Les deux groupes armés ont également réaffirmé leur attachement à l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger
C’est fait : le GATIA et la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (CMA) ont paraphé samedi dans la soirée le document marquant l’accord des deux parties à gérer de façon collégiale la ville de Kidal ainsi que toutes les localités des régions du Nord encore sous le contrôle des groupes armés et cela en vue de faciliter le déploiement prochain de l’administration. Cet accord, il faut le rappeler, intervient après l’entrée des combattants du GATIA, originaires de la 8ème région le mardi dernier. Une entrée qui selon les responsables du groupe armé fut décidée en parfaite coordination avec la CMA après un long processus de concertation intercommunautaire.
Cependant, le nombre impressionnant des combattants (80 véhicules chargés d’hommes armés soit près d’un millier) a engendré une panique chez les responsables de certains groupes membres de la CMA. Ces derniers avaient demandé le retrait des combattants du GATIA de Kidal en attendant l’aboutissement de la concertation engagée entre les responsables politiques et militaires.
Les tractations ont duré toute la semaine dernière entre les responsables politiques des différents groupes armés présents dans la capitale de l’Adrar des Iforas. Mais les échanges ont eu lieu dans une atmosphère de sérénité et de fraternité. C’est le samedi aux environs de 19 heures 30 que le document de l’accord a été paraphé au nom de la CMA par Alghabass Ag Intalla, le président du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et Hanoune Ould Ali pour la Plateforme. Ce dernier n’est autre que le président du MAA (fraction attachée à l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali). La cérémonie de signature s’est déroulée en présence des chefs militaires des deux mouvements notamment Alhaji Ag Gamou et Mohamed Ag Najim ainsi que les responsables politiques et civils et les leaders communautaires de la région.
Le communiqué conjoint qui a sanctionné cette concertation rappelle que les discussions entre les deux parties ont été surtout riches en sagesse et en objectivité. « Les deux parties restent fermement attachées à l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Conformément aux dispositions déjà arrêtées, des éléments de la Plateforme intègreront les commissions chargées de la gestion de la ville de Kidal. Partout où les deux parties sont conjointement présentes, elles travailleront collégialement pour renforcer davantage le processus de paix enclenché depuis la rencontre historique d’Anefis. Toutes les populations des deux parties sauront désormais libres de circuler partout, tout en respectant les autorités sur place. Les deux parties réaffirment leur indéfectible attachement à l’accord d’Anefis qui est, aujourd’hui, le principal accord, gage d’un retour à une paix et une stabilité. Et les deux parties réaffirment leurs engagements à résoudre tout différend entre elles par la voie du dialogue », indique le communiqué.
UNE GRANDE RENCONTRE EN VUE. Le texte annonce également l’allégement du dispositif militaire du GATIA présent dans la ville de Kidal. Et pour rassurer les partenaires du processus de paix et de réconciliation, le communiqué remercie la communauté internationale pour son accompagnement constant à notre pays depuis le début du processus de paix et demande instamment de le poursuivre, notamment par un appui à la prochaine grande rencontre Plateforme-CMA prévue à Kidal dans les semaines à venir pour couronner la rencontre d’Anefis.
Pour les responsables des deux parties, cet accord marque surtout un nouveau tournant dans le processus de paix et de réconciliation engagé par notre pays. Et le strict respect de son continu est fondamental pour la poursuite du processus. Sidi Mohamed Ichrach, un responsable de la communauté Imghad, assure que le GATIA respectera ses engagements. « Notre pays est engagé dans un processus irréversible : celui d’une paix définitive et durable. Ce processus passe indéniablement par des cadres de concertations permanents. Le cadre ainsi mis en place à Kidal entre la Plateforme et la CMA rentre donc dans cet esprit. Ainsi cette cogestion de villes occupées par les deux entités préparera au retour de l’administration ainsi que la mise en place des autorités chargées de gérer cette période transitoire. De façon pratique, il y aura des commissions paritaires CMA-Plateforme pour gérer la reprise des écoles dans la région, l’assistance humanitaire aux populations et les questions de sécurité en attendant l’installation des autorités légales », a indiqué notre interlocuteur.
Selon lui, le processus en cours sera validé et renforcé par la grande rencontre qui réunira en fin février toutes les parties ainsi que la société civile et d’autres participants nationaux y compris le gouvernement. Il rappellera que la mise en place de ce cadre de concertation au niveau local à travers le renforcement du dialogue intercommunautaire vise surtout à faire baisser le niveau de tension et de violence en proposant aux différentes communautés locales des outils et des conditions de reconstruction d’un dialogue et d’une paix durable. « Aujourd’hui, nos deux entités (GATIA et CMA) sont appelées à jouer le rôle de tiers médiateurs entre les différentes communautés de la région de Kidal, fortement divisées par la crise. Cela implique qu’ils pratiquent l’écoute active auprès de toutes des communautés tout en maintenant la vision de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Au début ceci ne s’avérait pas facile voire impossible tant le contact entre les deux communautés a été très limité depuis le début de la crise. Aujourd’hui avec la signature de cet accord, nous pouvons espérer le retour d’une paix durable et surtout définitive », a-t-il indiqué.
D. DJIRE
Source : Essor