Ce n’est plus qu’un secret de Polichinelle, la France soutient le MNLA, et le MNLA roule pour la France ; c’est du pareil au même. L’on serait donc tenter de s’interroger aujourd’hui, pour coller à l’actualité : à qui profite le refus du MNLA de signer l’accord d’Alger ?
Nul n’est dupe. Malgré les avantages accordés à cette catégorie de Maliens cependant moins patriotes que les autres, dont des criminels invétérés qui mériteraient plutôt de comparaître devant la Cour pénale internationale, les voilà encore et comme toujours dans leur dynamique de mercenaires à la solde des puissances étrangères. Lorsque le terrorisme est utilisé comme outil de politique étrangère par des Etats, cela s’appelle guerre par procuration. Au Mali il ne s’agit pas de terrorisme mais de terrorisme d’Etat, les mercenaires employés pour ce dessein ne sont que des tentacules d’une même pieuvre, qu’ils prétendent agir au nom de l’Islam ou au nom de l’Azawad. Car il ne s’agit pas de combattants au nom de l’Islam ni même d’un Islam perverti mais de mercenaires sans principes, sans attaches ni programme ni but. Ils ne servent pas leurs intérêts propres mais ceux de l’Occident, de manière consciente et préméditée. Ces
mercenaires sont les harkis des temps modernes, et comme les harkis n’ont pas d’idéologie, les terroristes se prétendant de l’Islam n’en ont pas.
Notre confrère Ali El Hadj Tahar du journal Le Soir d’Algérie dans » Fruits rouges » le dit sans ambages : » Aucun musulman et aucun savant musulman ne peut ignorer que « vouloir créer un Etat musulman, c’est sacraliser le pouvoir », comme le résume le mufti de la république syrienne, cheikh Badr El-Dine Hassoun qui considère que l’Etat en terre d’Islam ne peut être que laïc et séculier pour que des hommes ne monopolisent pas les Choses d’Allah, qui sont censées appartenir à tous. Et ce, ajoute un autre imam syrien, Mohamed Saïd Ramadan Al-Bouti, pour que le savant musulman et la théologie musulmane ne soient pas prisonniers de potentats se prétendant de l’Islam comme l’ont montré les dictatures saoudiennes et celles des rois Hassen II du Maroc et Hussein de Jordanie… »
Aujourd’hui plusieurs interrogations s’imposent. Quels sont les acteurs de l’ombre et à qui obéissent les prétendus groupes « islamistes » et « séparatistes » qui s’apparentent beaucoup plus à des mercenaires qu’à des rebelles de conviction et de principes, aussi faux et archaïques soient-ils ? Comment a fonctionné le scénario qui a permis à ces mercenaires de s’installer au Mali ? Avec quels moyens et soutiens ? Pourquoi le Mali ne pouvait pas se défendre ? Comment il en a été empêché avant et après un mystérieux coup d’Etat ?
Les réponses à ces questions sont connues de tous, principalement par les seigneurs tapis dans l’ombre aux Etats-Unis et en France en leur qualité de fabricants et de vendeurs d’armes, et au Qatar en sa qualité de payeur de la facture pour le compte des mercenaires.
Soulignons d’abord que le gouvernement du Mali, pour couper cours à la surenchère et à l’irrédentisme, a bien fait de rappeler de manière solennelle que le paraphe du document dit projet d’accord d’Alger, en attendant sa signature, exclut toute idée de nouvelles négociations sur son contenu, tout en appelant la Médiation à ses responsabilités en tant que garant du processus de paix. Dont l’objectif est de permettre à notre pays de reconstruire le vivre ensemble et offrir aux réfugiés et aux déplacés la possibilité de regagner leurs foyers dans un climat apaisé.
La France sur le ban des accusés
Citons toujours Ali El Hadj Tahar dans Le Soir d’Algérie : » La dette malienne s’élevait à 3,19 milliards de dollars en 2012, ce qui est énorme pour un pays qui ne vit que de la vente du coton, d’élevage et d’agriculture. Comment satisfaire les besoins d’une population de 14 millions d’habitants avec un budget de l’Etat de 150 millions d’euros (année 2012), soit à peine la moitié du budget du ministère algérien de la Culture ? La France détient 25% de cette dette et le Qatar, 4%. Les créanciers refusent de passer l’éponge, ce qui oblige le Mali à accepter, en 1992, un plan d’ajustement structurel (libéralisation des prix, ouverture du marché, vente des terres agricoles aux Français) qui, au lieu de relancer la croissance, a rendu le pays plus vulnérable et dépendant de l’extérieur, avec un appauvrissaient plus grand. 72,8% des Maliens vivent avec moins d’un dollar par jour. La misère ne fait que grandir mais les créanciers restent
de glace. Pis : le 11 janvier 1994, la France décide de dévaluer le franc CFA de 50% par rapport au franc français, car le Mali fait partie de la zone franc comme quatorze autres Etats africains et des îles du Pacifique. Cette dévaluation met le peuple malien à genoux : la descente aux enfers peut commencer, et le plan se resserrer. Heureusement, Kadhafi offre des milliers d’emplois aux Maliens, y compris au sein de son armée. Mais lorsqu’il propose au Mali et à d’autres pays de sortir de la zone franc pour préparer la création d’une nouvelle monnaie africaine, de gros problèmes commencent pour les Maliens et Libyens. Les problèmes maliens sont aussi liés au refus du président Amadou Toumani Touré (ATT) d’offrir à la France une base militaire au Mali, base destinée à contrecarrer l’influence libyenne, chinoise, russe et américaine dans sa zone d’influence historique. Les militaires français ont été chassés du Sénégal et doivent
bientôt déguerpir du Tchad : la crise malienne va-t-elle empêcher cela et servir à renforcer le prestige d’une France civilisée libératrice des nations du terrorisme barbare ? La « menace » terroriste marche à tous les coups, y a qu’à voir l’augmentation exponentielle des ventes d’armes à travers le monde et la prolifération de bases militaires américaines. ATT aurait aussi voulu écarter la France (Total) de l’exploitation des gisements de pétrole qui ont été découverts… au Nord-Mali, au sud de la wilaya algérienne d’Adrar. Le pétrole est dans le ventre de la terre mais par-dessus, c’est la misère. Le remboursement de la dette et l’ajustement structurel imposé par le FMI ont mis le Mali à genoux : il n’avait même pas de quoi acheter des munitions pour ses soldats : c’est ce qu’a dit le président ATT ! D’ailleurs, déjà en 2010, selon un câble de Wikileaks, le brigadier général marocain Abdellah Hamdoun, directeur de
l’Intelligence marocaine, informait les Etats-Unis que le Mali manquait de moyens pour contrer Aqmi… »
Aussi, qui ne se souvient pas que la France soit venue chasser les « terroristes » de Kidal pour y loger le MNLA avec interdiction à l’armée et aux autorités maliennes d’y séjourner ? Même Iyad Ag Gali se promène à Kidal mais Ibk ne peut s’y rendre. Parce que la France l’a voulu ainsi, et que le Mali n’y peut rien.
