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Kidal: le silence tonitruant

Ni l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, ni le Pacte d’honneur de cessez-le-feu, signé par les groupes armés de la Plateforme et de la CMA à Anéfis, ni l’Entente de Niamey, encore moins la médiation de l’État malien n’ont eu raison des antagonismes et des prétentions de l’un ou de l’autre des mouvements. Ce qui laisse croire que l’équation Kidal est presque intacte dans une certaine indifférence.

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L’usure du temps, les atermoiements, la tartufferie de certains commencent à déplacer le centre d’intérêt de Kidal vers d’autres priorités avérées ou supposées plus prégnantes.
Pourtant le silence des armes à Kidal, en tout cas pour ce qui est des affrontements directs entre la Plateforme et la CMA, n’est pas nécessairement un bon présage. Parce que face à l’échec de la communauté internationale (qui se résume à quelques puissances) à ramener la paix, des pays voisins et même de l’État, l’alternative pour les groupes armés est de prendre leur destin en main et de régler le problème de la gestion de Kidal, parce que c’est de cela qu’il s’agit, avec les moyens en leur possession. Il n’est pas besoin de faire un dessin à quelqu’un pour comprendre que lesdits moyens laisseront la place à un épanchement du cœur.
Le pire est que l’on assiste impuissant à un scénario catastrophe qui pourrait remettre en cause les acquis de dix mois de pourparlers ayant engendré un Accord que beaucoup considèrent comme le meilleur possible. Donc porteur d’espoir d’un Mali où il ferait bon vivre. Mais comment en est-on arrivé à une telle impasse ? Les responsabilités sont partagées.
Primo, il y a lieu de mettre en cause la MINUSMA coupable d’une telle partisannerie que ses protégés en viennent par moment à perdre le Nord. Elle a galvaudé sa neutralité qui était sa carte maîtresse pour le retour de la paix.
Il y a aussi, en deuxième lieu, l’État qui est accusé, à tort ou à raison, de sympathie avec le GATIA. Ce qui n’est pas de nature à reprendre le contrôle de la situation. Il n’est donc pas étonnant que la colline de sa médiation accouche d’une souris.
Même certains pays voisins apparemment très dévoués pour la résolution de la crise dans notre pays ne sont pas au-dessus de tout soupçon. Les intérêts géostratégiques prenant toujours le pas sur l’amitié entre les États.
Enfin, les groupes armés, eux-mêmes, n’ont pas donné les meilleurs gages pour l’aboutissement du processus de paix. On se rappelle en effet qu’à l’issue d’une série de rencontres, à Anéfis, du 4 au 14 octobre 2015, ils avaient signé un ‘’pacte d’honneur’’ de cessez-le-feu et de paix et qui devrait mettre fin aux hostilités entre les deux camps, qui ont ensanglanté le nord du Mali en août et en septembre derniers.
Des déclarations très encourageantes avaient été faites par leurs responsables : « nous avons organisé des négociations directes entre nous. Nous avons terminé ce (jeudi) soir la rencontre, tout le monde a fait la paix, à commencer par nous, de la Plateforme, et la CMA », a fait savoir Ahmoudène Ag Iknass, député de Kidal et partisan de la Plateforme.
De son côté Boubacar Ould Hamadi, de la CMA, affirmait : « la guerre est derrière nous. La Plateforme et la CMA ont fait la paix, mais les autres tribus ou groupes qui avaient des problèmes entre eux ont aussi fait la paix ».

Très enthousiaste, la MINUSMA, dans un communiqué, a noté avec satisfaction la série de rencontres tenues à Anefis, dans le cadre d’un dialogue direct et constructif, entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme. Elle s’est dite ‘’encouragée par ce développement qui constitue une étape qualitative dans le processus de paix inter-malien’’.
Il y avait eu l’Arrangement sécuritaire pour une cessation des hostilités du 5 juin 2015 et les déclarations sur la cessation des hostilités en date des 19 février 2015 et 24 juillet 2014;
À cela, il faut ajouter l’Entente de Niamey, le 17 juillet 2016, pour trouver un mécanisme conventionnel consensuel de gestion locale avant la mise en place des autorités intérimaires et des patrouilles mixtes prévues par l’Accord. Les parties étaient convenues de la gestion collégiale de la sécurité à Kidal, y compris les check-points.
Sur le plan de la gestion locale, l’entente était : la Commission régionale de coordination des activités socioéconomique sera composée de 8 membres répartis d’une façon égale entre la Plateforme et la CMA, à raison de 4 membres par entité. Cette Commission sera dirigée par une coprésidence CMA/Plateforme
Les commissions sectorielles de gestion au nombre de 6, à savoir eau/énergie ; assainissement ; éducation ; santé ; humanitaire ; communication seront gérées de la façon suivante: la présidence de 2 commissions ; la vice-présidence de deux commissions ; ainsi que la deuxième vice-présidence de 2 commissions restantes seront assurées par la Plateforme. Les 4 présidences et les 4 vice-présidences et 4 deuxièmes vice-présidences des commissions reviennent à la CMA.
Aux termes de tous ces efforts, ce à des affrontements sanglants que les Maliens, en général, et les populations de Kidal, en particulier, ont eu droit. Dès lors, l’état de mi- guerre mi- paix se pose comme une pressante interpellation ; chaque partie parlant le couteau entre les dents.

PAR BERTIN DAKOUO

 

 

Source: info-matin

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