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Kidal: il faut s’assumer

Après un harcèlement à outrance du Gouvernement pour la mise en place rapide des autorités intérimaires et l’organisation de patrouilles mixtes, dans le Septentrion ; les combats de la semaine dernière à Kidal, tout en levant le voile sur les motivations profondes des mouvements armés, les mettent face à leur responsabilité quant à toute impasse sur ces questions pour lesquelles ils ont été plus qu’intransigeants.

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Les motivations des groupes armées (CMA et Plateforme) ont éclaté au grand jour, à la faveur des violents affrontements qui les ont opposés, à Kidal, la semaine dernière : le commerce et le contrôle des routes de la drogue. Il est désormais clair que la gestion consensuelle de la ville de Kidal et l’intégration de la Plateforme dans le dispositif sécuritaire de ladite ville n’étaient que des faire-valoir. Du reste, il fallait naître de la dernière pluie pour croire que les deux mouvements armés allaient s’affronter pour la gestion de Kidal où il n’y a rien à gérer, le seul intérêt étant d’asseoir sa domination sur des populations qui sont finalement les parents pauvres de ce grand brigandage de narcotrafiquants.

Conséquence logique
La conséquence est logique : la mise en place des autorités intérimaires est renvoyée aux calendes grecques, tout comme l’organisation des patrouilles mixtes.
Pourtant, ce sont ces mouvements armés qui ont fait de ces deux points, les priorités les plus pressantes, au point d’imposer leurs vues à la communauté internationale. L’Ambassadeur Ahmed Boutache (Algérie), président du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (CSA), s’est pris au jeu. En effet, à l’ouverture de la 8e session ordinaire du CSA (les 25 et 26 avril 2016) au CICB, il déclarait : « il a été, je dirais, globalement constaté que deux questions continuent en quelque sorte d’empêcher tout progrès substantiel dans le processus de mise en œuvre de l’Accord. Il s’agit d’une part, de la question de l’administration intérimaire. Et d’autre part, de mécanismes sécuritaires ».
Par ces propos, il apparaît que le diplomate algérien a été conditionné. Il est instrumentalisé par les deux mouvements armés dont il souligne l’engagement pour la mise en œuvre des deux points qui les obnubilent. A contrario, en violation des règles élémentaires de la diplomatie, il fustige le Gouvernement qui est à l’origine du blocage. Il a soutenu, dans cette veine : « À ce sujet, il convient de préciser que les représentants des mouvements font des avancées et des progrès au niveau des mécanismes sécuritaires ou plutôt ils conditionnent les progrès au niveau des mécanismes sécuritaires par des progrès au sujet de l’administration intérimaire et nous croyons comprendre que du côté du Gouvernement, c’est la position inverse qui prévaut ».

Vaste machination
Il ne s’agit pas de jeter la pierre à l’ambassadeur algérien. Il ne joue qu’un rôle dans cette vaste machination, dont l’épicentre constitue les mouvements armés, à savoir la Plateforme et la CMA qui lui ont mis une œillère pour ne voir que ce qu’ils veulent qu’il voit. Parce qu’il y a bien d’autres priorités pressantes dans l’Accord pour la paix et la réconciliation dont ils ne pipent mot.
En tout état de cause, l’acharnement des mouvements armés a porté fruit, à moins que les actions entreprises ne s’inscrivent dans un calendrier initialement arrêté par le Gouvernement. Et pour cause, le Gouvernement a remis au Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) 42 véhicules tout terrain, d’une valeur d’environ 2 milliards de francs CFA. Cette somme provient d’un fonds de 5 milliards de francs CFA mis en place par le Gouvernement pour le bon fonctionnement du MOC.
Il s’agissait là d’un grand pas vers l’opérationnalisation des mécanismes sécuritaires, en particulier les patrouilles mixtes. Incontestablement, c’est aussi un début de satisfaction de l’une des principales revendications des mouvements armés.
A cela, il faut ajouter la remise, par le Général de division Michael Lollesgaard, Commandant de la Force de la MINUSMA, le jeudi 7 avril dernier, à Gao, d’un lot d’équipements composé de bureaux et de systèmes informatiques au Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC). Le montant est de plus de 25 millions de francs CFA, dont un apport du Royaume de Luxembourg et une donation du contingent bangladais de la MINUSMA.
La liste n’est pas exhaustive.

Efforts louables
Outre les engins, le matériel de bureau, un accord a également été trouvé, entre les parties, pour ce qui est des hommes devant effectuer lesdites patrouilles mixtes. Ainsi, les Forces armées maliennes et de sécurité, la Plateforme et la CMA devront fournir chacune 200 éléments.
Il faut rappeler que tout cela a été formalisé dans l’« ENTENTE sur les modalités pratiques de mise en place des autorités intérimaires, des chefs de circonscriptions administratives, le redéploiement des services déconcentrés de l’État et sur le mécanisme opérationnel de coordination ».
La même ENTENTE définit les missions des autorités intérimaires ; le nombre de représentants des mouvements armés et leur rôle ; le rôle du représentant de l’État ; les moyens financiers des autorités intérimaires ; les dispositions transitoires… « Un nouveau chronogramme a été signé, qui change de calendrier », a rappelé Mahamat Saleh Annadif, Représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef de la MINUSMA, après les affrontements meurtriers de la semaine dernière.

Responsabilité historique
Il n’est donc pas étonnant que l’on retrouve dans la Résolution du 27 juin 2016 du Conseil de sécurité des Nations Unies : ‘’se Félicitant également de la signature par le Gouvernement malien, les groupes armés des coalitions Plateforme et Coordination, le 19 juin 2016, de l’Entente sur la mise en place des autorités intérimaires et d’autres arrangements connexes, ainsi que de la décision du Président du Mali, M. Ibrahim Boubacar Keita, le 15 juin 2016, de désigner M. Mahamadou Diagouraga comme son Haut- Représentant chargé de la mise en œuvre de l’Accord’’.
Face à tant de progrès, en faisant une nouvelle fois parler les armes, les mouvements armés se rendent coupables du blocage de la mise en œuvre des deux points sur lesquels ils se sont montrés intraitables lors des différentes sessions du Comité de suivi de l’Accord. Alors, responsables devant l’histoire, ils devront s’assumer.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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