Deux ans après les tragiques événements de Kidal, alors que le rapport d’enquête parlementaire se fait toujours attendre du grand public, MARA, qui continue de cristalliser une certaine aversion à son égard, tente désespérément d’établir son innocence. Entêtement d’un jeune Premier ministre, en quête de popularité, un ego surdimensionné ou volonté d’affirmer la souveraineté de l’État sur toute l’étendue du territoire national, les épithètes ne manqueront pas pour qualifier la visite catastrophique de Moussa MARA à Kidal, le 17 mai 2014, et dont le pays continu à faire face aux dramatiques conséquences. Retour sur deux ans d’humiliation.
Quelle mouche a bien pu piquer le Premier ministre de se rendre à Kidal, ce 17 mai 2014, qui restera gravé à jamais dans les annales de l’histoire de notre pays ? C’est la question que tout le monde se pose après la visite très controversée de Moussa MARA dans cette ville. L’ancien Premier ministre, lui, a une réponse toute trouvée qui ne semble pas convaincre les Maliens. Selon Moussa MARA, sa visite s’expliquait par la nécessité de rencontrer l’administration, de s’enquérir de ses conditions de travail.
I- Les faits
Le Premier ministre a décidé d’entreprendre, à la mi-mai 2014, une visite dans les trois régions du Nord pour aller à la rencontre de l’administration. C’était dans la foulée du retour de cette administration et des cadres qui avaient quitté leurs postes pendant la période de l’occupation. Un retour qui a été rendu possible grâce à des accords avec les groupes armés, à savoir le MNLA, le HCUA et le MAA.
L’étape de Tombouctou s’est passée sans anicroche aucune. À Gao également, la mission du Premier ministre a été bien reçue.
Les choses ont commencé à se gâter quand il a été question de mettre le cap sur Kidal. Selon de nombreuses sources, il a été fortement déconseillé à M. MARA de s’y rendre. La MINUSMA serait de ceux qui avaient jugé peu prudent de se rendre à Kidal en raison de la situation très volatile qui y prévalait. Nonobstant les mises en garde, l’ancien PM n’a pas voulu démordre. Il fallait qu’il se rende à Kidal qui est une partie, à part entière, du territoire national, comme les autres. Il n’était pas question de l’empêcher de s’y rendre sous quel que prétexte que ce soit. Le vin était donc tiré, il fallait le boire, mais pas avec l’ensemble de ses compagnons de voyage.
Le ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye MAIGA, lui, a fait défection. Plusieurs explications en sont données. Officiellement, il souffrait d’une vilaine grippe qui a précipité son retour à Bamako. Selon d’autres sources, l’ancien patron des services de renseignement savait parfaitement que la visite du chef du Gouvernement tournerait forcément au chaos. Il serait donc rentré au pied levé dans la capitale pour rencontrer l’état-major de l’armée pour parer à toute éventualité.
Le récit du Premier ministre
L’ancien Premier ministre a poursuivi inexorablement sa route. Après Tombouctou, il débarque à Kidal, le 17 mai. Voici le récit que fait Moussa MARA de cette tragique journée à la presse : « On est arrivé le samedi à 12 h à Kidal. À notre arrivée, il y a eu pas mal de va-et-vient et des changements de dernière minute pour nous suggérer de ne pas sortir du Camp de la MINUSMA et de faire toutes nos rencontres à la MINUSMA. On a évidemment rejeté la proposition. On est venu à la rencontre de l’administration, donc cela devait se faire dans un cadre approprié : au gouvernorat ou dans un service administratif comme on l’a fait à Tombouctou. Mais ça ne peut pas être dans un camp militaire, encore moins un camp militaire qui n’est pas sous contrôle de l’armée malienne. Nous avons indiqué à la MINUSMA qu’on les remercie pour cette offre et on l’a décliné.
Nous allons aller au gouvernorat et nous allons rencontrer l’administration malienne là-bas. C’est ainsi qu’à notre arrivée, la MINUSMA nous a convoyés au camp militaire. Le camp de la MINUSMA, c’est le Camp 2. Il est un peu à l’extérieur de la ville. Ils nous ont convoyés au Camp 1 qui est le camp de l’armée malienne, situé à l’entrée de la ville. Arrivé là-bas, on a discuté avec les militaires pour prendre connaissance de leurs conditions de travail et après nous avons décidé de nous déporter au gouvernorat qui se trouve à deux kilomètres à peu près du Camp N° 1.
Au moment où nous partions, on a appris que les forces des groupes armés qui pullulent dans la zone et qui n’ont pas de dénomination précise (tantôt MNLA, tantôt HCUA, tantôt AQMI ou djihadistes), mais qui travaillent main dans la main ont décidé de s’en prendre au gouvernorat quand on a décidé d’y aller.
