Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Journée pour l’élimination de la violence sexuelle: quête d’une justice pour les victimes de la crise

Les organisations de défense des droits de l’homme au Mali, l’AMDH-Mali, WILDAF, FIDH, AJM, DEMESO et le Collectif cri de cœur ont animé, hier jeudi, une conférence de presse conjointe au siège de l’AMDH à l’ACI 2000. Cette activité, qui rentrait dans le cadre de la célébration du 19 juin, consacré à la journée mondiale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit, a plaidé en faveur d’une justice rapide pour les victimes de la crise du nord de notre pays.

maitre moctar mariko avocat president association malienne droit justice homme amdh

La conférence était animée par le président l’AMDH, Me Moctar MARIKO, qui avait à ses côtés, le président du Collectif Cri de cœur, Almahady Almoustapha CISSE ; la présidente de Wildaf-Mali, Mme Bouaré Bintou Founé SAMAKE ; la présidente de l’Association des juristes du Mali, Mme Sy Mariam Inna TALL, etc.
À quand une justice pour les victimes de violences sexuelles de la crise du nord ? C’est la question posée à plusieurs reprises par les intervenants de cette conférence. Car, estime-t-on, les dossiers pendants devant la justice malienne et ne semblent connaitre aucune avancée significative. En tout cas, c’est le constat fait, hier jeudi, par les responsables de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme) ; de l’AMDH (Association malienne des droits de l’Homme) ; de WILDAF (Femmes, Droit et Développement en Afrique) ; de l’ONG DEMESO (Association DEMESO) ; de l’AJM (Association des Juristes Maliennes) le CCC (Collectif Cri de Cœur) ; ainsi que le Réseau régional des associations des victimes des événements du Nord.
Dans son exposé liminaire, le conférencier, Me Moctar MARIKO, a souligné qu’à l’occasion de la journée mondiale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit, les initiateurs de cette rencontre attendent des autorités maliennes, des actes concrets en faveur de la lutte contre l’impunité relative aux crimes sexuels.
« En dépit des plaintes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité déposées par nos organisations en 2014 et 2015 et les dispositions de l’accord de paix en faveur de la protection des droits de l’Homme dont l’application tarde à se concrétiser, aucune mesure significative n’a été prise en faveur des victimes de violences sexuelles », a déploré le conférencier. Pour rendre justice aux victimes et prévenir la répétition de ces crimes odieux, a-t-il expliqué, la lutte contre l’impunité doit être une priorité pour les autorités de notre pays, comme acte fort en faveur de la réconciliation nationale. C’est une condition pour le retour à l’État de droit et l’instauration d’une paix durable, ont déclaré les conférenciers. Entre 2012 et 2013, de nombreux crimes sexuels ont été perpétrés pendant l’occupation des régions du nord du pays par les groupés armés, notamment des viols et autres formes de violences basées sur le genre. Ces crimes, dont des violences sexuelles, indique-t-on, ont été documentées par les organisations des droits de l’homme et attendent que justice soit faite.

Les victimes dans l’indifférence
Selon les initiateurs de cette rencontre, les victimes de ces violences sexuelles continuent de vivre une situation extrêmement difficile et parfois insoutenable : perte des moyens de subsistance, isolement, abandon d’enfants, rejet du conjoint, sans compter les séquelles psychologiques et physiques. De l’avis de Me MARIKO, les victimes et les associations qui les accompagnent sont dans l’attente d’actions fortes et concrètes de la justice malienne, comme cela a été promis de façon répétée par les autorités nationales. Ces actions doivent d’abord se traduire par une véritable politique de poursuite pénale des auteurs de ces crimes et la réparation des préjudices causés.
Le 12 novembre 2014, a-t-il rappelé, des organisations de défense des droits de l’homme ont déposé auprès du tribunal de grande instance de la Commune III de Bamako, une plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre au nom de 80 femmes et filles victimes de viols et d’autres formes de violences sexuelles commis lors de l’occupation du Nord par les groupes armés. Le 6 mars 2015, une autre plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre a été déposée au nom de 33 victimes, lors de l’occupation de la région de Tombouctou auprès du Tribunal de Grande instance de la Commune III de Bamako.

Le statuquo
En dépit de ces plaintes et à l’exception d’une trentaine d’auditions faites par les juges d’instruction en charge des dossiers, grâce au soutien des défenseurs des droits de l’homme, les enquêtes judiciaires n’ont connu aucune avancée significative et certains suspects ont même été libérés. En outre, l’Etat n’a encore alloué aucun fonds pour la prise en charge, psychologique, médicale et sociale de ces victimes.
De son côté, la présidente de Wildaf-Mali, Mme Bouaré Bintou Founé SAMAKE, a fait une batterie de recommandations à l’État en vue de la protection des droits des femmes et leur prise en compte effective dans la résolution de la crise. Cela est indispensable, selon elle, pour le retour à une paix durable et à l’État de droit. Elle a exhorté les autorités politiques et judiciaires à : allouer des ressources suffisantes pour assurer la prise en charge médicale, sociale, psychologique, judiciaire et la fourniture de moyens de subsistance aux survivantes, à soutenir les organisations locales de défense des droits des femmes qui fournissent de tels services ; à diligenter l’ouverture de procédures contre les militaires suspectés d’avoir commis des violences sexuelles ; à renforcer les capacités des acteurs judiciaires pour la poursuite des crimes internationaux et particulièrement les crimes sexuels, à travers notamment la création d’une chambre spécialisée dans les crimes les plus graves, y compris les violences sexuelles, commis au nord du Mali afin de lutter efficacement contre l’impunité. De même, il s’agit toujours, selon ces organisations, de : garantir que les personnes libérées au nom de la paix ne puissent échapper à la justice, en procédant à l’interpellation et à l’inculpation des suspects identifiés ; à renforcer les capacités techniques et matérielles des magistrats qui traitent les dossiers relatifs à ces crimes pour leur permettre de mener en toute indépendance l’instruction judiciaire ; de mettre en œuvre les dispositions relatives à la protection des droits humains prévues à l’article 46 de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger signé les 20 mai et 20 juin 2015.

Garantir la protection des victimes et témoins
Par ailleurs, les conférenciers ont invité l’État à prendre, à travers des réformes législatives, des mesures permettant de garantir la protection des victimes et témoins notamment celles et ceux de violences sexuelles dans le cadre des procédures judiciaires, mais aussi les défenseurs des droits humains.
Également, les organisations de défense des droits de l’homme encouragent la communauté internationale, notamment la MINUSMA à appuyer la mise en place d’une commission d’enquête internationale, prévue à l’article 46 de l’accord d’Alger, chargée de faire la lumière sur tous les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres violations graves des droits humains, y compris les violences sexuelles et celles basées sur le genre. Il s’agit aussi de renforcer les moyens prévus pour la protection des populations civiles et plus particulièrement les victimes de violences sexuelles.
Il convient de savoir que l’instauration de cette Journée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est récente et remonte plus précisément au 19 juin 2015. Elle permet d’attirer l’attention des décideurs nationaux sur le sort des victimes de violences sexuelles.

Par Abdoulaye OUATTARA

 

Source: info-matin

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance