Mamoutou T. est un consommateur de stupéfiants. Il a fumé de la drogue pour la première fois par curiosité. Aujourd’hui, il est devenu accro « quand je prends ma dose, je me sens sur une autre planète. Il me le faut chaque jour sinon je deviens comme un malade. Je ne pourrai plus arrêter de fumer », rapporte le jeune consommateur. Il est convaincu qu’il n’y a pas de conséquence sur sa santé « chacun a ses plaisirs. Le mien, c’est de l’herbe », ajoute-t-il, heureux.
Une autre motivation pousse B. Sangara, 24 ans, à rester dans la consommation de la drogue « Je fume de la drogue pour m’inspirer et me sentir bien dans ma peau. Quand je prends une tire, la peur disparait dans mon corps, rien ne peut m’arrêter. Je tiens face à n’importe quelle personne. Il n’y a pas de gout particulier à la drogue, dit-il. Souvent les gens pensent qu’on est fou. Ce n’est pas vrai », répond Sangara.
Contrairement aux deux premiers, la jeune A. C. ne prend plus de stupéfiants depuis trois ans. Ses souvenirs d’ancienne consommatrice ne la quitte pas pour autant. « J’ai commencé à prendre des stupéfiants à quatorze ans. Je venais d’être admise au lycée. En ce moment, je n’avais pas trop l’étude à cœur. Il y avait un espace appelé palais des chômeurs non loin du lycée. Là-bas il se trouvait toujours des élèves qui se droguaient et fumaient de la cigarette. Du coup, j’ai décidé de faire comme eux pour me faire une place dans le groupe », raconte la jeune fille. Elle dit tout arrêter depuis 2019 à cause des nombreuses plaintes venant de sa famille, ses proches. Une autre raison a accéléré cette reconversion. « J’ai arrêté de fumer car un de nos amis a perdu toutes ses facultés mentales à cause de ses stupéfiants », selon A.C. Elle demande aux jeunes de se passer des stupéfiants qui « sont source des traumatisantes et de nombreux accidents routiers ».
Aux dires de Meissa Sarr, sociologue à la Faculté des sciences humaines et des Sciences de l’Education de Bamako, la cause de la dépendance aux stupéfiants des jeunes est le désœuvrement, les mauvaises influences.
Les conséquences sont très graves, selon le sociologue « la population malienne est à 65 % des jeunes de moins de 25 ans. Si ceux qui sont censés construire l’avenir du pays est sous dépendant, ça devient compliquer parce qu’on ne pourrait pas compter sur ses jeunes pour la construction du pays. Les inconvenants sont extrêmement graves sur le longue terme, ça peut répercuter sur plusieurs générations ».
De l’avis du Dr. Alassane Dembélé, médecin généraliste au CSREF de Sikasso, les stupéfiants entrainent généralement une accoutumance et un état de stupeur.
« Les produits qualifiés de stupéfiants sont entre autres l’annexe. Il contient le Cannabis, les feuilles de coca, la cocaïne, l’opium, la morphine, la méthadone et l’héroïne », explique-t-il.
Parmi les conséquences néfastes qu’entrainent l’usage et l’abus des drogue chez les jeunes, le médecin généraliste a cité la dépendance, les surdoses, les accidents, les dommages physique et psychologiques et parfois un décès prématuré.
Pour Dr. Alassane Dembélé, la prise en charge se fait en deux sevrages. « Sevrage ambulatoire : le patient suit une hospitalisation de jour ou à domicile. En sevrage résidentiel : le patient est admis à l’hôpital ou dans un centre de soins spécialisé pour une hospitalisation dont la durée va dépendre de la gravité de son cas et de ses progrès obtenus ».
Face à la dangerosité du phénomène, Abdoulaye Berthe, agent à la CMDT, pense qu’il doit être bannie par tout responsable de famille « Personne n’est sensé ignorer l’impact négatifs des stupéfiants dans la société. Ça augmente le taux du banditisme, la criminalité Aussi, la consommation peut aussi engendrer la folie mais aussi les rendre vulnérables ».
Sory Ibrahim Diarra enseignant est du même avis qu’Abdoulaye. Selon lui, la prise des stupéfiants « devient un fléau contre lequel on doit tous lutter pour l’avenir de la jeunesse afin que ces derniers puissent être responsables et non dépendants de ces produits dangereux ».
En guise de solution, le sociologue Meissa, demande d’occuper les jeunes en créant des emplois.
Dr. Dembélé plaide pour la mise en place d’un système qui permet d’informer la jeunesse, la création des centres de prise en charge qu’il faut et leur équipement. Le médecin généraliste au CSREF de Sikasso insiste sur un dernier aspect, « les parents doivent être présents dans la vie de leurs enfants, être toujours à l’écoute de ses derniers et non les culpabiliser ».
Awa Berthe
(stagiaire)