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KLEPTOMANIE FINANCIERE : Le Fmi veut des comptes sur les procédures illégales et les surfacturations

Après les journaux, les hommes politiques, les députés de l’opposition et une frange importante du peuple malien, c’est au tour du Fonds monétaire international (Fmi) de s’insurger pour demander des comptes à IBK. Tout ce beau monde ne peut pas se tromper en même temps et on ne peut faire passer tous ces marchés de gré à gré sous le parapluie de l’article 8 du Code des marchés publics pour prétexter de la confidentialité afin de violer la loi, constamment.

 

ibk president republique mali

 

Comme nous l’annoncions dans notre édition précédente, le Fmi menace de suspendre sa collaboration avec le Mali si ce dernier ne revenait pas sur l’achat d’un deuxième avion présidentiel. Deuxième avion, c’est bien de cela qu’il s’agit car l’avion laissé par ATT,
immatriculé au nom de l’armée malienne sous le numéro TZ 001, est bien disponible et fonctionnel. Les arguments distillés par le pouvoir, comme quoi cet avion n’a ni papier ni qualité technique pour voler, relèvent du pur mensonge pour couvrir cette nébuleuse opération d’achat d’un Boeing 737-700.
Comme nous l’avons démontré aussi dans notre parution précédente, il y a eu une violation du Code des marchés publics et les principes de base de la gestion des finances publiques ont été foulés aux pieds par –paradoxalement- des donneurs de leçons qui ont déclaré que l’année 2014 est celle de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. De ce côté-là, cela débute vraiment très mal pour eux.
Outre la procédure qui divorce d’avec toute règle de transparence de gestion des affaires publiques, il y a beaucoup de doutes autour du véritable prix de l’avion. D’abord parce que le président IBK, qui avait laissé entendre 17 milliards FCFA, a été contredit par son Premier ministre qui a confié aux députés, lors de la Déclaration de politique générale, que l’opération a coûté 20 milliards au Mali. Il a aussi reconnu qu’il a fallu s’endetter au niveau de la Bdm-sa pour réaliser cette opération au sujet de laquelle il n’y avait ni crédits programmés ni liquidité disponible.Cette contradiction entre le chef d’Etat et son PM est révélatrice de la gêne qui les envahit lorsqu’il s’agit de parler de cette affaire. C’est vrai que ce qui ne se conçoit pas bien ne peut être énoncé clairement.
Dès lors, le doute est permis et se trouve renforcé par le fait que les ressources du Mali engagées pour acquérir cet avion vieux de 15 ans, pouvaient permettre d’acquérir un avion neuf du même type. Surtout qu’on est loin des 20 milliards FCFA annoncés, si l’on y ajoute les intérêts de la banque fixés à un taux de 8,5%. Sans compter les histoires de commissions et autres dépenses de réaménagement qui pourraient encore intervenir. Cette histoire n’a pas encore révélé la réalité sur les sommes englouties dans cette opération. Les prix catalogue des Boeing 737 varient de 50 à 85 millions de dollars selon les modèles.

