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La DG de l’APEJ, Mme MAIGA Sina Damba : «Nous allons utiliser tous les moyens légaux pour récupérer les fonds prêtés par l’APEJ»

Mme la Directrice Générale de l’APEJ, pouvez-vous nous présenter votre Agence?

Mme Maïga Sina Damba: L’Agence pour la Promotion de l’Emploi des Jeunes (APEJ) est un Etablissement Public à caractère Administratif créé par la Loi n°03-031/AN-RM du 25 Août 2003. Son organisation et ses modalités de fonctionnement sont fixés dans le Décret N°03-380/P-RM du 19 Septembre 2003, modifié par les Décrets N°06-030/P-RM du 24 Janvier 2006 et N°08-175/P-RM du 27 Mars 2008. Pour assurer l’atteinte des objectifs assignés à l’APEJ, l’Etat a créé, à travers la Loi n°03-032/AN-RM du 25 Août 2003, le Fonds National pour l’Emploi des Jeunes (FNEJ).

 

L’organisation et les modalités de gestion du FNEJ sont fixés par le Décret n°03-381/P-RM du 19 Septembre 2003, modifié par le Décret N°08-176/P-RM du 27 Mars 2008), qui confie l’administration du Fonds à un Comité Technique d’Orientation et de Contrôle (CTOC) présidé par le Ministre en Charge de l’Emploi.

 

Depuis la Loi n°08-020 du 22 juillet 2008, instituant la Taxe Emploi Jeunes et affectant son produit au FNEJ, l’essentiel des activités de l’APEJ est mis en œuvre à travers les ressources du FNEJ.

 

Placée sous la tutelle du Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, l’APEJ est dotée de la personnalité juridique et de l’autonomie de gestion. Sa mission principale est de concourir à la création d’emplois pour les jeunes, hommes et femmes, de 15 à 40 ans, en milieu rural ou urbain, en facilitant leur accès au marché du travail et au crédit.

L’objectif global du Programme Emploi Jeunes (PEJ), exécuté par l’APEJ, est de contribuer au développement économique et social du Mali en offrant aux jeunes de 15 à 40 ans le maximum de possibilités d’emploi, tant dans le domaine de l’emploi salarié que de l’emploi indépendant.

 

L’APEJ a connu un premier PEJ couvrant la période 2004 – 2008. Un second PEJ (2011 – 2015) a été adopté par le Conseil des Ministres au cours de sa session ordinaire du vendredi 29 avril 2011.

 

Parmi les missions qui vous sont assignées, figure en bonne place l’emploi des jeunes. Pourquoi votre structure est-elle peu visible dans ce domaine?

Mme Maïga Sina Damba: Je crois que vous vous intéressez  peu aux activités de l’APEJ, sinon il est difficile de rencontrer un jeune diplômé ou un chercheur d’emploi qui n’ait pas entendu parler de l’APEJ dans le domaine de la recherche d’emploi ou de l’insertion socioprofessionnelle.

 

Les actions de communication sont quasi-permanentes, même si, l’année dernière, la crise du Nord et ses conséquences ont un peu impacté nos actions. Nous avons assisté à la réduction du budget des différents services de l’Etat, qui était pratiquement alloué aux efforts de guerre. L’APEJ a également une vocation agricole, c’est-à-dire qu’elle finance des projets agricoles.

 

L’installation récente de 40 jeunes à l’Office du Niger (qui viennent s’ajouter à une centaine de jeunes déjà installés par l’APEJ) est là pour témoigner de la vivacité de nos actions à l’endroit de la jeunesse.

 

Nous avons signé aussi des Conventions de partenariat avec les Ecoles de formation telles que l’ENI et l’IPR de Katibougou sur l’approche Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO), qui constitue un véritable outil de développement économique local pour nos populations, d’où la nécessité d’intégrer cette approche dans les programmes d’investissements publics de l’Etat en infrastructures.

