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Kéniéba: la synergie boycotte le Bac

Malgré les gages donnés par le ministre de l’Éducation nationale, le Bac 2022 à Kéniéba a débuté ce mardi 19 juillet 2022 dans une ambiance peu paisible, notamment au centre de Lafiabougou. Dans ce centre un enseignant et une candidate ont été placés sous mandat de dépôt pour fraude. Une situation qui a poussé les enseignants à refuser de continuer la surveillance tant que leur camarade n’est pas remis en liberté.

Alors qu’on croyait que le BAC 2022 se passerait comme sur des roulettes, sans incident majeur, des événements survenus à Kéniéba sont venus remettre en cause cette certitude.
Pourtant, lors de lancement officiel des épreuves à Bamako, la cheffe du département en charge de l’éducation avait affirmé que les imperfections enregistrées lors des autres examens tels que le DEF et le BT ont été prises en compte pour que le BAC se déroule dans les meilleures conditions.
Mais, dès le premier jour, 18 juillet 2022, cet évènement inattendu est venu perturber l’atmosphère dans cette localité (Kéniéba).
Le lendemain, en guise de protestation contre l’arrestation de leur camarade à la veille, les enseignants qui surveillent les épreuves ont décidé, ce mardi 19 juillet 2022, de se retirer des activités du baccalauréat dans les trois centres de Kéniéba, à savoir : le centre de Lafiabougou, du Lycée de Kéniéba et de Ballabougou 2e Cycle.
L’information a été signée et publiée, ce mardi 19 juillet, par les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 et le SINACOP/AEM du cercle de Kéniéba sur leur page Facebook.
Pour exprimer leur mécontentement, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 et le SINACOP/AEM du cercle de Kéniéba ont animé un meeting sur place.
Les faits
Dans sa version des faits, Oumar SANOGO, porte-parole de la synergie locale, a reconnu que le surveillant, Balla SOGOBA, a bien vrai laissé une candidate faire les épreuves de littérature alors qu’elle n’avait pas ses pièces.
« C’était parce qu’il l’a connaissait en tant que lycéenne du secteur de Kénieba » a-t-il témoigné ; tout en expliquant que cette candidate était en retard et avait perdu ses pièces.
Selon lui, Balla SOGOBA a dans un premier temps invité la candidate en question à aller chercher ses pièces.
Mais, compte tenu du fait qu’elle était déjà en retard et en plus de la distance, il a donc décidé de le tolérer lors des premières épreuves.

Selon le porte-parole de la synergie, le surveillant en question avait conseillé à la candidate d’aller chercher ses pièces après l’épreuve du matin pour être autorisée à prendre part aux autres épreuves.
Mais, comme par malchance, pendant son contrôle dans les salles, le DAE a fait le constat, selon M. SANOGO.
Et les explications dudit surveillant n’ont empêché le DAE de faire appel aux agents de sécurité et a même porté plainte contre lui et la candidate.
Toujours selon la version de M. SANOGO, les syndicats se sont rassemblés pour intervenir auprès du DAE, en lui suppliant de retirer la plainte contre le surveillant. Aussi, ils ont aussi proposé au DAE de retirer M. SOGOBA des activités ou même de lui priver de ses primes en guise d’amande en vue d’apaiser la situation.

Sanctions sévères
Malgré un accord de principe pour le retrait de la plainte, le porte-parole affirme qu’à la surprise générale, ces deux personnes ont été conduites devant la justice et déférées à la prison, par la suite.
Une sentence que les syndicalistes trouvent sévère. Car, selon les textes, Balla SOGOBA et la candidate fautives courent risque une peine 6 mois à une année de prison assortie d’une amende variant entre 24.000 à 2 millions de F.CFA comme sanction.
Par ailleurs, M. SANOGO dément les autres accusations à l’endroit du surveillant SOGOBA qui aurait reçu une enveloppe d’argent auprès de la candidate en échange de sa clémence.
Mais, après renseignement auprès des parents de la candidate, les syndicalistes rejettent ces allégations.
« La candidate en question vient d’une famille pauvre et a un nouveau-né, et dont elle peine à le prendre en charge», ont-ils analysés.
« Quelqu’un qui vit dans cette situation, peut-il donner une enveloppe d’argent a un surveillant, juste pour une seule épreuve ? » s’interroge le porte-parole.
Les enseignants ont clamé que le ministre devrait prendre le temps d’analyser d’abord la situation, écouter la version de tout le monde avant de prendre une quelconque décision.
En plus de cela, l’un des syndicats a, lui aussi, démenti la révélation du DAE selon laquelle 900 000 F CFA ont été saisis dans les mains de certains candidats.
« La somme réelle est de 59 500 F CFA, ce qui représentait l’argent de poche de 232 candidats » a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la saisie de la drogue avec un candidat, ce syndicat estime que le DAE fait du populisme.
Selon lui, ce sont les surveillants qui ont saisi le téléphone et ce morceau de drogue chez ce candidat.
« Mais il a annoncé la saisie de deux kilos de drogue et une arme. Ce qui est aussi un mensonge ! » a-t-il clarifié.
Toutefois, dans leur communiqué, les syndicats souhaitent préserver la dignité et l’honneur dudit surveillant, et demandent sa libération sans délai et sans condition.
Malgré le boycott des enseignants, l’un des syndicats de Kéniéba, joint au téléphone, affirme que c’est le personnel de l’administration elle-même qui avait pris le relais dans les salles d’examens afin que les épreuves puissent se dérouler normalement. Dans certains cas, ils ont recours aux jeunes du quartier, a-t-il affirmé !

PAR AMINA SISSOKO

Source: Info-Matin 

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