les mêmes problèmes. Mais la caractéristique essentielle de cette dernière rébellion est qu’en plus de son caractère irrédentiste, elle a pris une dimension religieuse à travers l’entrée en scène de trois composantes qui se sont ralliées au MNLA : AQMI, Ansar-Eddine, MUJAO.

 

Par ailleurs, il existe une thèse fortement répandue sur la provenance des armes qui ont permis à ces différentes rébellions de conquérir le Nord du Mali. Selon cette thèse, ces armes hautement sophistiquées et d’une redoutable efficacité proviennent essentiellement des stocks de l’armée Libyenne.

 

Cependant, même si le Chef d’Etat-major du MNLA, le Colonel Ould Najem s’est copieusement servi dans l’arsenal libyen, les enquêtes menées par certains experts sur la question permettent de relativiser l’ampleur de ces armes en provenance de la Lybie. Elles soutiennent plutôt que les armes du MNLA lui ont été livrées par la

 

France via la Mauritanie. Au Mali, il n’est un secret pour personne que l’indépendance de l’Azawad a été proclamée en France par le MNLA qui y disposait d’une Représentation diplomatique, tout comme au Burkina-Faso et en Mauritanie. Par la suite, le MNLA qui a scellé des alliances avec les autres composantes de la rébellion notamment Ansar-Dine et le MUJAO a vu augmenter sa force de frappe.

 

Mais comment ces combattants touareg de la légion islamique se sont-ils emparé des armes en Lybie ont pu traverser le Sahara et ont réussi la prouesse de pénétrer en territoire malien sans être ni vus des satellites militaires, ni des avions de l’OTAN qui surveillent sans arrêt cette immense zone ?

 

La responsabilité du Gouvernement du Président ATT est indéniable : C’est d’avoir accepté que ces anciens combattants de la légion islamique entrent au Mali avec leurs armes alors que le Niger voisin avait pris soins de désarmer les leurs !

 

D’ailleurs, le Niger avait également alerté les autorités maliennes sur les risques que cela pouvait faire courir à la sécurité du Mali. Mais le Président ATT a donné l’autorisation aux autorités nigériennes de laisser les combattants rentrer avec leurs armes. Un accueil chaleureux leur a été réservé et plusieurs ministres ont été mobilisés en cette occasion avec espèces sonnantes et trébuchantes !

 

Ils seront reçus quelques semaines à grande pompe au palais présidentiel à Koulouba par Amadou Toumani Touré lui-même.

 

Pourquoi le Président ATT a-t-il laissé entrer ces anciens de la légion islamique ?

 

Il y’a plusieurs réponses qui sont données par des analystes et spécialistes de la géopolitique du Sahara.

 

Certains parmi eux parlent d’un deal qui aurait été conclu entre l’OTAN, les soldats touaregs de la légion islamique, la France et le Mali. Ce deal visait à amener les soldats de la légion islamique, qui se trouvent être les plus aguerris au combat, à abandonner Mouammar El Kadhafi et à rentrer au Mali où ils étaient assurés d’avoir un territoire, concrétisant ainsi leur rêve d’indépendance.

 

D’autres par contre voient dans l’attitude du Président ATT une manœuvre visant à résoudre des problèmes de politique intérieure à quelques mois des élections présidentielles et législatives. La fin de son mandat ne lui assurait aucune possibilité de trouver un remplaçant capable de lui sauver les meubles. bamada.net . C’est pourquoi il aurait instrumentalisé la rébellion dans l’espoir de faire reporter ces élections et de préparer plus sereinement sa succession. Mais dès que la rébellion a été déclenchée on n’a pas pu en saisir les dimensions multiples qu’elle a revêtues.

 

En apparence, l’effondrement de l’Etat a été si rapide, si fulgurante alors qu’en réalité, sa décrépitude avait commencé dès le Coup d’Etat du 19 novembre 1968 !

 

De cette période à nos jours, il y’a eu un pourrissement lent qui s’est accentué avec l’avènement de la démocratie en 1991, puis de la troisième République à partir de 1992. L’Etat en tant qu’entité située au-dessus de toutes les ambitions individuelles est devenu progressivement un instrument au service de clans, de coteries, des intérêts de boutique.

 

La corruption et l’impunité ont été érigées en mode de gestion politique. C’est pourquoi, une banale mutinerie de soldats a permis à des officiers subalternes et des soldats de rang de s’emparer du pouvoir comme un fruit mûr. Une fois qu’ils ont conquis le pouvoir, ces jeunes officiers et soldats de rang, n’ayant aucune conscience politique (mis à part quelques rares sousofficiers) ni vision et objectifs stratégiques clairs se sont trouvés confrontés à la dure réalité de la situation.

 

Acculés par des pressions de toute sorte tant au plan nationale qu’internationale, victimes d’un lynchage médiatique sans précédents et fortement combattu par le syndicat des chefs d’Etat de la sous-région ouest africaine, l’Union africaine, l’Union européenne et des Etats-Unis, le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses compagnons ont commencé leur marche à reculons pour faire place nette aux forces de la régression politique et sociale qui ont dirigé pendant 20 ans notre pays et qui sont les premiers responsables de sa faillite.

 

Cela était difficile pour le capitaine Amadou Haya Sanogo et ses compagnons de faire une lecture globale de la situation politique nationale et de comprendre les enjeux géopolitiques et géostratégiques qui se cachaient derrières les pressions multiples (CEDEAO, Union africaine, Union européenne, France, Etats- Unis) auxquelles ils faisaient face pour penser à des solutions immédiates de sortie de crise sur le plan politique, institutionnelle et sécuritaire.

 

Ces enjeux expliquaient également en partie la bataille politique qui se déroulait entre les différents camps : Ceux qui voulaient le changement et ceux qui étaient contre. Mais ils se lisaient déjà dès les années 1970 aux Etats-Unis à travers la stratégie du chaos.

 

Selon cette théorie, partout dans le monde où il y’a des matières premières, nécessaires à l’expansion du système capitaliste mondial, il faut créer le chaos en s’attaquant aux Etats-Nations qui constituent un obstacle à la logique de profits et à la dictature du marché. C’est ce qui explique les guerres civiles en Angola, au Mozambique, en République Démocratique du Congo, celle qui a secoué le Congo-Brazzaville, celle du Biafra qui devait aboutir à la sécession du Nigeria, et celle récente de l’Afghanistan qui ont toutes des raisons économiques à savoir : le contrôle stratégique du pétrole et du Gaz mais aussi et surtout du marché mondial de la drogue qui a alimenté largement les entreprises secrètes de déstabilisation des régimes partout dans le monde.

 

L’on se souvient du débarquement de l’armée américaine au Panama en 1989 «opération juste cause» pour y capturer son Président, le Général Manuel Antonio Noriega, pourtant un des anciens collaborateurs de la CIA. Il faut aussi rappeler le soutien de l’Administration Américaine aux Contrats du Nicaragua soupçonnés d’avoir créé une économie de la drogue pour combattre le régime sandiniste de Daniel Ortega.

 

Il y’a eu aussi les soupçons nourris des Etats-Unis à l’égard de Cuba accusé sans preuve d’avoir encouragé le trafic de la drogue au moment où les tribunaux révolutionnaires avaient jugé et condamné à mort en 1989 des officiers de l’armées cubaine accusés d’intelligence avec le trafic de la drogue comme le Général

 

Arnaldo Ochoa, le Colonel Antonio de la Guardia, le Capitaine Jorge Martinez et le Major Amado Padron.

 

En Colombie, les Etats-Unis mettront au point «le Plan Colombie» 4 pour officiellement combattre le trafic de drogue qui portait une menace sérieuse à sa sécurité intérieure.

 

Selon un rapport de l’Office des Nations-Unies contre la drogue5 et le blanchiment, les trafiquants auraient blanchi environ 1600 milliards de dollars US à travers le monde en 2009, soit 2,7% du PIB mondial. De cette faramineuse somme, moins de 1% des flux financiers illicites générés par la drogue et le crime organisé est saisi et gelé par les services de répression !

 

Le rapport indique par ailleurs que tous les bénéfices de la criminalité, mis à part les évasions fiscales, s’élèveraient à environ 2100 milliards de dollars US, soit 3,6% du PIB mondial.

 

En dehors de ce montant, les bénéfices de la criminalité transnationale organisée- comme le trafic de drogue, la contrefaçon, le trafic d’être humains, la contrebande de petites armes- s’élèveraient à 1,5% du PIB mondial, 70% desquels auraient probablement été blanchis par le système financier à travers les banques occidentales qui en profitent largement.