On s’est dit qu’à cela ne tienne nous partons. Et là, nous avons une première surprise, la MINUSMA a refusé de nous accompagner au motif que des tirs sont en cours et qu’ils ne peuvent pas utiliser leurs véhicules blindés. Nous avons dit à la MINUSMA pas de souci, nous allons utiliser les véhicules du gouvernement malien. Et on a pris ces véhicules pour partir. C’est à la dernière minute que la MINUSMA a changé d’avis et on leur a dit non. Nous sommes partis au gouvernorat et les tirs se sont intensifiés. Nous sommes pratiquement entrés au gouvernorat sous les tirs.
Nous sommes entrés et l’ensemble du service administratif était présent. Il y avait une vingtaine de personnes dans le salon du gouverneur. Et nous avons tenu la réunion comme à Tombouctou. Tout ceci sous les tirs d’armes légères et d’armes lourdes. Les tirs venaient des groupes armés. On a tenu la réunion et à 17 h 30, on a décidé de partir prendre l’hélicoptère au camp militaire de la MINUSMA pour regagner Gao.
Quand nous sommes partis, l’armée a démobilisé son dispositif de défense du gouvernorat. Et là aussi, il faut comprendre, car le gouvernorat a toujours été gardé par la gendarmerie et la MINUSMA. Ce n’est pas l’armée malienne qui gardait le gouvernorat et ça n’a jamais posé de problème. Donc, l’armée a démobilisé la garde et nous a convoyés au niveau du camp de la MINUSMA pour prendre l’hélicoptère et partir sur Gao.
Quand nous sommes arrivés au camp de la MINUSMA, la météo était de telle sorte que nous ne pouvions pas voler. Donc, nous avons décidé de retourner au niveau du gouvernorat. En allant, nous avons constaté que le gouvernorat a été pris par les groupes armés qui ont sans doute vu là une aubaine. L’armée ayant enlevé son dispositif de défense, ils sont allés investir tout simplement le gouvernorat. Et ils ont pris en otage le service administratif qui était présent. Voilà comment le gouvernorat a été pris sans combat. Quand nous avons vu cela, on s’est replié sur le Camp1. Les forces sont allées pour libérer le gouvernorat et il y a eu beaucoup de combats. Il y a des victimes civiles et militaires de part et d’autre. Arrivée au camp, la MINUSMA est venue nous dire qu’ils veulent nous exfiltrer dans leur camp. Chose que nous avons refusée. À l’heure où je parle, il y a des groupes armés qui pullulent dans la ville de Kidal auxquels sont venus s’ajouter des djihadistes et vous avez aussi les forces maliennes qui sont en train de se renforcer. Nous avons toujours été sous la protection des forces armés du Mali sous la direction du chef d’État-major des armées, Mahamane TOURE, qui est actuellement à Kidal. C’est lui qui a dirigé toutes les opérations de protection et les opérations de confrontations. Et il est toujours sur le théâtre ».
Pour Moussa MARA, l’attaque des groupes armés de Kidal est une déclaration de guerre à la République du Mali. Et en tant que telle, cette violation recevra la réponse appropriée. Ceci expliquant cela, des renforts de l’armée ont été dépêchés à Kidal pour apporter la « réponse appropriée ».
Il est difficile d’établir un bilan précis de cette journée d’affrontements du 17 mai. L’ancien Premier ministre a parlé de victimes civiles et militaires sans donner davantage de précisions. Ce qui est, par contre certain, c’est que six représentants de l’administration et deux civils ont été assassinés égorgés par les rebelles aidés par des djihadistes.
Le dimanche 18 mai
Le dimanche 18 mai 2014, les hostilités ont repris de plus belle alors que l’ancien Premier ministre, Moussa MARA, s’apprêtait à prendre congé de ses hôtes.
Le chef de la Minusma, Bert KOENDERS a condamné l’assassinat de deux civils et de six officiels. Il a déclaré : « ce crime barbare est totalement inacceptable et les responsables devront répondre de leurs actes (…). Une enquête doit être menée rapidement afin de vérifier les faits et de traduire les responsables devant la justice. La MINUSMA soutiendra tous les efforts dans ce sens ».
Dans la nuit du dimanche, ‘’1 500 soldats’’ sont envoyés en renfort à Kidal où 36 personnes ont été tuées dans les affrontements du week-end.
« Ils viennent avec armes et bagages ; c’est beaucoup de monde, beaucoup d’armes (…). Nos soldats défendront le territoire national, s’il le faut par la force. C’est tout ce que je peux dire », a fait savoir un responsable.
Le Président IBK, dans un discours à la Nation, suite aux événements tragiques de Kidal, a qualifié « d’acte crapuleux » et de « lâche trahison de tous les engagements antérieurs » les attaques essuyées par la délégation du Premier ministre de la part du MNLA et autres éléments coalisés pour la circonstance.
