Le Mali, à l’instar des autres pays du monde, célèbre le 20 novembre de chaque année l’adoption par l’assemblée générale des Nations Unis de la convention relative aux droits de l’enfant. L’édition de cette année (le 28è anniversaire) a été célébrée mardi dernier à Banancoro dans la commune rurale de Pelengana, près de Ségou. La cérémonie était présidée par le directeur national de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Ayouba Goualé. C’était en présence du gouverneur de la région de Ségou, Georges Togo et de la présidente du parlement des enfants de Ségou, Adizatou Daou. Le thème national retenu cette année est : «l’agenda 2030 pour un développement durable en faveur des enfants en Afrique : accélérons la protection, la responsabilisation et l’égalité des chances par la régularisation rapide de la situation des enfants non déclarés à l’état civil au Mali, notamment dans le nord».
Selon les résultats de l’enquête MICS réalisées en 2010, le taux national de l’enregistrement des enfants à la naissance est de 81%. Il existe une forte disparité entre les régions où le taux le plus bas est enregistré à Tombouctou avec 52,9% et à Kidal avec 43%. La région de Ségou enregistre 80,6% contre 70% pour le reste du pays. Malgré ces résultats bien appréciables, environ 20% des enfants risquent d’être privés de tous les droits à la citoyenneté parce que non enregistrés à la naissance. Il existe de grandes disparités entre certaines zones urbaines où le taux est de 77% et rurales avec un taux de 72%. Ces résultats atteints ont brutalement été anéantis en 2012 suite à la crise sécuritaire. Cette situation a fait que la quasi-totalité des enfants nés pendant la période 2012-2014 n’ont pas été enregistrés à l’état civil dans les régions du nord. Une récente enquête conduite par l’UNICEF et la direction nationale de l’état civil dans les régions de Gao et Tombouctou a permis d’identifier 123.152 enfants (filles et garçons) ne disposant pas d’actes de naissance ou n’ayant jamais été enregistrés à la naissance. C’est dans l’optique de trouver une solution rapide à ce phénomène que ce thème a été choisi.
Dans son allocution de bienvenue, le gouverneur de la région de Ségou, Georges Togo a expliqué que les autorités de ce pays accordent une place importante au respect des droits de l’homme, particulièrement aux droits des enfants et des femmes qui constituent des couches vulnérables. Le thème choisi cette année, à savoir l’enregistrement des enfants à l’état civil, demeure d’actualité. En effet, rappellera le gouverneur Georges Togo, les articles 7 et 8 de la convention relative aux droits des enfants (CDE), l’article 6 de la charte africaine des droits et du bien être de l’enfant (CADBEF), l’article 4 du code malien de protection de l’enfant (CPE) reconnaissent à chaque enfant le droit d’être enregistré à sa naissance. Ainsi, notre pays ayant souscrit à ces conventions internationales, a fait de l’enregistrement des naissances une priorité fondamentale. Le chef de l’exécutif régional de Ségou conclura que la question de l’enregistrement des naissances est un goulot d’étranglement dans notre pays car elle ne suscite que très peu d’engouement chez la majorité de la population du pays en milieu rural et surtout dans les banlieues des grandes villes.
Le directeur national de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Ayouba Goualé dira que l’acte de naissance est et demeure le premier droit pour un enfant. Il ajoutera qu’au regard de tous les résultats obtenus, il reste beaucoup à faire en matière de réalisation des droits de l’enfant. D’où la nécessité de renforcer la mobilisation des ressources, surtout financières, et cela à tous les niveaux. Il a enfin invité tous les acteurs de la protection de l’enfant à œuvrer pour le renforcement de l’implication des communautés et de tous les parents à tous les niveaux en vue d’atteindre les objectifs visés pour le plus grand bonheur de tous les enfants du Mali et particulièrement ceux ayant besoin de mesures spéciales de protection.
D. COULIBALY
AMAP-Ségou
Source: Essor