 

Une étude de l’Université des Andes en Colombie, datant de l’année 2011 et publiée par le journal britannique «The Guardian» a révélé que le négoce de la drogue enrichi principalement les banques américaines et européennes à 97,6%. Seuls les 2,4% sont restés dans le pays ! Pour l’année 2008, le négoce de la drogue dans ce pays a permis aux banques européennes d’engranger 300 milliards de dollars pour seulement 7,8 milliards pour les banques colombiennes !

 

C’est la raison pour laquelle, le journaliste français d’investigation Jean-François Boyer dira que la lutte contre le trafic de la drogue et la criminalité transnationale est perdue à l’avance. Le trafic de drogue à travers le monde a profité aux banques occidentales, mais aussi aux services de renseignement de certaines grandes puissances comme la CIA.

 

Durant la guerre froide, pour éviter le contrôle de ses budgets par le Congrès, elle a financé certaines opérations menées contre le communisme grâce à l’argent de la drogue. A ce sujet, l’historien Alfred W. McCoy6 a révélé des preuves flagrantes de l’intimité de la CIA avec le commerce de la drogue : En Sicile, à Naples, à Marseille, au Laos, en Birmanie, en Afghanistan, au Pakistan, avec les Cartels de la drogue en Amérique Latine notamment en Colombie, au Mexique.

Historiquement, la complicité entre les services américains de renseignement avec la pègre mondiale remonte aux années 1940. A l’époque, l’OSS (l’ancêtre de la CIA) collaborait avec la mafia sicilienne pour préparer le débarquement des G’IS pendant la seconde guerre mondiale.

Les services de renseignements américains avaient besoin d’informations pour élaborer le plan de débarquement tandis que la mafia sicilienne était ravi d’appuyer les Etats-Unis pour se débarrasser du régime fasciste de Mussolini qui avait porté un coup dur aux activités criminelles de la Cosa Nostra.

 

Après la chute de Mussolini, la collaboration ne s’est pas arrêtée pour autant. La démocratie chrétienne qui avait pris les commandes du pays, craignant une forte poussée des communistes qui s’étaient illustrés dans la résistance contre le fascisme et qui bénéficiaient d’un large soutien populaire, a conclu des accords secrets avec les services américains de renseignement pour liquider les communistes.

 

Les démocrates-chrétiens et les Etats-Unis vont donc s’appuyer sur les mafiosi connus pour leur piété. Des membres de la pègre se voient confier des postes de responsabilité dans l’appareil politique du pays. Un ancien agent de la CIA, Victor Marchetti dira quelques années plus tard que la CIA s’était appuyée sur l’anti communisme viscéral de la mafia pour contrôler l’Italie.

 

En Afghanistan, les Etats-Unis vont recourir aux mêmes méthodes pour financer les combattants opposés aux troupes soviétiques.

 

En 1979, lorsque le conflit y a éclaté, il n’y avait plus aucun agent de la DEA (l’Agence Américaine de lutte contre la drogue) dans ce pays, ni au Pakistan voisin.

 

La production d’opium en Afghanistan passa de 250 à 4.600 tonnes par an. Pendant les années 1980, le Pakistan abritait 100 à 200 raffineries d’héroïne. C’est un général de l’armée pakistanaise, par ailleurs gouverneur de la Province du Nord-Ouest qui contrôlait ces raffineries.

 

En 1986, il a déclaré publiquement, lors d’un congrès tribal, que l’héroïne était une ressource pakistanaise lucrative.

 

L’héroïne raffinée au Pakistan provenait d’Afghanistan, plus précisément dans la fertile vallée de Helmand contrôlée par le chef de guerre Goulbouddine Hekmatyar qui travaillait directement pour la CIA.

 

S’agissant du Mali, la question de la drogue a été au cœur du pouvoir d’ATT. La véritable raison de sa chute n’est-elle pas à rechercher de ce côté ? N’a-t-on pas dit que c’est à cause de sa propension à céder à l’appât du gain et son extrême cupidité qu’il avait mis le doigt dans ce système qui l’a broyé comme un rouleau compresseur ?

