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Journalisme et culture : QUELS DEFIS ?

 

Ramatoulaye Diallo NDiaye Ministre Culture discours visite qatar

Au Mali, grand pays de culture dit-on, lorsqu’on parle culture, tout le monde pense instruction. Malheureusement, l’homme instruit dans notre pays ne véhicule que la culture du pays d’apprentissage de son savoir. Il est riche de la culture d’autrui dans une tête noire. Et, il est si fier de son instruction qu’il singe la manière de parler de l’autre en crachant la consonne « R » dans la prise de la parole publique.

La colonisation :

Arabe ?

Française ?

Hiro Hito ?

L’Africain ?

Milmo ?

Au 20è Siècle la colonisation française a imposé aux États africains une nouvelle culture afin de pouvoir asseoir un modèle économique et social nouveau, ne répondant aucunement à la culture des sociétés concernées considérées comme barbares, sauvages et sanguinaires. Une culture artificielle étant à la base des économies des pays en développement, l’échec des politiques africaines en est la conséquence finale.

Comment définir la culture ?

L’intellectuel Malien : Don ni Tèkèrè… le folklore.

Mais en bamanankan, nous l’appelons « Seko ni Donko » ce qui traduit le savoir-faire et le savoir-être. La culture serait donc le mode de vie, les pratiques d’un peuple, l’ensemble des faits et gestes d’un groupe d’homme. C’est la manière dont il conçoit, organise et conduit son existence quotidienne et millénaire. Ce sont les gestes et les paroles employés pour demander la main d’une jeune fille, l’introduire dans sa maison, s’unir à elle. C’est l’ensemble des interdits ou des régimes alimentaires qui accompagnent la grossesse. C’est la manière dont l’enfant est éduqué, initié et introduit dans la société des adultes. C’est le vêtir, l’habitat. Ce sont les rites thérapeutiques et funéraires. C’est tout ce grâce à quoi et pourquoi l’homme existe et subsiste, c’est l’arsenal des moyens techniques et mystiques qui assurent vie et survie à l’homme et à son environnement.

Pour faire plus simple, la culture n’est autre que l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs qui caractérisent une société  ou un groupe social. C’est cela la culture, le Seko et le Donko, d’un peuple.

La culture a donc un caractère globalisant. Alors, quelle place pour le journaliste dans la sauvegarde et la promotion de ce qui de nos jours est devenu un enjeu ? Yiningali gelin !

De prime abord, il faut préciser qu’on ne s’improvise pas journaliste.

Le journalisme est un métier qui s’apprend, et bien qu’étant une science, celui qui l’exerce doit être honnête, courtois, discret, humble et plein d’abnégation. On apprend souvent comme principale règle : Qui ? dit quoi ? à qui ? pourquoi ? Et c’est cela le destrier de l’information ou, qui fait quoi ? Où ? Quand ? à Qui ? Comment ? Pourquoi ?

Mais attention ! L’exception confirmant la règle, le Mali a connu de très grands journalistes, pétris de talent qui ne sont passés par aucune école de journalisme. Bon nombre était des enseignants avec non seulement une belle voix radiophonique, mais aussi et surtout une perspicacité et une honnêteté intellectuelle hors du commun. Il faut remercier alors Aïssata Cissé, Abdoul Karim Dravé, Abdoul Sy, Abdoul Gassama, Amadou Thiam, Bourama Coulibaly, Seyba Lamine Diakité, Tiémoko Macalou, Lamine Coulibaly, Karfala Kouyaté et la presse écrite Kabiné  Bemba Diakité et tant d’autres qui furent des éclaireurs sur le chemin ô combien épineux du journalisme.

Il n’est pas aisé d’être un homme de la culture et être journaliste est un métier des plus difficiles ; alors le journaliste culturel n’est pas à envier. Peut-on faire la promotion de ce qu’on ignore ? La réponse à ces questions est simple. Le manque d’initiative en faveur de la mise ne valeur des secteurs porteur d’émergences : le journaliste culturel doit susciter l’éveil des conscience. Il ne s’agit pas pour lui de retourner à la tradition ; mais d’avoir plutôt recours au savoir traditionnel.

Le cinéma et le théâtre sont de puissants vecteurs d’émergences.  La  France avec les films barbares relatant la vie de la Rome antique a imposé sa culture en Afrique de l’Ouest. L’Amérique avec la série Rambo et Commando s’est déclarée redresseur de tort, donc le gendarme du monde. Avec la série « 24h Chrono », le monde fût préparé à accepter un Noir à la tête de la première puissance du monde. Bientôt, ne soyons donc pas surpris d’avoir une femme présidente des États-Unis d’Amérique.

« Wari » et « Férékenyamibugu » voilà deux pièces qui ont beaucoup contribué à l’éveil des consciences dans la conjugaison des conditions objectives et subjectives de l’insurrection de Mars 1991.

Et la crise au Mali ? Bina avait conscience que le conflit naissait dans le cœur des hommes : « Dusu bè Hakili kuon ». Alors, il a crée dans l’esprit de l’homme un mécanisme de prévention de conflits ; parce qu’il savait que « mieux vaut prévenir que guérir ». Ainsi nous eûmes : le « seninkunya », le « kanimèya », le « mamaya »,  le « yimogoya »

Ce mécanisme est si puissant que tout conflit prend fin dès la connaissance du degré de parenté des patronymes des protagonistes. Un Targui ne lèvera jamais, au grand jamais, la main sur un Dogonon.

Alors ? Paradoxalement en Europe, lorsque quelqu’un ou un groupe prend les armes contre son pays, il s’appelle terroriste, seul la mort doit expier son forfait. En Afrique, il est appelé rebelle, revendiquant n’importe quoi parce que marginalisé. Oui ! Le ridicule ne tue pas en Afrique, il faut négocier avec la minorité.

Le journaliste culturel se doit de comprendre ce paradoxe car le mot apatride n’a pas le même sens selon qu’on soit Blanc ou Noir, au Nord ou au Sud. Le journaliste culturel doit être un homme de la culture, de la sienne d’abord, puis de celle de l’autre au risque de n’en être que le prolongement car la toiture d’une case ne saurait couvrir une autre pour laquelle elle n’a pas été faite, « Na ma dogoya, a bè boyan a ma », disent les anciens.

Ka filiyan ka bô kuma la.

Magma Gabriel KONATE

 

Source : Essor

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