Pour le Président IBK : « et ce n’est là ni plus ni moins qu’une déclaration objective de guerre à l’État du Mali, au moment où tout est mis en œuvre pour relancer les pourparlers devant conduire à une paix définitive au Nord, à travers un dialogue inclusif ». Et d’ajouter : « la souveraineté du Mali sur toute l’étendue du territoire n’étant pas négociable, nos forces de défense et de sécurité en reconstruction assumeront, totalement, les missions que la Constitution malienne leur assigne… Nous allons donc au dialogue, convaincus que le salut passe impérativement par là. Le salut, si bien entendu, toutes les parties, le Gouvernement du Mali, la communauté internationale, les mouvements armés, s’acquittent de leurs engagements, chacune à son niveau de responsabilité ». Il a exclu toute impunité pour les auteurs des « crimes odieux ».
Le même jour, lundi 19 mai, le Président IBK, en compagnie du Premier ministre, Moussa MARA, et du ministre des Affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a reçu en audience les représentants de la communauté internationale, dont ceux de la MINUSMA et de la Force Serval, à propos de l’agression lâche, dont notre pays a été l’objet, suite à la visite du chef du Gouvernement à Kidal, le samedi 17 mai 2014.
En introduisant la rencontre, le Président de la République a évoqué la gravité des actes posés par le groupe armé MNLA en complicité avec des mouvements djihadistes avant de donner la parole au Premier ministre, Moussa MARA, qui a fait la genèse de sa visite, les préparatifs concertés de bout en bout avec la MINUSMA, aux exécutions sommaires perpétrées de sang-froid sur des représentants civils de l’État en poste à Kidal. Le Premier ministre a terminé son récit en mettant au défi tout contradicteur sur un seul point par lui évoqué.
Tout en prônant le dialogue, le Mali se préparait également à la guerre qui devenait de plus en plus inévitable.
Pour le Premier ministre qui avait regagné la capitale, cette agression barbare était l’occasion d’en finir une fois pour toutes avec le problème de Kidal. C’est emporté par cet élan que, lors de la cérémonie de clôture du 3e congrès de la Ligue des prédicateurs du Mali (Lipma), le lundi 19 mai 2014, qu’il a déclaré : « À l’heure où je vous parle (lundi vers 18 h), il y a près de 1000 soldats maliens qui sont arrivés en renfort à Kidal et d’autres renforts sont en route. Les armes dont nous disposons nous permettent de faire de Kidal ce que nous voulons. Nous voulons montrer à l’ennemi de quoi nous sommes capables. J’invite les uns et les autres à ne pas faire d’amalgame et surtout de ne pas attaquer nos partenaires. Nous venons d’avoir une réunion avec eux et ils savent ce que nous leur avons dit. Il faut que Kidal soit libéré de tous les groupes armés ».
Après les représentants de la communauté internationale, le Président IBK a reçu, le mardi 20 mai 2014, Hélène Le Gal, conseillère Afrique de l’Élysée, venue réaffirmer la solidarité et le soutien de la France, suite à l’agression criminelle perpétrée à Kidal, samedi et dimanche, par les terroristes du MNLA et leurs alliés djihadistes, à l’occasion de la visite du Premier ministre dans cette ville malienne.
À l’émissaire de la France, il a dit : « je continue à tendre la main comme je l’ai dit à HOLLANDE convaincu qu’il n’y a pas d’autre alternative à la paix… La voie militaire, je ne m’y engagerais que contraint et forcé. Mais si nous devons y arriver, nous sommes prêts et nous le ferons pour l’honneur de notre nation… Les FAMAs sont et resteront à Kidal. L’armée malienne est chez elle et ne mènera aucune offensive si elle n’est pas provoquée. Nous avons une armée disciplinée et lui avons instruit de rester vigilante et regardante sur le respect des droits de l’Homme ».
Le mardi 20 mai, le Président IBK a reçu en audience Yipènè Djibril BASSOLET, ministre d’État, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, porteur d’un message de solidarité, de fraternité et de soutien du Président du Faso, Blaise COMPAORE, médiateur dans la crise malienne. L’émissaire burkinabè a fait part au Président de la République, de la condamnation ferme et sans équivoque des actes inqualifiables commis contre l’État et ses représentants à Kidal, des condoléances du Président Blaise COMPAORÉ à son frère Ibrahim Boubacar KEÏTA et au peuple frère du Mali. Répondant au messager du Faso, le Président de la République a fait remarquer la consternation et l’incompréhension du Mali face à cette trahison et à cette lâcheté de la part de ceux qui prétendent vouloir la paix et vivre dans le cadre d’un Mali uni et indivisible. « Il ne peut y avoir aucun salut en dehors du dialogue. Mais l’assassinat lâche de préfets et sous-préfets maliens ne peut militer en faveur de la paix et de la restauration de la confiance», a martelé le Chef de l’État.
