Le séjour éclair de Joe Biden à Ottawa, les 23 et 24 mars, est la première visite officielle d’un président américain au Canada depuis celle de Barak Obama en 2009. L’ex-locataire de la Maison Blanche Donald Trump, dont les relations avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, étaient notoirement tumultueuses, n’y avait fait qu’un saut dans le cadre d’un sommet du G7 à Charlevoix (Québec) en 2018.

« Les Etats-Unis sont le meilleur ami et le meilleur allié du Canada », a assuré Justin Trudeau en recevant vendredi le président américain dans le hall d’honneur du Parlement canadien. « Nous avons parfois des désaccords, mais il n’y a aucune différence fondamentale dans les valeurs démocratiques que nous avons en commun », a renchéri Joe Biden.

Signe de la cordialité retrouvée entre les deux pays, cette visite a notamment permis le règlement d’un dossier en souffrance depuis plusieurs années, celui de l’immigration irrégulière à leur frontière commune.

Dans son discours prononcé devant la Chambre des communes à Ottawa, le président américain a confirmé que les deux pays allaient « travailler ensemble pour décourager les traversées illégales », saluant l’engagement du Canada à accueillir de manière régulière 15 000 migrants venus de tout le continent américain. Cet accord était censé entrer en vigueur le soir même de son annonce, soit le 24 mars à minuit.

« Pression insupportable »

Depuis la fin de la pandémie de Covid-19 et la réouverture de l’immense frontière canado-américaine, le Canada fait face à un afflux de migrants venus principalement d’Haïti, de Colombie, du Venezuela ou encore du Pakistan, qui contournent les points d’entrée officiels entre les deux pays. En passant principalement par le « chemin Roxham », un point de passage situé entre l’Etat de New York (Etats-Unis) et le village québécois de Saint-Bernard-de-Lacolle, à une soixantaine de kilomètres de Montréal (Québec), ces migrants échappaient à l’Entente sur les tiers pays sûrs signée entre les deux voisins en 2002, qui leur impose de déposer une demande d’asile au poste-frontière du premier pays sûr où ils mettent les pieds.

Cette porte d’entrée « irrégulière » mais pas illégale a vu passer en 2022 près de 40 000 personnes, attirées par la promesse d’une régularisation plus souple au Canada qu’aux Etats-Unis. Pressé par le gouvernement québécois, qui dénonçait une « pression insupportable » sur ses infrastructures d’accueil, Ottawa avait à cœur de voir Washington l’aider à régler cette situation.