Hier, dimanche 12 août 2018, était la Journée internationale de la jeunesse. Cette date célébrée chaque année depuis 1999 est une initiative de l’Assemblée générale des Nations-Unies visant à promouvoir le rôle de la jeunesse dans le changement social.
Chaque année, partout dans le monde, la journée du 12 août est commémorée comme étant la Journée internationale de la jeunesse. Une journée clé permettant de montrer toute l’importance que représente cette couche sociale. La jeunesse, dans plusieurs pays du monde, constitue la population majoritaire. Mais paradoxalement, passive, car cette jeunesse reste la proie au chômage, à l’insécurité, au phénomène migratoire, ainsi que tant d’autres maux. C’est dans cette optique que le thème retenu à l’occasion de cette énième journée dédie à la jeunesse est : « Jeunesse, multiculturalisme, paix et unité nationale ». Une thématique riche en enseignements car elle indexe les divers défis que doivent relever les jeunes de part et d’autre dans le monde.
Dans ce monde déchiré partout par des guerres tantôt terroristes tantôt ethniques, la tâche de la jeunesse se doit d’être la plus lourde, en tant que majoritaire dans la plupart des pays. Cette jeunesse des populations, pour ne pas être un handicap, doit voir naître une conscience qui soit jeune dans les principes, mais vielle dans les actions. Cela passe par l’intériorisation par les jeunes des valeurs du culturalisme, gage de paix et de cohésion sociale.
Cette thématique tombe à point nommé. Elle coïncide avec deux périodes phares dans la vie de la nation malienne, particulièrement. Il s’agit des conflits interethniques, mais aussi de la période électorale. Seule une jeunesse engagée pour la cause de la nation peut permettre de relever ces défis. La persistance de la guerre interethnique à laquelle se livre la population de la région de Mopti, singulièrement, révèle un problème de coexistence pacifique de la population malienne, multiculturaliste. Cela ne relèverait-il pas d’un manque d’intériorisation de ce multiculturalisme qui voudrait que différentes cultures se considèrent comme des moyens d’enrichissement les unes pour les autres au lieu de rester hostiles les unes aux autres ?
L’importance de ce multiculturalisme a longuement été développée par l’ex-Première dame du Mali, Madame Konaré Adam Ba Konaré, dans son livre intitulé l’Os de la Parole. Être peuhl, bambara, malinké, Songhaï, dogons, ne doit constituer en aucun moment un handicap au développement car ces ethnies ont toutes des cultures qui constituent leur identité particulière parmi tant d’autres. Mais n’a-t-on pas démontré, à travers les âges, que l’identité peut être multiple ? Comme dirait Amartya Sen, nous pouvons être poètes et végétariens à la fois. Le multiculturalisme, au lieu d’être regardé comme un obstacle, doit plutôt être vu par cette jeunesse comme gage de développement puisque permettant l’enrichissement des identités. N’est-ce pas ce qu’a soutenu aussi Kwamé Nkrumah dans le Consciencisme en parlant des nombreux avantages dont regorge l’Afrique en parlant de culture ? Ce continent a eu la chance, dit-il, de rentrer en contact avec plusieurs cultures. Il lui suffit, pour s’enrichir, de procéder à une synthèse entre elles. La jeunesse en tant que force du changement doit embrasser cette conscience afin que puisse régner sur nos contrées la paix à travers l’unité nationale.
Dans le contexte spécifiquement malien, cette jeunesse doit non seulement arriver à cette compréhension afin que cessent les conflits interethniques, mais aussi pour rester sur ses gardes afin que le pays ne tombe pas dans une crise poste-électorale. C’est cette jeunesse qui constitue l’avenir de cette nation, un pays multiculturaliste qui n’existe que pour elle.
Cette commémoration d’une journée de la jeunesse est la preuve que les Nations-Unies voient en cette jeunesse une réelle force au service du changement et du progrès social dans diverses contrées du monde entier. Les jeunes se doivent alors d’assumer la confiance portée en eux afin de ne pas décevoir les espoirs.
Fousseni TOGOLA
Source: Le Pays