Mercredi 21 mai : le Waterloo national
Malgré les appels au calme et à la retenue lancés la veille, en particulier par le chef de la Minusma, Bert KOENDERS, rien n’y a fait. Le seuil de non-retour était atteint. Ainsi, ce qui devait arriver, arriva ; de très violents combats entre l’armée et les groupes rebelles épaulés par des djihadistes. Les FAMAs, ce jour, ont essuyé un des plus grands revers de toute leur histoire. Le ministre de la Défense et des anciens combattants, Soumeylou Boubèye MAIGA, a annoncé une cinquantaine de morts au sein des Forces de défense et de sécurité suite aux combats et de nombreux blessés. Le Comité international de la Croix Rouge a pu rendre visite à cinquante prisonniers à Kidal. Un communiqué de la MINUSMA, en date du 23 mai 2014, indique : ‘’ … Bon nombre des blessés FAMAs se sont retrouvés dans l’enceinte du camp de la MINUSMA (le Camp Numéro 2) où ils ont reçu les soins primaires et ont été accueillis, abrités et nourris. Devant l’afflux des blessés et le manque de structures médicales spécialisées, il a été décidé par les autorités de la Mission d’utiliser les aéronefs de la MINUSMA (Hélicoptères et avions) pour transporter ces soldats blessés hors de Kidal afin de pouvoir leur prodiguer des soins appropriés à leur état de santé. C’est ainsi que dans la journée du 22 mai, les hélicoptères blancs frappés des lettres UN ont pu acheminer plusieurs dizaines de soldats dans les structures médicales locales, du CICR et de Serval à Gao. Dans la soirée, vers 20 heures, un avion de transport C-130 DE L4 Escadron danois de la MINUSMA s’est posé sur la piste de l’aéroport de Bamako avec à son bord 80 soldats FAMA rapatriés de Kidal, parmi lesquels se trouvaient 38 blessés…’’
En plus des morts et des blessés, l’armée malienne aurait perdu des dizaines, voire des centaines de tonnes de matériels abandonnés dans sa débandade. Kidal, ce 21 mai 2014, était l’humiliation suprême, le Waterloo national. C’était l’anéantissement de tous les projets secrets de résoudre par la force l’équation Kidal. C’était aussi la preuve la plus irréfutable que les seules armes ne suffisent pas à gagner une bataille.
Le mercredi, 21 mai 2014, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon s’est déclaré profondément préoccupé par la détérioration rapide de la situation à Kidal et a appelé à la cessation immédiate des combats et à la mise en place d’un cessez-le-feu. Il a condamné le meurtre de civils et appelé à ce que tous les auteurs soient traduits en justice avant de réitéré l’appel du Conseil de sécurité des Nations Unies à la reprise du processus de cantonnement et des pourparlers sincères entre les signataires et adhérents de Ouagadougou, et ce urgemment.
Accord de cessez-le-feu
Depuis les premiers combats, le samedi 17 mai, le général Kazura, commandant des forces de la MINUSMA s’est employé à obtenir à un cessez-le-feu. Sans y parvenir. Au contraire, pendant ce temps, l’armée convoyait à Kidal des troupes et d’importantes quantités de matériels et les rebelles recevaient de leur côté de renforts qui arrivaient en pick-up et en motos. De part et d’autre, c’était donc le rappel des troupes, le branle-bas de combat. La mobilisation était générale dans la perspective d’un combat qui allait sceller le sort de Kidal. Dans cette atmosphère explosive, le général, commandant en chef des forces onusiennes, avait peu de chance de voir aboutir ses démarches. Ce qui a donné lieu d’ailleurs aux combats particulièrement meurtriers du mercredi 21 mai.
Après ces combats qui se sont soldés par une débâcle des Forces de défense et de sécurité, place a été faite, une nouvelle fois, à la diplomatie. Cette fois, c’est le Président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Abdel Aziz, Président en exercice de l’Union africaine (UA) qui est descendu personnellement dans l‘arène. Le vendredi 23 mai, accompagné du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, Albert Gérard KOENDERS, il s’est transporté à Kidal pour décrocher un cessez-le-feu.
Selon les sources sur place, le Président mauritanien a usé de toute son autorité pour imposer le cessez-le-feu aux rebelles qui voguaient sur les nuages de leur victoire obtenue à l’issue d’âpres combats.
Finalement, un accord a été signé sous sa supervision et celle du Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU, Albert Gérard KOENDERS.
Pour le compte du Gouvernement, c’est le ministre de la Sécurité, Sada SAMAKE, qui a signé.
Pour les groupes rebelles séparatistes, c’étaient Mohamed Najim, chef d’état-major du MNLA ; Cheick Ag AWSA, pour le Haut conseil pour l’unicité de l’Azawad ; et, Brahim Ould Hamda, pour le Mouvement arabe de l’Azawad.