 

Le lancement du volontariat de 3000 jeunes, cette année, dans les structures d’accueil telles que l’Administration, les ONGs, les Organisations faîtières, etc., est une des actions d’envergure de l’APEJ à l’endroit de la jeunesse. Comme vous le voyez, l’APEJ ne cesse de travailler pour les jeunes, car c’est sa mission essentielle.

 

Peut-on savoir le nombre d’emplois créés depuis la naissance de l’APEJ ?

Mme Maïga Sina Damba: L’APEJ n’a pas vocation à créer des emplois. L’APEJ crée plutôt les conditions de création d’emploi pour les jeunes à travers le volontariat, les stages de qualification, les stages de formations, qui sont des créneaux porteurs de création d’emplois.

 

Il faut qu’on le comprenne bien, l’APEJ n’a pas vocation à créer des emplois ou à donner du travail aux jeunes.

 

Vous intervenez également dans le financement de projets en faveur des jeunes. Peut-on connaître les grands projets déjà financés, leurs impacts sur l’emploi des jeunes et la situation en matière de remboursement des prêts?

Mme Maïga Sina Damba: A ce niveau, il faut noter deux choses: la première, c’est que l’APEJ finance tous les projets des jeunes, à part dans le secteur du transport, et la deuxième, c’est que nos ressources proviennent principalement du contribuable malien.

 

Il s’agit principalement de la Taxe Emploi Jeunes, dont nous disposons par une Loi. C’est une contribution forfaitaire qui constitue près des 2/3 de nos ressources, soit plus de 21 milliards de FCFA.

 

La contribution des jeunes et des Collectivités s’élève à près de 1.5 milliard, soit 3.78%. Celle du Patronat à 935 millions, soit 2.24%; et celle des Banques et autres Institutions est de 3.622 milliards, soit  9,39%. Quant aux remboursements, ils sont estimés pour la même période à un revolving de 2,67 milliards, soit 6,93%.

 

L’APEJ a financé plusieurs projets, pour plusieurs milliards de nos francs, qui sont très peu remboursés, soit 4%, par les jeunes. Cet état de fait a handicapé le financement de projets d’autres jeunes.

 

C’est pourquoi nous menons actuellement des actions de sensibilisation auprès de ces jeunes pour le remboursement des prêts. Nous sommes conscients de la situation actuelle du pays, avec les effets négatifs de la crise qu’il a traversée sur tous les secteurs et segments de l’économie nationale (l’APEJ n’y a pas  échappé), mais je puis vous dire que nous allons récupérer ces fonds par tous les moyens légaux.

 

Il faut rappeler que les Banques ont  pris des risques en nous accompagnant et qu’elles ne sont pas prêtes à voir leurs investissements sans retour.

 

Avez-vous entrepris des démarches dans ce sens?

Mme Maïga Sina Damba: Je parlais tantôt des actions de sensibilisation qui sont menées présentement. Il y a eu tout d’abord des missions de suivi de la Direction générale, pour plus d’information, d’animation et de sensibilisation à l’endroit des bénéficiaires.

Ensuite, il y a eu des appels téléphoniques pour rappeler les échéances et nous avons convoqué certains bénéficiaires pour leur expliquer notre volonté de rentrer en possession des fonds à eux alloués. Mais, pour plus de cohérence et de suivi dans nos actions, nous avons mis en place une Commission de recouvrement, présidée par le représentant du Trésor public à notre niveau, notre Agent Comptable. Cette Commission est déjà à pied-œuvre.

Par ailleurs, un sketch de sensibilisation sur le recouvrement des créances sera bientôt diffusé sur l’ORTM, pour appeler les jeunes bénéficiaires à s’acquitter de leurs dettes. Il faut que nous comprenions tous que nous sommes interpelés devant l’histoire et que, plus que jamais, nous sommes redevables vis-à-vis du contribuable malien et devant les autres jeunes, ceux qui attendent d’être financés à leur tour et qui n’ont rien fait pour ne pas pouvoir bénéficier de financements.

Il faut que les bénéficiaires des projets remboursent leurs prêts pour la pérennisation du financement en faveur des jeunes.

