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La déculottée du gouvernement par le CNT continue de faire des vagues : Le Premier ministre entre lamentation et résignation

Une vidéo du Premier ministre Choguel Kokala Maiga, dénonçant la loi électorale adoptée par le CNT et promulguée par le Président de la transition, devenue désormais virale sur les réseaux sociaux, continue d’alimenter les débats sur les différentes plates formes, dans les salons feutrés et autres bureaux et ateliers. Le premier ministre dans cette courte vidéo, sans détour et avec véhémence, critique la loi électorale telle qu’adoptée par le CNT, pourtant considérée par une écrasante majorité de la classe politique comme une loi inclusive, consensuelle et opérante, débarrassée de tous les germes de la division de l’exclusion et du clanisme. Au lieu de rendre le tablier après cette déculottée, le PM continue à faire feu de tous bois, tout en se victimisant auprès de l’opinion nationale. Pourquoi le PM n’a pas rendu sa démission et celle du gouvernement après ce désaveu cinglant ? Assimi Goïta, sachant bien que sa tête est réclamée par une frange importante de la classe politique, va-t-il continuer à garder un PM qui ne peut plus rassembler les forces vives de la nation autour des réformes ?

 

C’est à une diatribe vexatoire contre le parlement de la transition que le PM Choguel K Maiga s’est livré, tirant à boulet rouge et sans sommation sur le Conseil National de transition, CNT qui aurait totalement défiguré avec plus de 29 amendements et 80 pages la loi électorale, selon le PM. Pour lui, un tel acte entrainerait la démission immédiate du gouvernement, ce qui provoquerait une crise institutionnelle. Il a déploré le fait que l’ORTM, la télévision publique soit mobilisée pour l’adoption d’un projet de loi et de renchérir que la chaine nationale n’est généralement mobilisée que pour la déclaration de politique générale du gouvernement, les interpellations, les questions d’actualité et les motions de censure. Pour Choguel K Maiga, c’est fait à dessein pour non seulement humilier le gouvernement, mais aussi et surtout le pousser à la sortie. Le PM reconnait que dans le système démocratique normalement le lendemain d’une telle adoption le gouvernement devrait partir, mais il dit savoir ce qui est recherché, c’est la création d’une crise institutionnelle pour que l’embargo soit poursuivi. Au Premier ministre de conclure que ceux qui ont organisé cette cabale contre le gouvernement pourrait gagner la bataille, mais ne gagneraient jamais la guerre du changement et d’affirmer qu’il ne démissionnerait pas et que quel que soit les difficultés et les sentiments d’humiliation il faut résister.

En décryptant cette courte vidéo du PM on y tirera trois leçons. La première est que le PM est dans une impasse totale et pour la énième fois il veut susciter une polémique stérile nous faisant oublier l’essentiel, que sont les réformes en cours, la lutte contre l’insécurité et surtout celle contre la vie chère. Pour détourner l’opinion vers des futilités, le PM, comme à son habitude, crée une crise en mettant dos à dos deux institutions, le gouvernement et le parlement, pourtant complémentaires.

La deuxième leçon est que le PM a fini de jouer toutes ses cartes, il n’a plus de solutions à proposer, il ne peut plus rassembler les maliens, ce qui lui reste c’est la cherche désespérée des soutiens, pour non seulement se victimiser, mais aussi et surtout pour avoir le soutien de l’opinion, au cas où il sera débarqué du gouvernement. Pour preuve des vidéo-mans sont payés à la tâche pour aller organiser des sondages en des lieux acquis à sa cause et faisant croire à Assimi Goïta qu’il est indispensable et que c’est lui seul qui le protègerait contre ses adversaires. Cette façon de faire semble montrer ses limites, car les défis sont énormes pour cette tragi-comédie d’une autre époque.

La troisième leçon est que le Président Assimi semble avoir carte blanche pour prendre la décision qui s’impose aujourd’hui. Car après cette autre sortie ratée du PM, le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a désormais la lourde responsabilité d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Il doit mettre fin à la mission de ce gouvernement qui a montré toutes ses limites à conduire l’administration de la transition vers les réformes et des élections crédibles, transparentes et dont les résultats seront acceptés par tous les acteurs. Sachant bien que le premier ennemi de la transition reste le temps, le Président de la transition est fortement attendu pour mettre fin à ces spectacles à la fois désolant et antiprogressiste.

Youssouf Sissoko

Source : L’Alternance

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