Les termes de l’accord de cessez-le-feu étaient les suivants :
‘’… Les parties conviennent de la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire national dès la signature de l’accord par l’ensemble des parties ; les parties sont d’accord d’accepter de revenir à l’accord préliminaire de Ouagadougou et d’une reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations Unies et ces partenaires régionaux et internationaux ; les parties conviennent de la libération des prisonniers dans les meilleurs délais ; les parties s’accordent à faciliter les opérations humanitaires des Nations Unies et les autres partenaires humanitaires et de respecter les principes du droit humanitaire en vigueur ; conformément à l’accord préliminaire, les parties s’accordent de la mise d’une Commission Internationale d’enquête sur les événements survenus en commençant par Kidal… ‘’.
Il faut souligner que dès le 22 mai, soit le lendemain de la déroute des Forces de défense et de sécurité à Kidal, le MNLA s’est précipité de sortir de son cantonnement et occuper de nouvelles positions, dont justement Ménaka où l’occupation par la Plateforme a remis le feu aux poudres. Ce rappel est d’autant plus important que la MINUSMA légitime l’occupation de la ville par le MNLA, par des accords qui ont été passés et qui, comme on le voit, ne peuvent pas avoir existé. Ce, pour la bonne et simple raison que quand on procédait à la signature de l’accord de cessez-le-feu, le 23 mai, sous la supervision du Président Abdel Aziz et de Bert KOENDERS, chef de la MINUSMA, Ménaka était déjà occupée par le MNLA et qu’il ne figure nulle part dans ledit accord que cela devait être le cas.
Accord préliminaire de Ouaga
Malgré l’annonce des négociations, les tensions restaient très vives entre l’armée et le MNLA basé à Kidal. Des personnalités politiques et une partie de la population reprochent à la France d’empêcher l’armée malienne d’attaquer les rebelles à Kidal. Le 30 mai, 3 000 personnes manifestent à Gao pour dénoncer l’attitude jugée trop conciliante de la France vis-à-vis du MNLA. Afin de négocier avec les rebelles de Kidal, le Président par intérim, Dioncounda TRAORE, nomme Tiébilé DRAME conseiller spécial.
Dans la perspective des pourparlers, des représentants touareg menés par Mohamed Ag Intalla décident de rejeter la lutte armée et de former le Haut Conseil de l’Azawad (HCA), bientôt renommé Haut Conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Mohamed Ag Intalla bénéficie rapidement du soutien de son père, l’Amenokal Intalla Ag Attaher, chef coutumier des Touareg Ifoghas qui quitte le MNLA pour rejoindre le HCUA, et de son frère, Alghabass Ag Intalla, qui le 19 mai, annonce la dissolution du MIA et son ralliement au HCUA. Le MNLA n’ose critiquer la décision de l’Amenokal et apporte son soutien au HCUA.
Les négociations s’ouvrent en mai à Ouagadougou, sous la médiation de Blaise Compaoré, président du Burkina Faso. Fin mai, le MAA s’engage à son tour à prendre part aux pourparlers.
D’abord hostile à la tenue d’élections maliennes à Kidal, le MNLA accepte finalement de permettre la tenue de la présidentielle en juillet 2013, cependant il refuse de laisser entrer l’armée malienne et propose que la sécurité des élections soit assurée par les troupes de l’ONU aussi bien à Kidal que dans l’ensemble de « l’Azawad ». Cette proposition est rejetée par le gouvernement malien qui exige la présence de l’armée à Kidal.
Le 18 juin, après deux semaines de négociations, le gouvernement de transition malien et les rebelles du MNLA et du HCUA (Haut conseil pour l’unité de l’Azawad) signent un accord de cessez-le-feu qui doit permettre la tenue de l’élection présidentielle le 28 juillet.
Afin d’éviter tout débordement entre les soldats maliens et les rebelles, des forces de l’ONU et de la MISMA sont également déployées à Kidal, ainsi le 4 juillet, une trentaine de véhicules guinéens gagne la ville.
Le 5 juillet, conformément aux accords signés, les forces du MNLA et du HCUA commencent leur retrait sur trois cantonnements, dont deux situés à Kidal, le troisième en périphérie. Le lendemain, 150 soldats font leur entrée dans Kidal. La réaction de la population n’est pas unanime, des échauffourées opposent manifestants pro-Mali et manifestants pro-Azawad, elles font plusieurs blessés. Le 18 juillet, de nouvelles émeutes éclatent entre des pro-Mali, en majorité des Songhaï et des pro-Azawad, majoritairement touareg. Elles font un mort et 7 blessés. Le 20 juillet, cinq agents électoraux et un élu sont enlevés par des hommes armés à Tessalit. Capturés par des hommes de Baye Ag Diknane, un officier du MNLA hostile à la tenue des élections, ils sont finalement relâchés, le lendemain dans des circonstances mal éclaircies.
