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Jacques Faty : “Amateurisme et corruption retardent le football africain”

Désormais en Australie, où il va prendre part aux play-offs avec son club de Sydney FC, Jacques Faty garde un œil avisé sur le monde du ballon rond malgré la distance. Invité de “L’Entretien du mois” sur Afrik-Foot, l’ancien pensionnaire de Rennes revient sur son parcours, son expérience australienne et livre son regard sur la Ligue 1, le football africain, le Sénégal qui lui tient à cœur, mais aussi la France qu’il trouve changée. Entretien (partie1).
 Jacques Faty joueur football senegal

Après des débuts à Epinay, les passages par Rennes, l’OM, la Turquie, la Chine, te voilà en Australie depuis janvier. C’est quand même atypique comme parcours ?

C’est clair que c’est une trajectoire atypique, voire bizarre, mais à un moment donné je me suis dis que j’avais deux solutions : soit je faisais une carrière avec comme choix que des grands clubs et dans ce sens je suivais le parcours qui m’était prédestiné à mes débuts, soit je n’y arrivais pas et concrètement j’utilisais le football pour découvrir d’autres horizons, d’autres cultures, rencontrer d’autres personnes et civilisations, tout en prenant du plaisir à jouer.

En somme le football c’est devenu ton moyen de voyager ?

A la base j’avais un rêve, celui d’évoluer dans des grands clubs européens, jouer la Ligue des champions chaque saison comme le font des Demba Ba ou Moussa Sow et en profiter au maximum. Mais je n’ai pas réussi à le réaliser, du coup j’ai décidé de profiter de mon sport pour voyager et découvrir autre chose.

Tu as déjà fait Europe, Asie et Océanie, il ne te reste que deux continents et tu auras fait le tour…

Je suis devenu un homme du monde, alors si j’ai une offre intéressante, pourquoi pas ? J’aime bien visiter, voir ce qui se passe ailleurs. L’Afrique du Sud par exemple ça pourrait être un challenge, après si on me dit le Malawi… (rires)

Pourquoi le choix de l’Australie après la Chine ?

En Chine ce n’était pas des vacances mais niveau football, c’était vraiment faible. Sur les plans physique et athlétique j’avais vraiment beaucoup perdu par rapport à mes prestations de l’époque en Ligue 1 ou en Turquie. Il fallait que je retrouve un club intermédiaire, plus professionnel et plus médiatisé. Ici au niveau des médias on est plus suivi, c’est plus sérieux et ça peut me permettre pourquoi pas de me relancer. Je pense que le Sydney FC c’est l’idéal pour ça.
Il y a réellement du niveau en Australie ?

Plus qu’en Chine déjà. C’est beaucoup mieux structuré, il y a des joueurs de qualité. Après il n’y a pas beaucoup d’équipes, ce qui fait qu’on se joue trois fois, mais au niveau des infrastructures c’est vraiment professionnel et je suis content.

Surtout que sur le plan sportif tous les voyants sont au vert pour ton cousin (Mickaël Tavares) et toi. Vous jouez, vous êtes performants et qualifiés pour les play-offs… Bonne expérience ?

C’est une très bonne expérience. On est arrivé, le club était 6e au classement. On est remonté au fil des matches. Depuis qu’on est là, on a aussi aidé à apporter un peu plus de professionnalisme au club, on a fini 2e après une grande remontée, nous sommes l’équipe qui a pris le plus de points sur la phase retour, on joue bien, c’est vraiment un grand plaisir. Avec notre dynamique on peut viser le titre dans les play-offs.

Et en plus tu marques maintenant !

(Rires) Tu as vu ça ! Après, même en Chine je marquais. J’ai mis cinq buts la saison dernière mais il n’y avait pas les vidéos ! Je marquais pas mal même si le niveau était un peu faible. Ça continue ici où je reprends du plaisir et où je suis redevenu performant.

Déçu par l’OM, Paris finira champion

Tu as des retours depuis la France ou l’étranger de la part de proches ou fans sur ce que tu réalises à Sydney ?

En France ça parle pas mal, j’ai des retours positifs sur ce qu’on fait mon cousin et moi. J’utilise pas mal Twitter aussi pour échanger avec des amis, des fans. Ça fait garder le contact.

Malgré la distance et le décalage tu suis encore la Ligue 1 ou les autres championnats européens ?

Ah oui je suis pas mal ! D’abord la Turquie parce que mes amis Demba Ba et Moussa Sow sont là-bas, la Ligue 1 ensuite évidemment vu que j’y suis passé, puis les autres championnats.

Tu en penses quoi de cette saison de Ligue 1, avec le duel PSG-OL et la perte de vitesse de l’OM ?

