Malgré la signature des accords pour la paix et la réconciliation qui garantissent l’intégrité territoriale du Mali, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) affiche son projet d’indépendance de l’Azawad.
En effet, la CMA a célébré, le 17 janvier 2017, le 5ème anniversaire du début de la « révolution » sur la place publique de Kidal (photos). Cette célébration est intervenue à la veille de l’attaque très meurtrière contre le centre de regroupement des hommes du mécanisme opérationnel de coordination (MOC), dont fait partie la CMA. Ces festivités sont d’ailleurs une tradition puisque chaque année, depuis 2012, le groupe indépendantiste MNLA et ses alliés de l’heure organisent une fête commémorative du début de la « révolution », c’est-à-dire de l’insurrection indépendantiste armée contre l’Etat malien.
Déclarations séparatistes
Cette année, plusieurs activités étaient au menu, notamment une marche suivie d’un meeting. Devant, les populations parées de drapeaux de l’« Etat de l’Azawad » (eh oui!), plusieurs responsables de la CMA se sont succédé au micro pour réclamer l’indépendance du nord-Mali. Tous les orateurs qui se sont exprimés lors du meeting ont rappelé « l’objectif premier » de la lutte engagée par le MNLA le 17 janvier 2012: l’indépendance de l’Azawad. « Quelles que soient les difficultés, il ne fait aucun doute que notre peuple concrétisera ses plus chères aspirations, c’est-à-dire l’indépendance », a martelé avec force un orateur sous les acclamations du public.
Au cours de la célébration, le drapeau de l’Azawad fut solennellement hissé sur le mât à Kidal, en présence des dignitaires du MNLA et de la CMA. Une parade des enfants, des femmes et des militaires fut organisée dans les rues de la ville.
L’indépendance malgré l’accord
En plus de la célébration du début de leur offensive contre l’Etat malien et de la déclaration d’indépendance qu’ils ont adoptée en 2012, les rebelles de Kidal multiplient les actes de sabotage du processus de paix auquel ils prétendent pourtant adhérer. En effet, les leaders de la CMA ne manquent jamais l’occasion de réclamer l’indépendance de leur territoire ou de se comporter en autorités publiques indépendantes. Ainsi, au cours d’un entretien accordé à nos confrères de « Jeune Afrique », Bilal Ag Chérif, le secrétaire général du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), a déclaré qu’il fallait rendre réelle « l’administration du territoire de l’Azawad par les Azawadiens ».
De plus, le 12 janvier 2017, lors d’une assemblée générale d’information tenue à Kidal sous la direction du président en Exercice de la CMA, le député Alghabass AG Intalla, assisté des autres secrétaires généraux de la CMA, les rebelles ont posé un autre acte de provocation. Au cours de cette rencontre, la CMA a accusé le gouvernement d’avoir pris des décisions de façon unilatérales et en contradiction avec l’esprit et la lettre de l’Accord. Intalla a cité, entre autres, la relecture du Code des collectivités territoriales, la mise en place de la commission de révision constitutionnelle, le recrutement des agents des antennes régionales de la Commission Vérité et Réconciliation, la mise en place des Agences de Développement Régionales, la signature des contrats-plans entre le gouvernement et des « acteurs fictifs » au nom des autorités Régionales, la fixation des dates et la tenue d’élections communales dans les régions où est prévue la mise en place des autorités intérimaires. A l’issue de cette assemblée, la CMA a fait une déclaration dans laquelle elle a lancé un appel aux partenaires techniques et financiers pour la réhabilitation et le fonctionnement des services sociaux de base et infrastructures administratives pour l’amélioration du niveau de vie des populations qu’elle dit administrer. On voit bien que la CMA s’adresse directement aux partenaires techniques et non à l’Etat du Mali. Comme si l‘ »Azawad », malgré les accords de paix signés, ne dépendait plus de l’Etat malien!
Les actions séparatistes de la CMA sont couronnées par le slogan affiché dans le compte twitter officiel de ce groupe rebelle. Sur la page d’accueil de ce compte apparaît le drapeau de l’Azawad sur lequel on peut clairement lire: « On doit s’armer de courage pour voir un jour l’Azawad libre, juste et indépendant ».
A quoi servent les accords de paix ?
La question qui se pose à présent est la suivante: comment et pourquoi poursuivre des négociations avec des rebelles qui, au lieu de déposer les armes, célèbrent en grande pompe la date à laquelle ils ont lancé l’offensive contre le pays au prix de centaines de soldats maliens tués ? En tout cas, les actes posés et les différentes déclarations des leaders de la CMA rendent illusoire le processus de désarmement des combattants et de retour de l’Etat malien au nord.
Abdoulaye Guindo
Source: proces-verbal