Le trafic routier entre le Mali et le Burkina sur la route nationale 15 (RN15) à partir de la frontière de Koro a repris officiellement le 8 février 2021 à la faveur des accords locaux signés entre les communautés et l’implication des autorités administratives, politiques et coutumières des deux pays. De cette date à nos jours, le trafic se passe normalement sans incidents au grand bonheur des populations. Presque tous les usagers de cette route qui l’avaient abandonné soit à cause de l’insécurité ou à cause du sabotage des ouvrages routiers, qui avaient rendu la route impraticable, sont revenus.
Le marché local est bien approvisionné en denrées de première nécessité et les producteurs locaux parviennent à écouler leurs produits vers les pays comme le Burkina Faso, le Ghana, le Togo etc.Tous les secteurs économiques de la ville ont ressenti les impacts positifs de la reprise du trafic sur ce tronçon. De la vendeuse de légumes, en passant par le commerçant de céréales ou de bétail, tous reconnaissent que la reprise du trafic sur cette route leur a permis de souffler après plus d’une année d’interruption.
Si certains ont eu confiance pour reprendre le trafic sur le tronçon Koro-Burkina Faso, d’autres sont encore dans le doute quant à la sécurité des voyageurs et de leurs marchandises. C’est le cas de Issiaka Ouédraogo, vendeur de cuirs et peaux à Koro. Encore sceptique, il reconnaît solliciter les services d’intermédiaires en envoyant ses produits à des partenaires à Mopti, qui se chargent à leur tour de les exporter. Il reconnaît que ce détour est coûteux mais pour plus d’assurance, il procède ainsi.
Les transports en commun et les transports de marchandises sont permanents sur la route sans escorte militaire. Grâce aux accords conclu entre les communautés, il n’y a pas eu d’incidents et tous les acteurs locaux continuent de s’impliquer pour que le trafic ne soit plus interrompu sur ce tronçon.
C’est pourquoi, les transporteurs, les commerçants et les transitaires du Burkina Faso et du Mali qui opèrent sur ce tronçon, ont initié une cotisation volontaire pour réparer un pont saboté dans le village de Nommo au Burkina Faso au niveau duquel la déviation est impossible. Cet effort a permis d’assurer la continuité du trafic pendant l’hivernage. Selon Hassimi Dama, transitaire à Koro, l’argent cotisé a atteint plus de 3 millions de Fcfa et la réparation est en cours.
Le bureau de Koro est ouvert aux opérations de douane et de transit depuis le 8 février 2021. Si les objectifs assignés au bureau des douanes sont atteints, il faut tout de même reconnaître que les opérations sont quelques peu timides au niveau des bureaux de transit. Cette situation est la conséquence de la fermeture du bureau de Thiou (Burkina Faso) par la direction générale de la Douane du Burkina Faso pour cause d’insécurité.
Toute chose qui rend impossible pour le moment le transit international à partir de ce tronçon. Les autorités des deux pays doivent s’impliquer davantage pour l’ouverture du bureau de Thiou et la reprise du transit international sur cette route.
Mariam Sawadogo, vendeuse de fruits et légumes au marché de Koro reconnaît que l’ouverture de la route a été très salutaire pour elle mais aussi pour tous les usagers de la route Koro-Burkina Faso. Elle a souhaité la réparation avant l’hivernage du pont saboté de Bih (au Mali). Selon elle, les véhicules empruntent une déviation au niveau du pont sur une route latéritique. Avec l’hivernage, elle craint l’interruption du trafic routier au cas où les pluies seraient abondantes.
Après plus de trois mois, la reprise du trafic sur le tronçon Koro-Burkina Faso a permis de donner un nouveau souffle à l’économie locale. Cependant, la réparation du pont de Bih, l’implication des autorités pour l’ouverture du bureau de Thiou (Burkina Faso) et la mise en confiance des usagers qui sont encore réticents à emprunter ce tronçon doivent être des priorités.
Moussa NIANGALY
Amap-Koro