Les deux tours de l’élection présidentielle se déroulent, sans incident, le 28 juillet et le 11 août. Ibrahim Boubacar Keïta est élu président avec 77,61 % des voix, contre 22,4 % pour Soumaïla Cissé, avec une participation de 48,98 % au premier tour, 45,78 % au deuxième.
Si l’Accord de Ouaga a permis la tenue de l’élection présidentielle à Kidal ; il n’en demeure pas moins que de nombreuses violations en ont été faites par le MNLA et le HCUA :
L’expulsion des populations noires
Le 2 juin 2013, la situation s’aggrave à Kidal où le MNLA arrête 180 personnes, une trentaine est relâchée le lendemain, mais environ 10 ou 20 « prisonniers », accusés d’être des espions et des militaires infiltrés sont maintenus en prison. De son côté, le gouvernement accuse le MNLA d’avoir commis des pillages contre les populations noires ; Songhaï, Peuls et Bellas. Selon des témoins, plusieurs habitants noirs sont contraints de prêter allégeance au MNLA sous peine d’être chassés de Kidal et évacué vers Gao. Le lendemain, le MNLA déclare que les personnes interpellées qui ne sont pas originaires de l’Azawad vont être expulsées et reconduites jusqu’à Douentza.
Le 4 juin, l’armée malienne se met en mouvement et s’empare d’Anéfis après un combat contre le MNLA qui fait plusieurs morts. Le même jour, un kamikaze tente d’assassiner un colonel du MNLA à Kidal. Il se fait exploser, mais ne fait qu’un blessé. La France intervient après le combat, elle envoie une centaine d’hommes à Anéfis et freine l’offensive malienne sur Kidal.
Le porte-parole du Gouvernement, Manga DEMBELE, avait déclaré avoir reçu des informations, selon lesquelles des groupes armés semblent mener une « épuration raciale» dans Kidal, expulsant les habitants non Touareg vers la ville de Gao. «S’il s’avère que des personnes sont bel et bien visées en raison de leur appartenance et sont persécutées (…), il s’agit d’épuration raciale », a déclaré Manga DEMBELE lors d’une conférence de presse.
« Le gouvernement fera tout son possible pour garantir que l’armée malienne entre dans Kidal avant l’élection. La présence de l’armée malienne dans Kidal n’est pas négociable », a-t-il ajouté.
Le dimanche 2 juin 2013, le colonel Souleymane MAIGA, porte-parole de l’armée malienne, déclarait que les violences visaient essentiellement des Peuls, des Bellas et des Songhaïs. Certains ont été arrêtés et accusés d’intelligence avec l’armée malienne.
Un habitant de Kidal qui a parlé, sous le couvert de l’anonymat, a déclaré à Reuters dimanche 2 juin 2013, que des combattants du MNLA écumaient les rues de la ville en sommant les personnes originaires du sud du Mali de partir. «Les magasins sont fermés. Nous sommes prêts à partir pour Gao quand le calme reviendra», a dit cet habitant par téléphone.
Comme on pouvait s’y attendre, l’armée, après des combats à repris la ville de Anéfis au MNLA, le 4 juin 2013, pour s’y établir.
La France a condamné, le lundi 3 juin, ces violences, déclarant avoir reçu des informations faisant état d’agressions ciblées et d’arrestations fondées sur la couleur de la peau des personnes. «La France condamne ces violences et ces arrestations extra-judiciaires et demande la libération des personnes concernées. Elle rappelle son attachement à ce qu’une solution négociée soit trouvée sur la situation à Kidal» indique le ministère des Affaires étrangères sur son site internet.
Un porte-parole du MNLA à Paris a démenti que des arrestations aient eu lieu à Kidal sur la base d’une appartenance ethnique. Le gouvernement, a-t-il affirmé, cherche à mettre de l’huile sur le feu en recourant à un vocabulaire dangereux.
Le MNLA rejette les appels de Bamako à déposer les armes. Il assure qu’il résistera à toute tentative de l’armée malienne pour reprendre Kidal, mais se dit ouvert à des négociations avec le gouvernement si le droit du nord du Mali à l’autodétermination est reconnu.
Des Touareg agressent trois ministres à Kidal
Les ministres de la Réconciliation nationale et du développement des régions du nord, Cheick Oumar DIARRA, de l’Administration territoriale, Moussa Sinko COULIBALY, et de la Sécurité, Sada SAMAKE, étaient arrivés dimanche matin 15 septembre 2013, pour «parler de paix et de sécurité dans le nord du Mali», a indiqué une source officielle. «À l’arrivée des ministres, des jeunes, encadrés par des éléments du Mnla, ont empêché l’avion de se poser. Grâce aux efforts de la Minusma (force de l’ONU au Mali), l’avion s’est finalement posé», a affirmé un responsable du gouvernorat de Kidal.
