La cérémonie d’investiture a eu lieu au Caire en présence du président de la République Ibrahim Boubacar Kéita et de plusieurs autres chefs d’Etat, rois, émirs et hautes personnalités européennes et américaines
Le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéita, a participé hier dimanche à l’investiture du nouveau président de la République arabe d’Egypte, le maréchal Abdel Fattah Al-Sissi, qui a remporté le scrutin présidentiel du 26 au 28 mai derniers avec un score sans appel de 93.91% face à Hamdine Sabahi (3,09%). Le taux de participation a été de 47,5%. Cette élection est intervenue après la chute du président islamiste Mohamed Morsi destitué par l’armée suite à la révolution populaire du 30 juin 2013.
La cérémonie d’investiture a eu lieu au palais Al Ettihadia (union), au Caire, en présence de plusieurs chefs d’Etat, rois, émirs et hautes personnalités européennes et américaines. Le président de la République Ibrahim Boubacar Kéita était accompagné du ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et celui de l’Industrie et de la Promotion des Investissements, Moustapha Ben Barka. D’importantes mesures de sécurité ont été prises pour la cérémonie d’investiture. Des chars et des véhicules blindés étaient stationnés aux endroits stratégiques de la capitale pendant toute la journée.
Le nouveau président égyptien a été accueilli dans la cour du palais Al Ettihadia avec tous les honneurs. Après les 21 coups de canon et la montée des couleurs nationales, il a passé en revue les détachements militaires avant de s’installer dans la salle de cérémonie à côté du président de la transition par intérim Adli Mansour. Celui-ci l’a félicité pour sa brillante élection à la magistrature suprême. Selon Adli Mansour, le peuple a choisi Al-Sissi pour sa loyauté, sa probité morale, son sens élevé de l’Etat et sa rigueur dans la gestion des affaires publiques.
Dans son discours d’investiture, le président Abdel Fattah Al-Sissi a chaleureusement remercié les délégations étrangères qui ont fait le déplacement. Il a aussi remercié le peuple égyptien, surtout la jeunesse pour l’avoir plébiscité à la tête du pays. Il a exhorté l’ensemble de ses concitoyens à s’unir et à se mettre au travail pour que le pays puisse prendre un départ. « Le temps est venu de bâtir un avenir plus stable. Mettons-nous au travail pour établir les valeurs du droit et de la paix », a déclaré le maréchal Al-Sissi.
Auparavant, le nouveau président égyptien avait prêté serment devant les sages de la Cour constitutionnelle. Abdel Fattah Al-Sissi a juré, au nom de la Constitution, de diriger le pays avec loyauté, de protéger et d’unifier davantage le peule égyptien. Son serment a reçu l’acclamation des millions d’Egyptiens qui suivaient la cérémonie en direct à la télévision nationale.
A titre de rappel, la coopération entre le Mali et l’Egypte date des premières années de l’indépendance. Elle porte notamment sur les domaines de la sécurité, de la défense, du tourisme et de l’artisanat, de l’agriculture, de la formation. En matière de défense et de sécurité, il faut rappeler que les premiers équipements militaires que notre pays a reçus en don provenaient d’Egypte. Il s’agissait des fusils Hakim. Aujourd’hui, le pays des Pharaons, possède une très grande industrie d’armement et de grandes écoles dans le cadre de la formation des militaires et des autres forces de sécurité. Il accueille régulièrement en formation nos officiers et sous-officiers de l’armée et de la police.
L’investiture du nouveau président marque ainsi un nouveau départ de l’Egypte qui vient de traverser une longue période de crise politique ayant débuté avec la destitution du président dictateur Hosni Moubarak par l’armée à la suite des manifestations gigantesques qui se sont déroulées au Caire et dans les autres grandes villes du pays.
Dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme, c’est l’Egypte aussi qui a construit gratuitement l’Hôtel de l’Amitié pour le Mali au lendemain de son indépendance. Devenu Hôtel Laïco après sa privatisation, il demeure toujours le fleuron de l’industrie hôtelière dans notre pays. Le tourisme constitue sans nul doute l’une des richesses de l’Égypte avec ses célèbres sites touristiques, ses 300 000 chambres d’hôtel. Une coopération dans le domaine pourrait être très bénéfique pour notre pays qui regorge de potentialités touristiques. Dans le domaine de l’enseignement supérieur, plus de 250 de nos étudiants, notamment arabophones fréquentent les universités égyptiennes.
La dernière visite d’Etat d’un président malien en Egypte remonte en février 2010 du moment de Amadou Toumani Touré. La présence du président Ibrahim B. Kéita à cette cérémonie, selon un membre de la délégation officielle, a été une occasion de baliser le terrain pour une visite d’Etat qui ne tardera pas à se concrétiser. C’est même une urgence dans la mesure où les deux pays peuvent bien collaborer dans la lutte contre le terrorisme international.
Envoyé spécial
M. KEITA
Abdel Fattah al-Sissi : NATIONALISTE, CONSERVATEUR, ET SOUCIEUX DE LA STABILITE DE SON PAYS
Le nouveau président égyptien, le maréchal Abdel Fattah al-Sissi est né le 19 novembre 1954 au Caire. Avant son élection, il a occupé le poste de vice-Premier ministre le 16 juillet 2013. Auparavant il avait occupé les postes de ministre de la Défense et commandant des forces armées en août 2012.
Fils de petits commerçants cairotes, Abdel Fattah al-Sissi a étudié au Command & Staff College en Égypte, puis dans une académie militaire britannique (le Joint Services Command and Staff College ) et à la United States Army War College (il y rédige un mémoire intitulé « La démocratie au Moyen Orient ») en 2006. Il commence sa carrière militaire dans l’infanterie, avant de devenir attaché militaire à l’ambassade d’Égypte en Arabie saoudite, puis commandant en chef de la zone nord d’Alexandrie. Ancien chef des services de renseignements militaires, il est décrit à la fois comme « nationaliste et conservateur », mais « soucieux de préserver la stabilité de son pays et son alliance stratégique avec les États-Unis ».
En août 2012, il est nommé par le président Mohamed Morsi, ministre de la Défense. À ce poste, il augmente les salaires des soldats comme des officiers, rénove plusieurs casernes et négocie même la fin d’une grève de policiers.
Pendant les manifestations de juin-juillet 2013 contre le président Morsi, il juge qu’il est du devoir des forces armées « d’intervenir pour empêcher l’Égypte de plonger dans un tunnel de conflits » afin de prévenir « l’effondrement des institutions de l’État ». À la même occasion, il fait déployer des hélicoptères de l’armée arborant le drapeau national au Caire, afin de renvoyer l’image d’une unité entre l’armée et le peuple. Le 3 juillet 2013, les présidents des cours suprême et de justice et les chefs militaires dont al-Sissi procèdent à la destitution du président Morsi selon la volonté populaire. Le 26 juillet 2013, l’armée déclare que le président Mohamed Morsi, récemment démis de ses fonctions, a été placé en détention préventive pour son implication présumée dans des attaques contre la police imputées aux activistes du Hamas.
Le 27 janvier 2014, le général d’armée Abdel Fattah al-Sissi est promu au grade de maréchal. Dans l’après-midi du même jour, il présente sa démission au Conseil suprême des forces armées, qui l’accepte et le charge de présenter sa candidature à la présidentielle. Abdel Fattah al-Sissi est marié et père de quatre enfants. Réputé très pieux, le Coran n’a pas de secret pour lui.
M.K