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Israël: où en est la construction du mur de séparation?

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La Cour suprême israélienne examine ce mercredi 29 janvier deux recours en justice visant à détourner le tracé du mur qui sépare Israël des territoires palestiniens : dans un cas parce que le passage du mur détruirait le patrimoine historique du village palestinien de Battir, dans l’autre parce qu’il couperait en deux le domaine chrétien de Crémisan, les deux sites se trouvant aux environs de Jérusalem.

De notre correspondante à Jérusalem,

Barrière de sécurité pour les uns, mur de séparation pour les autres, l’édifice lancé en 2002 par Israël avance : entre 400 et 500 km construits sur les 700 km prévus dans le tracé initial. A certains endroits, c’est une simple clôture, à d’autres, un véritable mur de béton qui peut s’élever à neuf mètres de haut, qui défigure le paysage et rend la vie impossible à des dizaines de milliers de Palestiniens.

L’objectif affiché par l’Etat hébreu en lançant la construction de ce mur, entre Israël et les territoires palestiniens, était d’arrêter les attentats terroristes, nombreux aux débuts des années 2000. Objectif atteint aujourd’hui, selon Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères : « Cette barrière de sécurité a contribué à faire baisser les infiltrations de kamikazes et autres terroristes à presque zéro (…) alors qu’il y avait des attentats toutes les semaines à cette époque ».

Yigal Palmor reconnait toutefois que la barrière seule ne fait pas tout. Les opérations anti-terroristes israéliennes, la coopération avec les services de sécurité palestiniens ont aidé à réduire le nombre d’attentats.

Un mur illégal selon la Cour internationale de justice

Le mur est toutefois très contesté. Son tracé se situe majoritairement en Cisjordanie et non le long de la ligne verte qui sépare Israël des territoires palestiniens, ce que la Cour internationale de justice a dénoncé comme illégal en 2004.

Le mur isole 9,4% du territoire de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, selon l’Ocha, l’organisme onusien chargé des affaires humanitaires dans les territoires occupés. Conséquences : 11 000 Palestiniens obligés de demander des permis pour quelquefois simplement visiter leur famille restée de l’autre côté du mur.

L’impact du mur sur la vie quotidienne des Palestiniens est désastreux, selon l’organisation de défense des droits de l’homme B’Tselem. Sa porte-parole Sarit Michaeli cite pêle-mêle les difficultés de se déplacer avec de nombreux check-points pour passer le mur, l’inaccessibilité aux terres ou encore l’impossible expansion urbaine pour des villes comme Bethléem, coincée par le mur.

Projet sécuritaire ou politique ?

Sarit Michaeli dénonce « un projet mégalomaniaque des autorités israéliennes ». Un projet « dépassé ». Le fait que le mur soit perméable- des milliers de Palestiniens le franchissent illégalement chaque jour pour travailler au noir en Israël- montre bien qu’il n’est pas optimal au niveau sécurité. Selon la porte- parole de B’Tselem, « il est clair que l’objectif de ce mur n’est pas sécuritaire mais politique : dresser les frontières d’un futur Etat palestinien ».

Emilio Dabed, professeur à l’Université Al Qods et spécialiste des droits de l’homme, acquiesce : « Si vous regardez le tracé du mur, vous pouvez voir des coïncidences remarquables entre les territoires palestiniens qui ont été de fait annexés par le mur et les sources d’eau, ou encore les colonies. Le mur est venu mettre en place le projet d’Israël de s’approprier le plus possible de terres palestiniennes ».

Un autre mur dans la vallée du Jourdain ?

Le mur préfigurerait les frontières d’un futur Etat palestinien, mais comme le souhaitent les Israéliens. C’est ce que dénoncent Emilio Dabed et Sarit Michaeli. Le gouvernement israélien, lui dément. « Le mur n’a qu’un objectif, celui de la sécurité », assure Yigal Palmor.

Le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères affirme même que le mur pourrait disparaitre : « Le jour où il y aura un accord sur le tracé définitif d’une frontière entre Israël et un futur Etat palestinien, cette barrière de sécurité pourrait être démantelée, tout dépend du tracé définitif de cette frontière et des arrangements de sécurité autour ».

Pourtant Israël réfléchit à construire une autre barrière dans la vallée du Jourdain cette fois. « Si c’était le cas, ça voudrait dire que les territoires donnés aux Palestiniens en Cisjordanie pour leur futur Etat seraient complètement entourés, s’inquiète le professeur Emilio Dabed, ce serait une prison à ciel ouvert, plus grande que Gaza ».

rfi

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