Kassoum Coulibaly est le coordinateur de l’Unité de gestion du Programme d’appui au développement des petites et moyennes entreprises (PAD-PME). Il répond à nos questions sur les mesures du gouvernement pour aider les PME/PMI à faire face aux effets de la pandémie de coronavirus.

Quelle est la place des PME dans notre économie ?

On estime que les PME/PMI représentent entre 80% et 95% des entreprises recensées. Leur capacité à créer de la valeur, des richesses et des emplois pour les jeunes et les femmes est incontestablement l’une de leurs multiples forces, sans oublier leur capacité de maintien de la stabilité sociale et de la paix.

Toutefois, la plupart des études indiquent que ces entreprises accèdent difficilement au financement, notamment aux crédits à moyen et long terme. Par conséquent, leur contribution au Produit intérieur brut (PIB) et à la création d’emplois s’en trouve limitée.

La faible qualité de l’information les concernant, les insuffisances dans la gestion, la gouvernance et l’environnement juridique et judiciaire, le taux de défaut élevé sur les petites et moyennes entreprises, l’insuffisance ou la faiblesse des mécanismes de partage des risques sont les principales difficultés citées par les établissements de crédit, selon les résultats d’une enquête menée par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2014.

À l’analyse de ces causes, les difficultés de financement des PME relèvent tant de l’environnement que de la demande et de l’offre.

De quelle manière le Covid-19 impacte-t-il les PME/PMI ?

Aujourd’hui, aucune étude rigoureuse n’a encore été menée pour évaluer l’impact du coronavirus sur l’économie en général, en particulier sur les PME/PMI. Et il faudra attendre un certain temps pour le faire. Cependant, nous pouvons aborder les effets immédiats de certaines mesures barrières et de distanciation sociale prises par les autorisés pour le bien des populations. Cela est démontré par une baisse drastique des chiffres d’affaires et de l’activité de production ou de services, une mise en chômage technique, voire des licenciements, des employés, le report, voire l’arrêt, des investissements privés programmés, les difficultés de remboursement des prêts, etc…

Quels sont les secteurs les plus touchés ?

De manière générale, tous les secteurs économiques sont fortement affectés par cette situation, du primaire (Agriculture) au tertiaire (Services), en passant par le secondaire (Industrie). L’artisanat est aussi fortement touché.

Quelles sont les mesures prévues par le gouvernement pour leur permettre de faire face ?

Dans le cadre d’un dialogue structuré entre l’État et le secteur privé, une commission a travaillé sur les mesures à prendre pour accompagner le secteur privé en général et en particulier les PME/PMI.

Lors de son adresse solennelle à la Nation sur l’ORTM le 11 avril 2020, le Chef de l’État a annoncé des mesures fortes. Je veux rappeler quelques-unes: la production de millions de masques par les entreprises locales de textiles, grandes, moyennes ou petites, y compris les tailleurs qualifiés, une exonération de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les factures d’électricité et d’eau de tous les consommateurs pour les mois d’avril, mai et juin 2020,un apurement de l’ensemble de la dette intérieure due au 31 décembre 2019, autant que sera diligenté le paiement des mandats au titre de l’exercice 2020 à hauteur de 100 milliards de FCFA, la dotation de 20 milliards de FCFA pour servir de Fonds de garantie du secteur privé pour les besoins de financement des PME/PMI.

S’y ajoute la restructuration de toutes les entreprises sinistrées suite au Covid-19 et les orientations données aux banques afin que les entreprises maliennes puissent bénéficier des concessions accordées par la BCEAO.

Il est important de rappeler aussi, qu’au niveau de l’Unité de gestion du PAD-PME, nous avons lancé l’Opération TELECONSEIL, afin d’informer, d’orienter et de conseiller les dirigeants des PME/PMI. Cela comprend l’appui psychosocial, la prise en charge technique et le référencement vers les structures financières impliquées dans la mise en œuvre des mesures prises par le Chef de l’État.

Les start-up sont-elles concernées ?

Bien sûr, si nous nous référons à la classification de la BCEAO. Afin de faciliter leur suivi, les entreprises sont classées en trois catégories, les microentreprises,  les petites entreprises et les moyennes entreprises.

Il est important de noter que nous devons aider le secteur informel à sortir de sa précarité et lui permettre d’intégrer le secteur formel afin d’assurer sa durabilité et son accompagnement efficace.

Je voudrais lancer un appel aux PME/PME en leur disant que face à cette pandémie, qui va certainement passer rapidement, en plus de respecter toutes les mesures de précaution et les gestes barrières préconisés, il est plus qu’urgent pour les petites et moyennes entreprises de réviser leurs stratégies d’entreprise, de développer de nouveaux marchés intérieurs, de travailler en solidarité vis-à-vis de la loi et de mieux utiliser les technologies de l’information et de la communication (TIC), afin d’être plus compétitives…

Propos recueillis par Fatoumata Maguiraga