 

Certains de ses plus fidèles alliés à l’annonce de sa chute avaient versé des larmes de crocodiles pour sauver les apparences, mais en privée s’en sont réjouis car, elle allait permettre une nouvelle redistribution des cartes politiques susceptibles de freiner la dérive mafieuse de l’Etat et de construire un nouvel avenir démocratique pour le Mali.

 

Le passage de la Cocaïne dans le Sahara en provenance d’Amérique Latine pour rejoindre les rivages de la Méditerranée ne date pas d’aujourd’hui. Dès 2007, notre pays était devenu une plaque tournante de la cocaïne arrivant de Colombie, notamment de la Guinée-Conakry, avant de repartir vers l’Europe. Mais, c’est la découverte en 2009, d’un Boeing 727-200, ayant transporté plusieurs tonnes de poudre blanche qui a permis de connaître l’ampleur du phénomène. Cette découverte a également établi les complicités qui existaient à Bamako dans certains cercles du pouvoir, de l’armée et de la douane.

 

En janvier 2012, Mohamed Ould Awaïnatt, un riche homme d’affaires de Tombouctou, soupçonné d’être impliqué dans l’affaire «Air-Cocaïne», est libéré, avec un ancien policier espagnol Miguel Angel Devesa, sur ordre de l’ancien président Amadou Toumani Touré qui comptait sur lui pour lever des milices chargées de contenir l’avancée des rebelles du MNLA et de leurs alliés d’AQMI, du MUJAO et d’Ansar-Eddine.

 

D’autres personnes incarcérées dans cette affaire ont aussi été libérées.

 

Une fois la liberté recouvrée, Mohamed Ould Awaïnatt rejoindra le MUJAO avec les armes fraichement livrés par Bamako via le Lieutenant-colonel Ould Meydou. Ce dernier constituait avec le Colonel Ag Gamou, les deux piliers de défense qu’ATT avait bâtis de façon parallèle dans la lutte contre les différentes rébellions armées. Cela a fortement désarticulé et affaibli la chaîne de commandement dans les opérations menées sur les différents fronts au point de provoquer la colère du chef d’Etat-major Général des armées le général Gabriel Poudiougou qui avait menacé de rendre sa démission.

 

Toujours est-t-il que dans ce document confidentiel émanant de l’office des Nations-unies contre la drogue et le blanchiment qui a circulé dans les milieux diplomatiques à Bamako, d’autres personnalités importantes de la tribu Lamarh à laquelle appartient Ould Awaïnatt sont soupçonnés d’être mêlées au trafic de drogue.

 

Le document a mis en accusation avec un luxe de détails, un ancien-ministre d’ATT lié au MUJAO et au blanchiment d’argent du crime organisé. Il a aussi indexé des «barons» du système ATT qui auraient corrompu une bonne partie de l’appareil sécuritaire du Mali grâce à la complicité active d’un Commandant des Douanes introduit auprès des chancelleries occidentales.

 

Les soupçons quant au rôle joué par AQMI sont également évoqués à l’exemple des liens entre la «Katiba» d’Abou Zeid, à l’époque principal chef d’AQMI au Nord et un groupe de narcotrafiquants d’origine berabich de la région de Tombouctou.

 

Ce groupe est communément appelé localement les «colombiens». Chacun de ses «barons» aurait selon le document confidentiel, constitué une équipe d’hommes armés pour assurer l’acheminement sécurisé de cargaisons de drogues. Il faut dire que ces hommes armés, plutôt ces milices, ont joué un rôle décisif dans l’entrée triomphale des rebelles, pour la plupart des combattants d’AQMI dans la ville de Tombouctou au lendemain de la chute des villes de Gao et de Kidal.

 

Un autre exemple est cité dans ce document confidentiel : la «Katiba» de Ahmada Ag Mama alias Abdou Karim Targui qui a rejoint un temps Iyad Ag Aly, le chef du mouvement Ansar-Eddine avec des Touaregs et des arabes maliens. Iyad Ag Aly régnait en potentat sur la région de Kidal, région d’où la plupart des barons de la drogue partent pour l’Algérie où ils bénéficient de l’amnistie accordée aux repentis des groupes djihadistes, indique le document. Dans les escortes de convois de drogue et d’armes, ces groupes armés ont bénéficié de l’appui de «bandits d’origine Kounta» qui imposent des droits de péage partagés avec AQMI et Ansar-Eddine.

 

A Suivre…

 

Source : www.mecanopolis.org

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