Bannie en Europe à cause de la crise ukrainienne, la chaîne Russia Today veut installer des bureaux en Afrique. En Afrique anglophone, une installation au Kenya avait été évoquée. Du côté francophone, le Mali, la Guinée ou la Centrafrique pourraient accueillir le média financé par le Kremlin.
En Afrique du Sud, la chaîne Russia Today (RT) se prépare à installer des bureaux qui constitueront la base de son réseau pour l’Afrique anglophone. Les informations sur l’installation prochaine de ces premiers bureaux africains de la chaîne russe ont été communiquées par RT suite à des demandes d’informations de la presse internationale sur son activité africaine. « Nous nous concentrons actuellement sur l’installation, en Afrique du Sud, du centre de notre plateforme anglaise sur le continent africain », a révélé RT.
Le média a également annoncé que ce bureau sud-africain sera dirigé par Paula Slier. Ancienne journaliste du radiodiffuseur public sud-africain, elle coordonne depuis 2005 les services de RT ciblant le Moyen-Orient. Elle sera chargée de diriger les activités de la chaîne en Afrique anglophone depuis la nation arc-en-ciel où RT est de nouveau accessible. Dans la foulée des sanctions de l’Union Européenne, au début de la crise ukrainienne en février, le groupe audiovisuel sud-africain MultiChoice, principal opérateur de télévision payante du continent, a suspendu la diffusion de RT sur ses bouquets. La chaîne est redevenue accessible, en mai, sur les bouquets de l’opérateur chinois StarTimes.
Pour l’Union Européenne et les Etats-Unis, RT est l’un des principaux rouages de la machine de propagande du discours russe. Paula Slier, nouvelle responsable du bureau sud-africain de RT, avait reconnu en mars que la chaîne défendait le point de vue du gouvernement et ne l’a jamais caché. Par contre elle a rejeté les accusations de désinformation qu’elle juge « injustes et franchement insultantes ».
Le choix de RT de s’installer en Afrique n’est pas anodin. Le continent semble de plus en plus disposé à écouter le discours russe dans un contexte de montée du sentiment anti européen dans de nombreux pays. A ce propos, des pays comme le Mali, la Centrafrique et la Guinée pourraient servir de base pour le développement d’un service français de RT grâce à leur proximité avec le Kremlin.
L’Union Européenne et les Etats-Unis s’activent actuellement à freiner la croissance de l’influence russe en Afrique en limitant la percée médiatique du Kremlin. Pour la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, les médias russes « diffusent des mensonges pour justifier la guerre de Vladimir Poutine ». Plusieurs initiatives européennes, comme le Comité Diderot, mènent une guerre contre les médias russes. L’association veille notamment à empêcher la diffusion en Afrique de la version française de RT.
Si on peut, sans grand risque de se tromper, prédire des conflits entre RT Afrique du Sud et les Anglais de la BBC ou les Américains de la VOA, les interactions avec les médias chinois présents en Afrique seront intéressantes à observer.