Le porte-parole du Parti pour l’Action civique et patriotique (PACP) est optimiste et appelle au sens élevé des Maliens à se retrouver autour de l’essentiel. Trouver un chronogramme consensuel d’abord au Mali et après le proposer aux autres partenaires, est l’une des principales recommandations de Kaou Abdrahamane Diallo, porte-parole du parti.
« A l’instar de nos compatriotes, nous avons été choqués par ces décisions iniques de la Cédéao lors de la conférence des Chefs d’Etat élargie à une session de l’Uémoa tenue dans un pays non membre de l’Uémoa. C’est dire que les enjeux étaient élevés contre le Mali. Le Mali a fait sauter beaucoup de verrous dans notre espace. Il devenait vraiment crucial de donner une punition collective aux autorités actuellement en charge de la transition au Mali.
Ces sanctions nous ont choquées parce qu’elles sont illégales et illégitimes. Les organisations sous-régionales sont des instruments pour nos pays pour œuvrer aux besoins vitaux et essentiels de nos populations respectives. Elles ne doivent pas être instrumentalisées pour régler les comptes personnels.
Le Mali a toujours été victime d’une guerre par procuration. Si vous lisez les résolutions du sommet, ils ont poussé l’outrecuidance jusqu’à énoncer dans leurs résolutions où on accuse le Mali d’avoir contracté avec un autre pays. Cela relève de la souveraineté de notre pays et la Cédéao n’a aucune vocation à s’ingérer dans ces questions. Nous pensons que ces sanctions sont une punition contre notre peuple. Elles n’ont d’autres buts que d’inciter les populations à se lever contre les autorités de la transition. C’est une erreur monumentale, car elles ont réussi à souder, à faire que le peuple fasse corps avec les autorités.
Nous avons été d’autant plus choqués par le rappel des ambassadeurs qui n’interviennent qu’à des moments graves de collaboration dans la vie d’une nation. Le Mali n’a attaqué personne. Le Mali n’a envahi aucun pays. Quand un de nos amis frères a été attaqué et a vu son président assassiné, je veux parler de la Libye, c’était à ce moment-là que les chefs d’Etat devraient rappeler leurs ambassadeurs des pays commanditaires. Mais, ils ne l’ont pas fait. Ils ont tous gardé un silence coupable. Le Mali est une victime qui vit le terrorisme et subit des dommages collatéraux d’une guerre imposée à un pays ami et dont les répercussions négatives impactent tout le Sahel aujourd’hui.
Ceux qui jouent aux pompiers pyromanes aujourd’hui, sont en train de peindre les autorités de la transition comme des personnes négatives. La Cédéao a osé rappeler ses ambassadeurs d’un pays dont les intérêts sont liés aux leurs surtout dans un même espace avec les mêmes populations partageant presque tout. Nous pensons au PACP que ces sanctions sont téléguidées. Pour donner une leçon à la Cédéao permettre à des chefs d’Etats qui ont opéré des troisièmes mandats, qui sont aussi contestés dans leurs pays pour ne susciter d’autres vocations ou d’autres troubles dans l’espace Cédéao.
Les autorités n’ont pas fermé la porte au dialogue. La Cédéao non plus ne l’a pas fermée dans ses résolutions. Le Mali est ouvert au dialogue, mais au respect. Dans le respect et les intérêts réciproques de part et d’autre. Ce n’est pas nous qui fermerons la porte au dialogue. Le Mali continuera à agir dans l’intérêt supérieur de son peuple. Sur ces questions, le Mali ne transige jamais. Nous pensons que dans les jours à venir, les autorités vont en concertation avec l’ensemble des forces vives de la nation et présenter un chronogramme. Nous espérons que l’apparition de ce chronogramme permettra un peu de baisser la tension et de rassurer un peu la Cédéao.
Le Mali ne veut plus retourner à des crises cycliques. C’est pourquoi, il ne faut pas se précipiter pour aller aux élections. Donc, il ne faut surtout pas bâcler cette transition. Nous estimons rapidement que la raison va prévaloir et que la Cédéao opérera une meilleure compréhension de la complexité de la crise malienne. Nous avons bon espoir car nous croyons aux vertus du dialogue.
Le PACP propose rapidement que le Président de la Transition entame les concertations avec l’ensemble de la classe politique, l’ensemble des forces vives de la nation. S’il est vrai que la majeure partie de la population a participé aux assises, il est aussi vrai que certains n’ont pas rejoint le processus parce que n’ayant pas cru. Les autorités doivent parler avec tout le monde. C’est à l’issue de ces concertations que nous pouvons dégager un chronogramme résultant d’un consensus d’abord malien avant de le proposer à nos partenaires. Nous sommes optimistes. Les Maliens sauront taire leur divergence et aller à l’essentiel ».
Propos recueillis par
Koureichy Cissé
Source: Mali Tribune