«Des pierres ont été jetées sur le convoi officiel. Les vitres d’un véhicule transportant un ministre ont été brisées. Deux grenades ont été lancées en ville cet après-midi par des inconnus, mais il n’y a pas eu de victime», a ajouté un collaborateur du gouverneur de la région de Kidal. A cause de ces incidents, la délégation officielle n’a pas pu effectuer son programme initial dans cette localité où elle devait organiser, dimanche, plusieurs rencontres sur la paix dans le nord du Mali, une région qui a été occupée, pendant plusieurs mois en 2012, par des islamistes armés (qui étaient, d’abord, alliés aux rebelles touareg) chassés par la suite par une intervention franco-africaine.
Pour toute explication à ces graves incidents, le MNLA trouve à dire que les populations sont hostiles à la présence de l’État à Kidal. Comme si Kidal était une enclave étrangère dans le Mali ou que l’absence présumée de l’État ne figurait pas parmi ses griefs pour justifier l’abandon du Nord. C’est la cohérence qui a le plus manqué à ce niveau.
L’œil de Caïn
Kidal est l’œil de Caïn de Moussa MARA. Tout comme on ne peut échapper au regard de Dieu, Kidal triture encore la conscience de celui de celui qui a été à l’origine de sa chute entre les mains des groupes armés. Dans une énième fuite en avant, il s’explique sans convaincre : “Comme vous le savez, je suis sur le réseau et observe donc les échanges. Je n’interviens pas souvent, mais, quelques fois, cela s’avère nécessaire, comme dans le cas présent au sujet des débats sur Kidal et mon déplacement dans cette région.
Je ne souhaite pas polémiquer avec qui que ce soit, mais je me dois, au-delà des positions politiques et partisanes, d’essayer d’éclairer si cela était encore nécessaire, les personnes de bonne foi qui sont sans doute majoritaires sur le réseau.
1. Pendant notre séjour à Kidal, nous n’avons jamais demandé ou bénéficié de protection de Serval et nous n’avons jamais eu affaire à eux, deux de leurs hélicoptères étaient constamment dans le ciel de la ville, sans aucun rapport avec nous. Sur le sol, j’ai refusé le véhicule blindé de la Minusma pour emprunter la Prado du gouverneur avec ce dernier, pendant tous les trajets, y compris à notre entrée dans le gouvernorat sous le feu des groupes armés.
J’ai refusé de passer la nuit dans le camp de la Minusma quand cette dernière nous l’a proposé et, avec les ministres et le reste de la délégation, nous avons passé cette nuit du 17 au 18 dans le camp 1 sous la protection des forces maliennes. À un moment donné, vers minuit, quelques forces de la Minusma, sans que nous l’ayons demandé encore une fois, sont venues se poster aux alentours du camp de l’armée malienne. Le matin, nous avons quitté le camp de l’armée malienne, sous escorte des forces maliennes et de celles de la Minusma pour aller prendre l’hélicoptère et venir à Gao. De nombreux témoins existent et peuvent attester ce que je viens d’écrire.
2. Quant à la visite à proprement parler et de ce qui a suivi
a. Le principe de ce déplacement a été soutenu par tout le pays, je rappelle que le député Mody Ndiaye de l’opposition a été parmi les premiers à me demander à l’Assemblée nationale quand est-ce que je partirais à Kidal, c’était à l’occasion du débat sur la déclaration de politique générale, à la fin du mois d’avril 2014,
b. Le but principal de notre déplacement, je le rappelle, n’avait rien à voir avec le processus politique ou les négociations, mais était, comme on l’a fait à Sikasso ou Tombouctou, de nous entretenir avec les administrateurs et les agents de l’État, pour nous enquérir de leur situation, apprécier les moyens dont ils ont besoin pour travailler toujours mieux au service des Kidalois qui sont des Maliens comme les autres,
c. Nous avons prévenu tout le monde de ce déplacement, mais ce que je me suis refusé à faire et que je ne ferais pas, c’est de demander la permission de me déplacer à qui que ce soit, en tant que Premier ministre agissant sur instructions du chef de l’État, sur une partie du territoire national reconnue comme telle par tous, notamment les groupes armés qui avaient signé les accords de Ouagadougou, accepté les élections présidentielles à Kidal et participé, certains d’entre eux, aux élections législatives de 2013,
d. Deux semaines avant notre arrivée, le chef d’état-major général des armées avait fait un déplacement dans toute la région, y compris à Kidal, et n’avait rencontré aucun problème ; personne parmi ceux qui ont eu la charge de préparer notre visite ne nous ont informé de menaces armées sur notre visite (je l’ai dit plusieurs fois à l’Assemblée et sur les ondes, sans jamais être démenti) et les risques rapportés (envahissement de la piste d’atterrissage, jets de pierre, insultes) ont été gérés par des attitudes prudentes pendant notre visite (on est arrivé par hélicoptère, on a évité d’entrer dans la ville pour éviter les femmes et les enfants et donc les risques de confrontation avec eux…),
e. Les hostilités ont été ouvertes par les groupes armés présents à Kidal qui ont attaqué le gouvernorat pendant que nous y étions, ont poursuivi leurs attaques au moment et après notre départ, ont pénétré dans l’enceinte du bâtiment, tué froidement des administrateurs et des civils présents et fait des otages en maintenant le gouvernorat sous leur contrôle,
f. Les Forces armées maliennes ont tenté dès le 17 mai de reprendre le gouvernorat, ont ressayé encore le 21 mai et ont échoué dans cette tentative, entraînant un fort recul dans leur occupation territoriale au nord avec des pertes en vies humaines. Je comprends et je soutiens l’initiative des forces armées pour récupérer le symbole de souveraineté qu’est le gouvernorat. Je trouve tout à fait normal qu’elles agissent de la sorte en tant que soutien principal de l’État et défenseur de son intégrité et de sa souveraineté. Elles ont perdu, certes, mais c’est la réalité des conflits, on gagne ou on perd. Si elles avaient gagné ce jour-là, beaucoup de discussions faites après auraient sans doute changé de sens.