 

Pensez-vous que l’APEJ a encore de beaux jours devant elle?

Mme Maïga Sina Damba: L’APEJ est une jeune agence et, après presqu’une décennie d’activité, nous constatons que l’emploi des jeunes demeure encore et toujours un problème crucial dans notre pays, comme dans tous les pays du monde, dans un contexte de crise économique généralisée.

 

L’APEJ a déjà énormément fait par rapport à l’insertion des jeunes dans le milieu professionnel, qu’ils soient diplômés ou non. Il reste encore beaucoup à faire pour aider  la jeunesse qui est la relève de demain, donc l’avenir du Mali.

J’arrive à un moment-clé à la tête de la structure, après l’évaluation et l’audit de l’Agence et le démarrage de la deuxième phase du Programme Emploi Jeunes (PEJ II), montrant que l’APEJ a contribué aux efforts de développement  du pays à travers la lutte contre la pauvreté et la promotion de l’emploi des jeunes.

 

Il me revient donc d’en tirer les conclusions, afin de rendre notre action encore plus efficiente avec, en perspective, l’insertion ou la réinsertion de nos populations déplacées du Nord, constituées en majorité de jeunes.

L’APEJ est l’organe le mieux indiqué pour cela, puisqu’elle est à la fois une structure d’encadrement, de formation, de suivi, de financement et / ou de garantie pour les jeunes porteurs de projets.

 

 

Elle continuera donc à jouer son rôle, en renforçant davantage l’employabilité des jeunes, en développant chez eux l’esprit d’entreprise, en donnant une place de choix à l’emploi rural et en continuant le financement de projets viables.

Mais nous allons changer d’approche, en étant plus regardants sur les critères de sélection et de suivi des promoteurs, afin de faciliter le retour des fonds qui seront désormais déboursés.

 

 

C’est vous dire que l’APEJ est aujourd’hui plus que jamais un instrument important dans la mise en œuvre de toute politique de lutte pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté, qui passe par la résorption du chômage, phénomène très important dans la frange la plus sensible et la plus vulnérable de la population que sont les jeunes.

 

 

 

Les faiblesses de votre structure sont-elles d’ordre institutionnel, financier ou conjoncturel?

Mme Maïga Sina Damba : Principalement d’ordre institutionnel et financier. Je m’explique. Il existe une faiblesse institutionnelle dans le cadre de notre autonomie de mouvement, au motif que, pour tout contrat qui dépasse 10 millions de FCFA, il nous faut obtenir l’aval du Ministère de tutelle pour signer, quand bien même nous sommes un EPA.

Nous sommes aussi face à une faiblesse financière, parce que nous dépendons de la Taxe Emploi Jeunes, que nous peinons souvent à mobiliser, alors que les attentes sont grandes. Le financement des projets des jeunes, les travaux à Haute Intensité de Main d’œuvre (HIMO), les allocations des jeunes volontaires et le stage de qualification sont financés par cette taxe.

 

Mme la Directrice Générale de l’APEJ, quel est votre mot de la fin?

Mme Maïga Sina Damba: Je vous remercie pour cette interview, qui nous permettra de mieux informer nos concitoyens, sur toute l’étendue du territoire, par rapport aux mesures que les plus hautes autorités du Mali prennent afin de promouvoir le bien-être de chacun de nous.

 

Encore merci de m’avoir donné l’occasion de mieux faire connaitre l’APEJ. Je souhaite qu’à travers cet entretien les jeunes du Mali, ceux de l’intérieur comme ceux de la diaspora, comprennent qu’ils disposent d’une structure à même de les aider à se prendre en main, pourvu qu’ils y croient eux-mêmes et qu’ils aient la volonté réelle de réussir.

 

Mon dernier mot sera un mot de paix. Je prie Allah Le Tout Puissant pour que la paix se consolide au Mali, surtout au Nord, afin que l’APEJ puisse y continuer ses actions en faveur des jeunes.

 

Propos recueillis par Chahana Takiou  

Source: 22 Septembre

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