American Airlines, Lufthansa , Southwest Airlines, United Airlines , US Airways et Ryanair sont les plus gros clients de Boeing pour ce type d’appareil. Mais ce prix catalogue n’est qu’indicatif, à titre commercial. Selon le spécialiste français en économie et finance, La Tribune, « si les remises varient en fonction du type d’avions commandés, d’un constructeur à l’autre, d’une compagnie à l’autre également (si elle est considérée comme stratégique, s’il elle est ou pas une compagnie de lancement d’un nouvel appareil essuyant les plâtres…), elles tournent plutôt autour de 40 % environ, mais peuvent aller jusqu’à 55 % pour les très grosses commandes ».
Si l’on sait donc qu’avec moins de trente milliards FCFA le Mali pouvait se doter d’un avion neuf, l’on ne peut s’empêcher de se demander encore, et encore, ce qui a bien pu motiver nos autorités dans cette opération.
On a beau essayer d’embarquer le peuple malien dans des explications à la fois fantaisistes et ubuesques, il se trouvera toujours des gens, bien informés, pour ne pas se laisser distraire par les explications cahoteuses servies par-ci et par-là par les communicateurs du pouvoir et le Premier ministre. C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la réaction du Fonds monétaire international (Fmi) qui veut des comptes et menace de suspendre sa collaboration avec le Mali si notre pays ne revenait pas sur cet achat d’avion.
Mais c’est surtout le marché d’armement qui a le plus fâché des partenaires du Mali dont le Fmi. D’abord de 70 milliards FCFA en gré à gré, le montant a été porté à 108 milliards FCFA à la suite d’avenants. Une simple convention signée entre le ministre de la Défense et la société Guo Star a suffi pour cela.
Du côté de Koulouba on a tenté de nier l’existence de ce marché, allant jusqu’à faire dire à des journaux de la place que la convention dont Le Sphinx avait publié des pages était du faux. C’était un montage, selon eux. Mais quelques semaines plus tard, lorsque nous avons apporté plus de preuves à nos informations, le marché de gré à gré que l’on disait ne pas exister, a été reconnu. Diantre ! Pourquoi donc nier au départ si l’on n’a rien à se reprocher ? Un régime qui fait de la cachoterie avec l’argent du contribuable n’est pas digne de porter la confiance du peuple. Mais passons…
Aujourd’hui, on reconnaît que cette convention existe bel et bien et le président de la République, dans l’interview accordée à Jeune Afrique de cette semaine, accepte finalement la réalité de ce marché scandaleux, disons même ce délit d’initié, mais se justifie que Guo star est une société sérieuse et qui a de l’expertise en la matière. Ce que nous n’avons jamais dénoncé, parce que nous savons que le propriétaire de Guo Star, Amadou Bayiba Kouma, a du métier à revendre dans ce domaine. Mais c’est la procédure de gré à gré qui pose problème, surtout que le signataire de la convention portant fourniture de ces équipements militaires, au nom de Guo star, n’est autre que Sidi Mohamed Kagnassy qui est aussi le conseiller particulier du chef de
l’Etat. Il ne peut y avoir de transparence avec de tels procédés. En d’autres termes, dès lors, le doute est semé dans les esprits.
Par ailleurs, nous avions aussi dénoncé la surfacturation dans ce marché et pour éclairer nos lecteurs afin qu’ils puissent mieux apprécier la situation, nous rediffusons l’article en question intitulé : « Marché de 69 milliards FCFA attribué de gré à gré à Sidi Kagnassy : flagrant mensonge d’Etat » paru le 28 février dernier.
Si le Fmi a finalement réagi, c’est parce que le régime IBK devient récidiviste en matière de marchés de gré à gré scandaleux. C’est comme si on saccageait les ressources financières du pays. En effet, le Fmi sait bien que cette kleptomanie financière est à la base de la démission de l’ex-Premier ministre, Oumar Tatam Ly, qui avait demandé un remaniement ministériel pour faire partir le ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye Maïga et la ministre de l’Economie et des Finances, Mme Boiré Fily Sissoko, après avoir découvert des marchés de gré dont le montant cumulé avoisinait la centaine de milliards de nos francs. Cela impliquait ces deux ministres. Ces deux ministres n’avaient pas voulu reconnaître les faits, mais ils ont été confondus par les preuves que détenait Oumar Tatam Ly, qui était toujours contourné par ces deux ministres.
Mais en guise d’arbitrage, IBK avait demandé le temps d’y voir clair. Mais pschitt… ! D’où le principal mobile du départ de l’ex-Premier ministre qui a préféré retourner à ses fonctions de banquier plutôt que de cautionner pareils actes. Moussa Mara en ferait-il autant ? Vu la façon dont ce dernier démarre, il est difficile de répondre par l’affirmative.
A coup sûr, cette kleptomanie financière rattrapera les membres du régime IBK qui commencent à chanter aux Maliens que nul n’est au-dessus des lois. C’est aussi l’occasion de rappeler que le FMI finance dans le pays un programme de facilité de crédit de 20 milliards de francs CFA (environ 30 millions d’euros), sur trois ans. Lancé en décembre dernier avec un premier décaissement de 4,4 milliards de francs CFA (plus de 6 millions d’euros), ce programme prévoit des missions de contrôle régulières, pour que le FMI
puisse s’assurer que les engagements pris par Bamako sont respectés. Notamment en termes de bonne gouvernance. Affirmer avoir acheté un avion à 20 milliards alors qu’il en a coûté que la moitié, voilà ce qui a énervé le FMI qui en connait le véritable prix. Ce marché malodorant sent à mille lieues la magouille et la kleptomanie financière. Et surtout n’oublions pas que c’est quand IBK était Premier ministre qu’on a mis en place les fondements juridiques de la corruption au Mali.
A.Dramé

Sphinx

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