De la responsabilité de l’OTAN
« Pour précipiter la chute de Kadhafi, l’OTAN a distribué 20 000 tonnes d’armes et de munitions aux groupes « révolutionnaires » par l’entremise du ministre de la défense du Qatar, en qualité de payeur de la facture. En septembre 2011, l’OTAN l’a également chargé de récupérer les armes en question, mais il a laissé des arsenaux entiers à disposition du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), filiale d’Al-Qaïda. Le 10 novembre 2012, Mahmoud Jibril, leader du CNT et chef du parti Alliance des forces nationales libyennes, vainqueur des élections du 7 juillet 2012, disait sur la chaîne irakienne Al Hurra que le Qatar refusait toujours de récupérer les armes qu’il a distribuées aux groupes rebelles qui ont « libéré » son pays, ce qui suppose que Doha a aussi le contrôle sur ces groupes. En vérité, ce sont les Etats-Unis et la France qui sont les premiers responsables de cette situation car le Qatar ne peut laisser des armes dans la
nature sans blanc-seing. Cette information, parmi d’autres dont celles qui filtrent des déclarations officielles, conforte la thèse d’une conspiration au Mali…
Les arsenaux illégalement détenus en Libye et au Mali dépassent donc ceux de certains Etats de la région, c’est ce qu’ont montré les attaques du camp militaire et de l’unité méhariste de Ménaka, ainsi que les garnisons de Tessalit et d’Aguelhok les 17 et 18 janvier 2012.
Les arsenaux des « révolutionnaires » libyens semblent avoir été créés intentionnellement pour l’usage local permanent et une distribution régionale et internationale, également permanente », précise Ali El Hadj Tahar.
Pour rappel, le 17 janvier 2012, le MNLA, Ansar Dine et Aqmi mènent conjointement des attaques contre des casernes maliennes et conquièrent les principales villes du septentrion, dont Kidal, Gao et Tombouctou. L’alliance contre-nature des « séparatistes » et des pseudo-islamistes n’a étonné personne mais elle atteste que tous ces mercenaires n’ont aucune conviction religieuse ou politique réelle et qu’ils opèrent dans une même logique pour un même commanditaire, en fait qu’ils ne sont que des pions dans un plan étranger, tout comme la nébuleuse mère Al-Qaïda, dont les patrons ne sont pas dans des grottes mais dans des bureaux de banques, d’agences de renseignements, de bureaux de présidences ou de chefferies de gouvernements.
En outre, depuis l’entrée de la force serval à Kidal, des échos nous parviennent que la France serait empêtrée dans la recherche minière dans la zone. C’est pourquoi il est interdit toute entrée des forces régulières maliennes dans la zone dont l’accès est strictement réservé à la France et au MNLA. Aussi, dans la guerre de libération de Kidal, de forts soupçons pèsent sur l’intervention française auprès du MNLA le 21 mai 2014, notamment par le brouillage de communications, la présence physique de soldats français armés et l’observation de cadavres français fait foi, pour mettre en déroute l’armée malienne. S’agit-il de mercenaires français, ceux-là envoyés pour entraîner nos troupes et qui à l’occasion s’érigent en combattants contre leurs élèves ?
Que dire de l’atterrissage nocturne de cargos à Kidal ? Pour exporter l’or malien ? Quid des actes terroristes qui se multiplient au Nord et même à Bamako malgré l’opération Barkhane et la présence de la MINUSMA ?
Après Sarkozy, voilà Hollande. L’on peut parier que la main de la France n’est plus invisible, elle n’arrêtera d’ailleurs pas de nous gifler tant que ses objectifs ne sont pas atteints ou que nous commencions à lui jouer des tours en conséquence. Aux autorités de sévir tant que faire se peut. Il faut désarmer ceux qui refusent de signer l’accord, c’est de la responsabilité de la communauté internationale pour justifier sa présence à nos côtés. D’ici là, nous ne pouvons qu’accuser la France de s’être portée auprès du MNLA qui refuse de signer l’accord, alors pour des convenances de son employeur.
Mamadou DABO
SOURCE : Zénith Balé