L’OM m’a vraiment déçu sur cette fin de saison. Ils sont essoufflés… C’est dommage. Après, le PSG est fidèle à lui-même et je pense qu’ils finiront champions. Lyon c’est une très bonne surprise avec des jeunes. Ils ont réussi à faire de belles choses, même si je suis triste pour Arnold Mvuemba. Pour moi c’est l’un des meilleurs joueurs que j’ai connu au poste de milieu de terrain et ne pas le voir jouer ni être dans le groupe des fois ça m’a un peu attristé. Mais oui je suis ce qui se passe en Ligue 1, il y a un bon niveau avec Monaco aussi et Saint-Etienne qui fait bonne impression. Ça rappelle l’époque de la “Division 1” où les gros étaient aux premières places.

Mickaël Tavares attend toujours une prime non-versée par la FSF

Tu gardes aussi un œil sur ce qui se passe en Afrique ? Actuellement tout le monde parle de la Côte d’Ivoire et de l’affaire des primes.

Je n’ai pas suivi dans les détails, mais bon c’est monnaie courante… Je ne suis pas étonné de cette situation même si c’est triste. Encore une fois on va dire “c’est l’Afrique”. C’est toujours la même histoire. Même à l’époque où je jouais pour le Sénégal on a eu des problèmes avec les primes.

Et ça se passait comment ?

La différence c’est que nous ça se passait en interne. Ce n’est jamais vraiment sorti dans les médias, on réglait ça entre nous. Mais pareil, la fédération et le ministère se renvoyaient la balle. C’est un truc que toutes les équipes africaines ont dû connaître, avec cet amateurisme et cette corruption qui retardent le football africain.

Justement, en interne comment la situation était-elle gérée ?

Dans le groupe il y avait des leaders. A l’époque on avait Souleymane Diawara, Mamadou Niang et Pape Diakhaté qui étaient là et faisaient des réunions, appelaient le président de la fédération pour discuter des primes et gérer les conflits. Après, avec le Sénégal on n’a pas eu de grands problèmes même s’ils ont essayé de nous faire le coup. Dans l’ensemble ça s’est bien passé, même si Mickaël Tavares attend toujours de toucher une prime de qualification pour la CAN que la fédération ne lui a toujours pas versé.

Sérieusement ?

D’ailleurs il ne l’aura sans doute jamais (rires). C’est sûr qu’ils ont même oublié cette histoire vu qu’en plus il n’a plus été rappelé depuis des années. Je ne pense pas qu’ils vont le payer un jour.

Donc tu suis toujours ce que fait la sélection du Sénégal ? La CAN 2015 par exemple ?

Evidemment ! Avec le Sénégal c’est toujours le même problème. On a l’effectif pour être parmi les favoris ou ceux qui peuvent créer la surprise, mais derrière on n’y arrive pas. Pour avoir des résultats il faut de la stabilité et arrêter de tout le temps s’en prendre aux entraîneurs quand ça ne va pas. Il faut aussi voir les vrais problèmes au sein de l’équipe, de l’encadrement et avoir un coach qui soit en place dans la durée et puisse aussi faire progresser les jeunes. Il n’y a que comme ça qu’on aura des résultats. Tout ne peut pas être fait en un ou deux ans.

Jouer pour mon pays ? Je ne peux pas refuser

Avec Aliou Cissé justement qui était à la tête des Olympiques, le projet va plus dans ce sens ?

Il m’avait entraîné lorsqu’il avait assuré l’intérim dans un match contre l’Afrique du Sud. On a senti que c’était un coach rigoureux, avec une philosophie de jeu que j’apprécie. Il a une bonne mentalité et je pense, en tout cas j’espère, qu’il fera de grandes choses avec le Sénégal.

Surtout qu’en ce moment il commence a y avoir une certaine émergence d’entraîneurs locaux. Peuvent-ils être à la hauteur ?

Tant qu’il y a la compétence et les capacités, je pense qu’ils peuvent faire le travail comme les expatriés. Il faut arrêter cette défiance vis à vis de l’Africain, mais aussi l’opposition local-expatrié. Par exemple le meilleur coach que le Sénégal a eu, c’était Bruno Metsu. Il était blanc et a fait du bon travail. Local ou non, là n’est pas la question. Tant qu’il y a les compétences, c’est le principal. Ce que je trouve triste, c’est qu’il n’y a pas assez de coachs locaux à qui on donne leur chance. Pourtant il y en a qui sont compétents, mais on n’en voit pas beaucoup sur les bancs. Et pour revenir à Aliou Cissé, vu son parcours, il a les épaules pour le poste.

S’il fait appel à toi tu reviens en sélection ?

Direct je reviens ! Jouer pour mon pays ? Je ne peux pas refuser. Je préfère encore prendre ma retraite dans ce cas. Retrouver des anciens coéquipiers, l’ambiance de la sélection et même la famille au Sénégal, ça manque.

Donc ça reste quand même dans un coin de ta tête ?

Pas vraiment… Je vois quand même qu’il y a une nouvelle génération avec des joueurs qui sont performants, qui jouent dans de bons clubs et sont dans des circonstances plus favorables par rapport à moi. L’Australie c’est loin, ça fait un moment que j’ai disparu des radars. Après, si un jour il a besoin de moi, je répondrais présent.

- Retrouvez la seconde partie de l’entretien ce vendredi 1er mai

Source: Afrik

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