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Kidal : la terre, le cœur et le sang

La Terre aime le Sang. Le Cœur aime la Terre. Le Sang menace le Cœur, tragique trilogie, les hommes sont-ils piégés par l’Histoire des entremêlements ? Et pourtant le Mali n’est pas une Chaire inaugurale dans l’université des conflits mais une leçon qui se répète depuis mathusalem.

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Quand El Hadj Gamou, colonel de l’armée malienne, touareg resté fidèle au drapeau de la Nation, cette Maison commune, belle de notre divine diversité, déclare : «Nous sommes des fils de ce pays et nous avons nos familles qui y vivent. Nous voulons les protéger et faire savoir à tous que la couleur de notre drapeau est le Vert, le Jaune et le Rouge. Aucun autre drapeau ne sera hissé sur les plus de 1 241 000 km2 que compte le Mali. Ceux qui voudront attribuer un autre drapeau au Mali devront marcher sur nos cadavres», les profanes des arcanes maliennes sont éberlués, or, il est connu de ceux qui ont longé le fleuve Niger, de Bamako au septentrion que ce pays est un laboratoire du Vivre-ensemble qu’une minorité criminelle est déterminée à liquider. Ici, Kidal vers laquelle le colonel touareg est en marche pour défendre le Mali UN et INDIVISIBLE est aujourd’hui ce qui informe de la complexité malienne et des miasmes d’une géopolitique recoupant avec le feu sacré des mémoires anthropologiques. Ici, c’est aussi le résiduel qui en dit sur le cosmique comme imaginaire de vies ancrées qui pour se projeter entendent préserver ce qui est d’abord : le Mali.

 

 

La guerre n’a jamais été notre choix mais à force de nous harceler, nous provoquer, nous humilier, nous avons fini par choisir ce que toute Dignité exige quand des hordes «criminelles» refusent la loi saine du partage pour celle du plus insolent qui porte le désir tragique de confisquer que pour soi, soi seul. C’est ici le Cœur contre le Nombril, ceux qui défendent la Maison commune et ceux qui veulent la démolir, la détruire, la diviser voir soumettre le territoire à la loi de la dichotomie.

 

 

La Terre des pays, le Cœur des peuples et le Sang des hommes, trilogie d’une cohérence vitale. La géographie recoupe souvent avec l’histoire. Pour des morceaux de terre, les Hommes meurent depuis Adam car pour se mouvoir, s’épanouir, il faut un Espace. Qui brade sa terre brade son avenir. L’armée malienne est en train d’écrire l’Histoire de notre Terre avec le cœur du soldat qui se souvient et le sang du militaire qui porte le fardeau du poids de la terre. La société humaine partage avec la société animale la guerre féroce pour le territoire en tant qu’espace doublement limité et possédé. C’est la loi de l’Histoire quand le partage du territoire tourne aux collisions sanglantes qui divisent, tuent. C’est pourquoi pour éviter de s’entretuer, la politique, tout en délimitant la terre a compris qu’elle doit se partager. Le partage du territoire conjure le péril de la guerre de tous contre tous, de chacun contre chacun. Or, le MNLA refuse le partage et a opté pour la confiscation, la monopolisation. C’est triste mais la terre a toujours été la sœur du sang. D’Adam-Eve aux homos sapiens sapiens de notre société liquide, le lion défend son territoire, le fauve sa tanière et les Humains, la patrie portant la sueur, le sang et la mémoire des ancêtres. Qui dit que le tracé colonial n’a pas trouvé une mémoire de la propriété et de l’hygiène de vie en société? Le Mali n’inaugure rien en défendant son territoire. Il prolonge une tradition aussi vieille que la vie sur terre. La Terre enfante, berce, nourrit et tue aussi, hélas. Les fleuves, les mines, le sable donnent à manger et exigent, par leur défense, leur préservation, un prix. Et plus que ressource vitale, la terre est symbolique forte quand le mémoriel le dispute au projeté.

 

 

La Terre est partage et guerre. De l’an zéro, ontologie nébuleuse du Monde, temps physique du big-bang énigmatique à la postmodernité de 2013, l’espace a toujours été un enjeu stratégique. Si les hommes consentent à mourir pour la terre, c’est qu’elle est Vie, ancrage, mémoire, souvenirs, présent et avenir. La terre a une portée anthropologique et n’est pas sans enjeux symboliques. Des proto-tribus aux Etats modernes, les océans, les mers, les fleuves, les étendues terrestres ont opposé des peuples, des pouvoirs, des royaumes et des empires. Liberté autant que prison, la terre est ce qui offre les possibilités d’étendre la vie, de rendre épanouie la respiration. Objet de visées impériales, hégémoniques, la terre n’a jamais été une ressource neutre. Son contrôle produit antagonismes pouvant tourner au casus belli. Les récentes tensions entre l’Ethiopie post Zenawi (Abyssinie) et l’Egypte Morsienne (Khemit) pour le contrôle stratégique des eaux vitales du Nil rappellent les joutes d’hier, au temps des pharaons nègres et même après eux pour la maîtrise géoéconomique du plus grand cours d’eau d’Afrique.

 

 

Les enjeux de Kidal constituent une continuité belligène pour l’espace avec le territoire comme visage indiciel de ce qui symbolise la Liberté de se mouvoir et de se fixer. La terre permet autant le Mouvement que l’ancrage et entretient la vie tout en rendant possible sa pérennité. Le Mali, pays sorti du compas et de l’équerre de la cartographie coloniale et sa balkanisation est l’un des laboratoires actuels de cette guerre immémoriale pour le sol, la terre en tant que Vie, mémoire, présent et avenir. La guerre est toujours un échec pour la Paix mais elle a souvent été sa meilleure alliée pour la rendre possible, la conforter et la consolider. La Carte malienne porte l’emblème de ce que l’Humain a de viscéral depuis l’an sans mémoire. Kidal ne fait que confirmer une règle ancienne !

 

 

YAYA TRAORE

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