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Journée internationale de la paix : Le cri du cœur des déplacés de Bamako

Réduits à la mendicité et à la débrouillardise dans la capitale, ces personnes en détresse prient pour le retour de la paix, afin de regagner leurs localités et vivre dignement

 

Le monde a récemment célébré la Journée internationale de la paix, commémorée chaque 21 septembre. Conformément à son intitulé, naturellement, cette journée est consacrée au renforcement de l’idéal de paix, tant au sein des pays et des peuples qu’entre eux. à l’occasion de cette commémoration, qui intervient dans un contexte marqué par une insécurité sans précédent au Mali, il y a quelques jours, notre équipe de reportage a fait le tour de certains centres de déplacés de Bamako.

En cette matinée de mercredi du mois de septembre, le ciel est menaçant dans la Cité des ‘’Trois caïmans’’. Le soleil qui venait de commencer sa course, s’éclipse devant de gros nuages qui présagent la pluie. Si certains Bamakois prennent des précautions pour se mettre à l’abri d’éventuelles pluies, les déplacés vivant dans l’ex-Centre Mabilé de Sogoniko en Commune VI du District ne se soucient guère de cette situation. Ces personnes en détresse sont plutôt occupées à recevoir des sacs de 50 kg de riz de la part d’un partenaire de notre pays. Les bambins jouent entre eux. Leurs parents s’en réjouissent.

L’ambiance est festive en ce jour sur ce site, qui compte environ 88 ménages comprenant 369 personnes (hommes, femmes et enfants). Toutefois, cette atmosphère ne fait pas perdre de vue à la plupart d’entre eux l’envie de retourner dans leurs localités respectives, afin de pouvoir vivre «dignement», en menant des activités traditionnelles : l’élevage et l’agriculture.

Selon les responsables du centre de Sogoniko, 80% de ces personnes souhaitent regagner, aujourd’hui, leur terroir lorsque les conditions sécuritaires s’y prêteront. Abdoulaye Boly en fait partie. Ce sexagénaire a quitté le Cercle de Koro (Région de Mopti) avec sa famille à cause du «conflit intercommunautaire». À la fois éleveur et cultivateur de métier, notre interlocuteur affirme avoir perdu tous ses animaux et terres en raison de cette situation. Sans être animé par un esprit de vengeance, Abdoulaye Boly désire retourner, aujourd’hui, dans son village afin de pouvoir mener dignement sa vie. Actuellement, pour subvenir aux besoins de sa famille, le vieil homme est réduit à faire de la mendicité. Notre interlocuteur exhorte l’ensemble des Maliens à cesser les hostilités afin que la paix et le vivre ensemble règnent dans le pays.

Si des communautés s’attaquent dans certaines localités de notre pays, les Peuls et les Dogons, qui résident au centre de Sogoniko, vivent en parfaite harmonie. «Depuis que nous avons commencé à cohabiter ici, il n’y a jamais eu de conflit entre nous», confie le Peul Abdoulaye Boly. Cette assertion est confirmée par un Dogon. Chiaka Ganamé affirme que tout se passe bien avec leurs «frères» Peuls sur ce site. Ce dernier a quitté le Cercle de Koro à cause d’une attaque terroriste, qui a coûté la vie, selon lui, à cinq membres de sa famille. À l’image de son prédécesseur, il souhaite regagner, dans les meilleurs délais, le ‘’pays Dogon’’. En attendant, Chiaka Ganamé, polygame de son état et père de 15 enfants, travaille comme gardien dans un garage de la place afin de pouvoir répondre aux exigences familiales.

DES PETITES ACTIVITÉS GÉNÉRATRICES DE REVENUS-Contrairement à ce dernier, certains déplacés font du petit commerce sur ce site pour joindre les deux bouts. D’autres mènent des activités d’embouche bovine. Alpha Koné, âgé de 51 ans, pratique cette activité. Il révèle avoir entrepris cette initiative à cause de l’insuffisance des aides alimentaires. Et ce, afin de pouvoir subvenir aux besoins de son foyer. Marié et père de huit enfants, notre interlocuteur explique que les déplacés ne reçoivent qu’un sac de vivre par mois, sans en préciser le poids. «Souvent, ça vient en sachet», renchérit-il. Sceptique quant à l’éventuel retour de la paix dans notre pays, Alpha Koné désire, de nos jours, qu’on l’aide dans sa nouvelle entreprise. En partenariat avec le Centre d’animation pédagogique (Cap) de Sogoniko, les responsables de ce site ont pu inscrire à peu près 80 enfants aux groupes scolaires de cette localité. Deux gosses de Tedy Barry ont bénéficié de cette assistance. Remerciant les autorités pour leur accompagnement, la vieille invite les Maliens à se donner la main pour la stabilité du pays afin que les déplacés puissent rentrer.

Au niveau du centre de Faladjè (Commune VI) situé en plein cœur du marché de bétail, le constat est le même. La plupart de ces personnes en détresse désirent regagner leurs terres d’origine, une fois que la situation sécuritaire sera améliorée. Ici également, les communautés Peule et Dogon vivent en parfaite symbiose. Rebecca Kodio confirme cette thèse : «Nous nous entendons très bien sur ce site». Cette femme, qui a fui de la Région de Bandiagara à cause d’une attaque, mène le petit commerce pour pouvoir payer les frais de scolarité de ses deux enfants. Comme beaucoup de déplacés, Rebecca Kodio souhaite retourner, maintenant, sur sa terre natale. En attendant, elle fait face à l’insuffisance alimentaire et au problème de logement.

Créée depuis 1981 par l’Assemblée générale des Nations unies, la Journée internationale de la paix est censée être une journée de «non-violence et de cessez-le-feu». Le thème retenu pour cette année était : «se relever, pour un monde plus équitable et durable». Les milliers des déplacés et réfugiés maliens ont plus que besoin de la paix pour pouvoir reprendre une vie normale dans leurs localités d’origine.

Bembablin DOUMBIA

Source : L’ESSOR

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