Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a reçu en audience, dans l’après-midi du samedi, une délégation de la 3è promotion de l’Ecole de guerre de l’armée de terre du Nigeria. La délégation, composée de 42 officiers, quatre officiers généraux et trois colonels du corps de l’encadrement, était conduite par le commandant de l’Ecole, le général de division Ufotie Charles. Au centre des échanges, la coopération militaire transfrontalière pour la sécurité des personnes et de leurs biens dans la sous-région et en Afrique. Les élèves et leur encadrement, en fin de séjour au Mali, étaient venus s’imprégner de l’expérience malienne en matière de gestion participative et inclusive de la sécurité, la défense et du développement.
Le chef de l’Etat accorde un grand intérêt à ce voyage d’étude dont le thème est «la coopération militaire, facteur clé de la sécurité sous-régionale». Il est à rappeler que le Mali et le Nigeria sont confrontés à la menace terroriste depuis plusieurs années. «Ils sont confrontés à un ennemi invisible, mais qui est partout, qui se transporte par moto, à dos de chameaux de jour comme de nuit entre nous», a expliqué le chef suprême des Armées, ajoutant que «cette situation d’insécurité demande beaucoup de créativité, d’imagination, de résilience. Chaque fois que vous oubliez que nous sommes en guerre, vous vous exposerez».
Le président Keïta a évoqué également les torts causés par la secte Boko Haram au Nigeria, au Tchad, au Niger, au Cameroun, par Al-Qaïda au Mali, par Daesch au Moyen-Orient. « Notre espace, le Sahel, est devenu un lieu de passage et de déversions de ces forces vers le Sud, vers vous. Un lieu privilégié d’accueil, d’aguerrissement et d’agression contre nos pays. Un pays comme le Bénin qu’on croyait à l’abri a récemment fait parler de lui. C’est pourquoi, nous avons compris qu’il fallait désormais revoir nos concepts, revoir les mandats à vous confiés et comment nous organiser aussi dans l’espace sahélien. Nous avons compris que des pays comme le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina Faso étaient particulièrement exposés », a-t-il expliqué. Et le président de la République d’ajouter : «Quand on regarde la carte de la région, on voit la Libye.
Quand on sait que le Sud de la Libye est devenu un marché à ciel ouvert, on comprend le défi auquel vous êtes dorénavant confrontés et auquel nous devons faire face. Et c’est pour cela que nous avons regroupé dans une mutualisation intelligente nos capacités de défense, dans ce que nous avons appelé la Force conjointe du G5 Sahel, mais qui n’exclut pas du tout la coopération avec tous les pays voisins, tous les pays frères. En ce qui vous concerne, très tôt, le Nigeria a compris l’intérêt de la coopération transfrontalière avec un pays comme le Tchad et le Niger, d’où la force multinationale du lac Tchad. Ces deux capacités sous-régionales sont absolument indiquées parce que nous avons à faire à un ennemi qui appartient à une nébuleuse internationale qui vit des moyens de trafics (trafics de drogue, trafics d’êtres humains), qui a des ressources inépuisables, qui arrive à s’équiper en armes légères et en armes lourdes comme nos armées, qui n’a aucune de nos valeurs, qui n’a aucun respect pour la vie humaine, dès lors votre mission est une mission ardente, d’organisation, de circulation, d’intelligence tactique et d’intelligence également en terme de renseignements».
ÉCHANGE D’INFORMATIONS – Face à cette situation, le chef de l’Etat a précisé que la coopération entre nos pays est essentielle. «Il faut que nous échangions en matière stratégique. Il faut que nous échangions en matière tactique, d’informations au quotidien. Donc, votre tâche est devenue plus complexe, plus difficile, vous n’avez pas à faire à une armée conventionnelle, vous avez en face de vous une force invisible, elle pose des engins explosifs improvisés, sur vos chemins, elle rend difficile le ravitaillement des hommes d’où l’intérêt nouveau du vecteur aérien, pour réduire nos pertes sur nos chemins, sur nos routes et aussi permettre la protection plus rapide de nos éléments en cas de besoin. Que ce voyage ait lieu au Mali sous le thème de la coopération militaire a un sens profond, et vient à son heure car on a besoin aujourd’hui de partager les concepts, de partager les modes opératoires pour que l’opérationnalité soit possible et rapide entre nos éléments en cas de besoin. Aucun pays aujourd’hui ne peut être tout seul, nos destins sont liés», a souligné Ibrahim Boubacar Keïta.
Le chef d’Etat major général adjoint des Armées, le général Abdrahamane Baby, dira que le choix de l’étude sur le Mali est important puisque la gestion de la crise multidimensionnelle par nos autorités depuis 2012 au niveau national, sous-régional, international, les actions stratégiques de sortie de crise politique et militaire ont démontré l’importance d’une stratégie collective. «Notre pensée stratégique a toujours mis en avant l’esprit d’équipe. Un seul doigt ne peut pas prendre une charge, et c’est ensemble que les esprits se complètent harmonieusement pour une meilleure solution», a affirmé l’officier général.
Après avoir salué le leadership et l’hospitalité du chef de l’Etat, le chef de la délégation des élèves militaires du Nigeria, le général de division Ufotie Charles, a déclaré : « Nous sommes venus au Mali pour voir comment le Mali a fait pour faire face à cette situation et pouvoir également appliquer la même chose au Nigeria. Tous ces officiers et leur encadrement ont été collaboratifs. Ils sont contents de toutes les expériences acquises».
Source :
Présidence de
la République