3. J’ai toujours compati à la douleur de ceux qui ont perdu un proche ce jour-là ou qui ont été blessés. J’ai prié et je prie pour le repos de l’âme des disparus pour la cause du Mali, de véritables martyrs comme ceux d’Aguelhok, de Ménaka… ou encore d’aujourd’hui Gao, Hombori… Mourir pour son pays en le défendant ou en l’aidant est l’une des plus belles morts qui puissent être. Je ne me suis pas contenté de déplorer les morts et les blessés, j’ai engagé et je continue de le faire de nombreuses actions de soutien aux familles, dans la discrétion, comme je le fais, depuis plus de 15 ans, au bénéfice de nos compatriotes vivant difficilement. Cela n’est pas un motif de fierté, mais simplement un devoir de citoyen que je me donne.
4. Je ne me suis jamais excusé de quoi que ce soit dans ce dossier et je ne le ferais pas. Je ne me reproche pas de fautes pour m’excuser. Là, également, ce n’est pas une bravade ou une indécence comme le dirait quelqu’un, mais simplement une attitude logique. J’ai fait mon devoir de responsable public en mission pour les populations et travaillant selon des principes républicains. Si je devais le refaire, je le referais évidemment, sans provoquer qui que ce soit, mais en agissant avec détermination pour ce que j’estime être l’intérêt du pays et son honneur.
5. Je ne suis pas un va-t-en-guerre comme on a voulu m’étiqueter, je ne suis pas contre une partie de la population malienne non plus comme certains ont voulu me classer.
Ceux qui suivent mes écrits depuis une dizaine d’années (contrairement à beaucoup, j’écris et donc mes idées sont souvent connues) peuvent situer ma position et ma ligne en ce qui concerne notre pays et qui se traduit largement dans les accords de paix et de réconciliation d’Alger : un pays servi par un État qui s’adapte aux diversités humaines et territoriales, qui sert les citoyens de manière équitable et qui donne sa place à chaque individu quels que soient la couleur de sa peau, ses croyances, son genre, son ethnie ; un pays servi par un État bien géré par des responsables exemplaires. Je me bats pour cela et je continuerais à le faire sans sourciller. Ceux qui persistent à m’attaquer sur la question de Kidal l’ont bien compris et leur extrémisme dans les propos traduit en réalité leur désarroi.
6. J’ai enfin dit que je suis un justiciable comme n’importe lequel d’entre nous, je reste disponible pour répondre devant n’importe quelle juridiction au sujet de ce dossier”.
L’honorable Mody N’DIAYE soutient n’avoir jamais encouragé l’ancien Premier ministre à se rendre à Kidal, connaissant les risques que cela ferait courir au pays. Au demeurant, ce n’est pas à l’honorable député qui ne l’a pas nommé à son poste d’envoyer ni lui ni l’armée malienne, à la boucherie. Et ce n’est pas non plus le député Mody N’DIAYE qui a fait une déclaration de guerre à l’emporte-pièce. Par conséquent, deux ans après le carnage de Kidal, le mémoire en défense de Moussa MARA reste étonnamment superficiel et cousu de fil blanc. Orgueilleux ou couard, il se refuse obstinément à assumer les conséquences de sa décision hasardeuse de se rendre à Kidal. Quoi que dise le rapport d’enquête parlementaire, l’histoire retiendra que c’est parce qu’il a bravé toutes les mises en garde que des jeunes soldats ont péri à Kidal, que les rapports de force ont changé en faveur des groupes armés qui usent et abusent de leur nouvelle posture
À SUIVRE.
Par Bertin DAKOUO
Source: info-matin