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Kidal: de mal en pis

Les violents affrontements, qui ont opposé, samedi dernier, à une dizaine de kilomètres de Kidal, le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghad et Alliés (GATIA) à la Coordination des Mouvements armés (CMA), ne sont pas de nature à conforter le processus de paix. Bien au contraire.

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Qu’elle soit motivée par les besoins d’occupation territoriale avec leur corollaire de contrôle des routes du trafic ; qu’elle soit motivée par une vengeance, une haine tribale, peu importe. Ce qui compte et qui est regrettable est que l’on assiste à une détérioration, au jour le jour, de la situation sécuritaire. Ce qui constitue une menace grave pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, notamment en ce qui est de la mise en place rapide des Autorités intérimaires qui contribueront à la normalisation et à la sécurisation des populations dans les zones concernées.
Ces affrontements, qui installent les deux mouvements armés dans un état de belligérance, font forcément des déplacés. C’était déjà le cas quand les deux mouvements se sont affrontés les 21 et 22 juillet dernier dans la ville de Kidal, en violation de leur engagement concernant la protection de la population civile.
Paradoxalement, le retour des réfugiés et déplacés de guerre était la condition sine qua non posée par les mouvements armés pour l’organisation d’élections municipales. Et dire que ce sont eux qui créent les conditions d’insécurité pour qu’ils ne rejoignent pas le bercail. Il y a là sujet à caution.
Particulièrement dangereuse, la dimension tribale de cette guerre. Ces propos de Fahad Ag Almahmoud, secrétaire général du GATIA, s’inscrivant en droite ligne de cette revendication identitaire, font froid dans le dos : « Il faudrait que les Ifoghas se mettent dans la tête qu’ils doivent accepter les Imghad à Kidal. Ils n’ont pas le choix, nous ne pouvons pas être des persona non grata dans nos propres maisons ». Pour le GATIA, rentrer à Kidal est non négociable.
Du côté de la CMA, l’on souffle le chaud et le froid. En effet, après les affrontements des 21 et 22 juillet dernier, elle déclarait : ‘’la CMA prend acte des appels lancés par le Gouvernement et la Minusma pour un retour au calme à Kidal, et rappelle son attachement à l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et à ses mécanismes de mise en œuvre.
Soucieuse de la protection des civiles et de la préservation de toute vie humaine, la CMA renouvelle sa disponibilité au dialogue et au règlement pacifique de toute forme de différends (…) Mais la CMA exige le retrait du GATIA de la ville de Kidal et ses alentours pour éviter une éventuelle reprise des hostilités’’. Ce, alors que Alghabass Ag INTALLA, l’irréductible opposant à l’entrée du GATIA dans la ville de Kidal faisait savoir : « C’est la guerre. Il y a plusieurs morts depuis hier… Nous avons essayé de cohabiter avec le GATIA, mais c’est impossible ».
En clair, cette escalade de la violence est aussi la résultante d’un choc des radicalismes abreuvés à la source d’un tribalisme de plus en plus exacerbé. Il y a là un cocktail explosif qu’il urge de désamorcer pour donner une chance à l’Accord qui fait déjà face à de nombreux écueils dans sa mise en œuvre. C’est certainement là l’intérêt de ce paragraphe du communiqué de la CMA : ‘’ la CMA appelle le Gouvernement de la République du Mali et la communauté internationale à s’impliquer davantage pour permettre le règlement de tous les différends qui peuvent opposer les parties signataires par les mécanismes de l’Accord prévu à cet effet’’.
Le monde entier peut se mobiliser pour le règlement de tous les différends par le dialogue ; mais en l’absence de foi, d’une volonté affirmée de vivre ensemble, de se sublimer, ce serait de mal en pis.

Par Bertin DAKOUO

 

Source: info-matin

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