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La chute des cours de l’or va pousser à la fermeture de mines

Boubou Cisse ministre industrie mine

VANCOUVER (Reuters) – Après une baisse de près de 60% en trois ans, le cours de l’or se rapproche du seuil critique qui déclenchera une nouvelle vague de réduction de la production, voire des fermetures de mines.

Plusieurs mines dans le monde ont déjà suspendu leur production au cours des 18 derniers mois mais elles ne sont pas aussi nombreuses à l’avoir fait que les spécialistes du secteur ne l’attendaient, les exploitants ayant réduit leurs coûts tout en se concentrant sur l’extraction de minerai à haute teneur.

Ces lignes de défense risquent de ne plus suffire alors que le cours de l’once d’or est retombé jeudi à un plus bas de neuf mois à 1.206,85 dollars.

“Mille deux cents dollars est un seuil critique. L’industrie s’est organisée autour de ce seuil”, relève Joseph Foster, gérant chez Van Eck Global, l’un des actionnaires majeurs de Barrick Gold et Goldcorp qui est également présent au tour de table de nombreux autres grands producteurs d’or.

“Si le cours de l’or tombe sous ce seuil, il y a un grand nombre de mines dans le monde qui vont vraiment connaître des difficultés.”

Producteurs comme investisseurs, qui ont déjà subi une chute des deux tiers de la capitalisation boursière du secteur depuis septembre 2011, n’ont pas grand chose à espérer de nouvelles réductions de production, ni d’éventuelles fermetures de mines.

Ces mesures pourraient pourtant intervenir plus rapidement et plus largement que lors du précédent cycle baissier dans les années 1990, les producteurs ne s’étant cette fois-ci pas couvert contre le risque de chute des cours en vendant à terme à un prix fixé à l’avance.

Environ 129 tonnes, soit une très petite fraction de la production totale, faisaient l’objet d’une couverture fin juin. Dans les années 1990, les couvertures portaient sur environ 3.000 tonnes d’or. Elles sont passées de mode depuis, les producteurs qui s’étaient couverts n’ayant pu pleinement profiter de la hausse du métal jaune entre 2000 et 2012.

“EFFRAYANT, TERRIBLE”

En réponse à la chute des cours, les producteurs d’or ont ramené le coût global de production d’une once d’or à 1.350 dollars en moyenne au premier semestre de cette année, contre 1.696 dollars l’année dernière, selon les estimations du cabinet spécialisé sur les métaux GFMS, filiale de Thomson Reuters.

Dans une étude publiée le mois dernier, Citibank considérait pourtant qu’avec un coût global de 1.331 dollars l’once, 40% des producteurs d’or perdraient de l’argent.

Avec un cours de l’once à peine supérieur à 1.200 dollars, “combien vont se réveiller en disant : ‘c’est un cours effrayant, terrible et nous ne pouvons pas survivre à ce cours?'”, s’est interrogé Doug Pollitt, du courtier éponyme, lors du Denver Gold Forum, qui s’est tenu la semaine dernière.

Les participants à cette grande messe annuelle de l’industrie étaient réticents à désigner les mines qui pourraient réduire leur production voire fermer mais celles qui ont les coûts de production les plus élevés semblent les plus exposées.

Le coût global de soutien (AISC) de la mine de Yatela, au Mali, exploitée par Iamgold et AngloGold Ashanti, atteignait 1.910 dollars l’once sur avril-juin. Les activités d’extraction y ont été interrompues en 2013 en raison de coûts élevés et de la baisse des cours de l’or, le stock de minerai continuant toutefois d’être traité.

“Cette année, comme les cours demeurent inférieurs à 1.300 dollars l’once, nous envisageons d’arrêter l’approvisionnement des stocks en minerai et de continuer simplement à traiter le minerai déjà sur les aires de lixiviation, jusqu’en 2016”, a déclaré Bob Tait, porte-parole de Iamgold dans un courriel.

St Barbara Ltd, qui exploite la mine de Simberi en Papouasie-Nouvelle-Guinée dont l’AISC ressortait au deuxième trimestre à 2.039 dollars l’once, a mis en place un programme d’ingénierie pour en améliorer la performance.

FACTEURS DE SOUTIEN

Dans une industrie connue pour son optimisme, nombreux sont ceux qui veulent se persuader qu’une forte diminution de la production facilitera la remontée des cours.

Mais comme l’or est aussi un actif financier moins attrayant en période de reprise de la croissance et d’anticipations de remontée des taux d’intérêt, certains investisseurs et dirigeants de groupes miniers estiment qu’une baisse de l’offre permettra au mieux aux cours de trouver un plancher.

“Les producteurs seront réticents à se lancer dans de nouveaux projets tant que les cours resteront inférieurs à 1.500 dollars”, explique Douglas Groh, gérant chez Tocqueville Asset Management.

“Dans deux ans, fin 2016, peut être en 2017 voire courant 2018, les marchés prendront conscience qu’il n’y a pas de nouvelles capacités de production mises en service (…) et les cours grimperont certainement”, pronostique-t-il.

Pour Chuck Jeannes, directeur général de Goldcorp, l’industrie est proche du “pic de l’or”, c’est à dire du niveau de production qu’elle ne pourra plus jamais dépasser en raison de la raréfaction des filons.

“Je ne pense pas que nous parviendrons un jour à extraire autant d’or qu’en 2015. C’est bon pour le cours de l’or”, a-t-il dit lors d’une interview.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)

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