Le Mali, à l’instar de la communauté internationale, a célébré la journée internationale de la presse le lundi 3 mai. Pour la célébration de l’édition de cette année, la Maison de la Presse du Mali dédie une semaine entière aux cérémonies commémoratives avec la tenue des conférences-débats touchant la vie du métier. Présidant la cérémonie d’ouverture des activités, la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founé Samaké, représentant son homologue de la Communication et de l’Économie numérique, a déclaré que le département de tutelle travaillera avec les faîtières, les régulateurs et les partenaires, en vue d’assainir le secteur au regard du nombre pléthorique d’organes de presse. Le Président de la Maison de la Presse, Bandjougou Danté a laissé entendre que la presse se portera mieux si des réformes courageuses sont entreprises.
La Journée mondiale de la liberté de la presse trouve son origine dans la conférence de l’Unesco à Windhoek en 1991. L’événement s’est terminé, le 3 mai 1991, par l’adoption de la Déclaration de Windhoek pour le développement d’une presse libre, indépendante et pluraliste.
Cette année, le thème retenu pour célébrer la Journée mondiale de la liberté de la presse est : « l’information comme bien public ». Un thème qui souligne, selon Mme le ministre, la nécessité incontestable que nous soyons informés en tant que citoyens tout court. « C’est dire que l’information participe des droits de l’homme. Ce thème appelle l’attention sur le rôle essentiel, que jouent les journalistes libres et professionnels, dans la production et la diffusion des informations. Il attire l’attention sur l’importance de lutter contre les fausses informations et autres contenus préjudiciables », a déclaré Mme Bouaré Bintou Founè Samaké.
Avec près de 400 stations de radios, 200 journaux et une vingtaine de télévisions, la ministre a dénoncé le manque de qualité dans la production de beaucoup de ces organes de presse. Néanmoins, elle a rassuré de la disponibilité de l’Etat à assainir et accompagner le secteur en multipliant les sessions de renforcement de capacités et de mise à niveau des journalistes, afin d’avoir une presse plus professionnelle, respectueuse de l’éthique et de la déontologie. « Ce bon quantitatif n’a toujours pas été suivi de la qualité que notre lectorat, nos auditeurs et téléspectateurs attendent de nous. Ce constat, chers acteurs de la presse malienne, amène le ministère de la Communication et de l’Économie numérique à travailler avec les faîtières, les régulateurs et les partenaires, en vue d’assainir le secteur ».
Pour sa part, le Président de la Maison de la Presse a indiqué que le nouveau bureau dont il est à la tête se propose de travailler à refonder la presse malienne, qui en a aujourd’hui bien besoin. « En effet, rien ni personne ne pourra nous distraire dans l’accomplissement de cette mission historique. N’est pas journaliste qui le veut et la création d’un organe, de quelque type que ce soit, est soumise à des critères et à des règles bien définis. Nous le rappelons solennellement à ceux qui voudraient amener le gangstérisme dans notre profession, aux nostalgiques des trafics d’influence et des gestions chaotiques, aux prétendus professionnels qui opèrent simplement à partir d’un Smartphone et à ceux qui travaillent aujourd’hui à salir l’image de notre maison commune. Qu’ils se ressaisissent», a laissé entendre Bandjougou Danté.
Aussi, le patron de la presse malienne a poussé un cri de cœur à l’endroit des autorités du pays indiquant qu’elles sont vivement interpellées par rapport à la situation actuelle, aux conséquences incalculables pour tout le pays dans le futur. A ses dires, il s’agit notamment : du non paiement de l’aide directe à la presse depuis deux ans, du manque d’appui aux organisations faîtières pour la mise en place d’outils efficaces d’autorégulation pour anticiper et relever les dérapages, de la rénovation de la Maison de la Presse, promise mais non encore réalisée en dépit des bonnes volontés maintes fois exprimées, des déviations graves (injures, menaces de mort, incitation à la haine, tentatives d’intimidation, diffamations) de la part de certaines personnalités influentes et de leurs partisans, non sanctionnées, sur les réseaux sociaux.
En outre, le président Danté a réitéré sa demande aux autorités de la transition de tout mettre en œuvre pour faire la lumière sur des affaires effrayantes telles que l’enlèvement et la disparition de journalistes dont Birama Touré qui demeure introuvable depuis 5 ans ainsi que les interpellations extrajudiciaires dont font l’objet les hommes de médias.
Pour conclure, Bandjougou Danté a laissé entendre que la presse se portera mieux si des réformes courageuses sont entreprises notamment la dépénalisation des délits de presse, l’indexation de l’aide directe à la presse et les aides indirectes, l’adoption des textes régissant la presse en ligne.
Alassane CISSOUMA
Source: Journal Mali Tribune