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« Kan sina muso ya » : quand les rivalités entre belles-filles sèment la zizanie dans les familles

Les épouses des différents fils d’une même famille sont prêtes à tout pour gagner la place de favorite. Cette rivalité entre belles-filles souvent extrême sème la zizanie, et les hommes ont leur part de responsabilité.

Entre clashs, compétitions et querelles, « les kan sina muso » (les belles-filles d’une famille, chacune mariée à l’un des fils) cherchent à damer le pion les unes aux autres. Que cela soit dans leur manière de cuisiner, de s’habiller ou bien de décorer leur maison, le moindre détail est sujet de rivalité entre les femmes des frères.

« Avoir une “kan sina muso“ devient une vraie torture. Imaginez-vous que lors des fêtes, chacune d’entre nous reste dans sa chambre en attendant de voir quel habit l’autre va porter, ou quels rideaux elle va mettre à sa porte. Cela peut paraître enfantin mais c’est une réalité dans beaucoup de familles à Bamako », témoigne Fatoumata, qui vit dans une grande famille avec deux de ses beaux-frères et leurs épouses.

Rivalité pire qu’entre coépouses

Lorsqu’elles ne vivent pas dans la même famille, les « kan sina musow » profitent des occasions de fête ou des cérémonies sociales pour se dresser l’une contre l’autre.  « C’est un jeu auquel il faut savoir jouer. Tu viens trouver les autres se comporter comme des rivales et tu fais pareil, c’est aussi simple que ça », commente Minata. Dernière mariée dans une grande famille, elle est chouchoutée par ses beaux-parents et les jeunes de la maison passent plus de temps dans son salon que chez les autres. Toutes choses qui, explique-t-elle, suscitent la jalousie des épouses des frères de son mari.

Ceci évoque la phrase très populaire qui dit : « Bamako kan sina muso ya ka jugu ni sinaya yé » (ce qui signifie en bamanakan « À Bamako, la rivalité entre les belles-filles est pire que celle entre coépouse »). En bamanakan, dans le mot « kan sina muso », on retrouve le mot « sina-muso », qui veut dire coépouse. Selon le griot Bourama Soumano, « ce nom se réfère au statut des femmes qui ne sont pas coépouses mais qui se partagent des frères de même sang ».

Responsabilité des frères       

Dans ces rivalités, les femmes sont souvent soutenues par leur époux. Une fois mariées, si elles trouvent que l’ambiance est tendue entre les frères, elles prennent souvent parti et essayent de défendre leur mari. Cette attitude est légitime, mais elle doit être modérée pour ne pas semer la zizanie dans la famille.

Le côté financier aussi ressort souvent. Lorsqu’un des frères gagne mieux sa vie par rapport à l’autre, cela peut répercuter sur la gestion de la famille et la relation entre eux, de même que celle entre leurs femmes.

« Le problème entre belles-filles se résume au moyen économique des maris. Le fait que ton mari a plus de moyens que le mien ne te donne pas le droit de me regarder de haut. Malheureusement, les frères encouragent cette rivalité insensée », explique Khadija. Selon elle, les hommes sont les premiers à soutenir leurs femmes. « ‘’Ils sont jaloux du fait que je gagne plus. Il faut faire attention à eux, car même les frères de sang se trahissent’’ a déjà dit mon beau-frère publiquement devant sa propre épouse », poursuit-elle.

Le pire dans ces situations de rivalité est que les enfants ne sont pas non plus épargnés. Souvent, ils sont interdits de jouer avec les enfants de leur tante, rivale de leur maman, ou de manger le repas de cette dernière. Aussi, ces dames vont jusqu’à souhaiter à l’autre d’avoir une coépouse pour faire de cette nouvelle venue une alliée afin de rendre la vie impossible à leur « rivale ».

Cette question de la rivalité entre belles-sœurs soulève la problématique générale de la rivalité entre les femmes dans des sociétés où les maris sont transcendés et considérés comme des êtres autour de qui la vie des femmes tourne. Pourtant, la solidarité entre femmes est utile, car ces épouses sont dans des positions similaires nécessitant de s’appuyer et se soutenir.

 

Source: benbere

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