Des manœuvres seraient en cours dans le camp présidentiel pour tenter d’annuler la candidature de certains candidats qui ont déjà annoncé leur volonté d’aller au charbon le 29 juillet ou qui ont déposé leur candidature à l’élection présidentielle. Elle se déroulera normalement sur l’ensemble du territoire national. A condition que le régime ne fasse pas recours à la fameuse ‘’forces majeures’’. Une disposition de la nouvelle Loi électorale qui privera certains Maliens de leur droit de vote.
Il n’est un secret pour personne que la déclaration de candidature à la présidentielle du 29 juillet prochain de deux anciens ministres du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) reste toujours en travers de la gorge des caciques de la mouvance présidentielle avec à leur tête Soumeylou Boubèye Maïga (SBM), Premier ministre, nommé à ce poste en décembre dernier pour réaliser la réélection dès le premier tour de IBK. Il s’agit du général Moussa Sinko Coulibaly et de Dramane Salif Dembélé.
S’ils s’en moquent des candidatures de Moussa Mara, de Me Mountaga Tall, de Me Mohamed Ali Bathily, de Mamadou Igor Diarra, de Housseyni Amion Guindo et une moue pour les deux (02) anciens directeurs de la Compagnie malienne pour le développement des Téxtiles (CMDT): Modibo et Kalfa Sanogo, SBM et ses hommes considèrent celle des anciens ministres de l’Administration territoriale et de l’Urbanisme et de l’Habitat comme un caillou dans leurs chaussures. Ils reprochent à ces anciens collaborateurs du président Keïta de ne pas remplir leur contrat de bail, à savoir: rester derrière leur candidat.
Selon certains cadres engagés dans la course du second mandat du président Keïta, la candidature du général Coulibaly et de M. Dembélé met à l’eau leur stratégie de la réélection du président sortant. Ces deux hommes, pour eux, ont l’avantage de grignoter l’électorat de la coalition ‘’Ensemble pour le Mali’’, regroupement politique créé pour assurer la victoire finale au soir du 29 juillet. Il réunit plus d’une soixantaine de partis politiques dirigés par des hommes ternes qui ont fait plutôt le choix du tube digestif que de s’engager réellement dans la voie de faire sortir notre pays de la crise de 2012 dont ils sont les principaux responsables.
Après les pressions de tous ordres pour qu’ils se retirent de la course présidentielle, les hommes forts de la coalition qui veulent réaliser le takokélé (prendre dès le premier tour) multiplieraient des manœuvres pour l’invalidation de la candidature des deux hommes qui semblent les défier.
Selon des sources bien introduites, de fortes pressions seraient exercées sur des membres de certaines structures chargées de l’organisation de la présidentielle. Certains seraient menacés de suspension de fonction, de remplacement. Ils vont jusqu’à brandir l’annulation des décrets qui leur accordent des avantages (primes, indemnités…).
Pourquoi Moussa Sinko Coulibaly et Dramane Salif Dembélé sont-ils dans leur viseur ?
Pour ce qui est de la candidature du général Moussa Sinko, ancien ministre de l’Administration territoriale, elle inquiète plus d’un au sein de la coalition qui soutient la candidature du président IBK. Pour avoir organisé la présidentielle de 2013 qui a vu la victoire éclatante du candidat Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) au second tour (77,66% des suffrages exprimés) contre Soumaïla Cissé, le candidat de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le camp présidentiel considère la candidature du général Coulibaly comme un rempart contre la fraude massive sur laquelle il compte réélire le président sortant.
Le général Moussa Sinko Coulibaly, durant son passage à la tête du département chargé des élections, a eu le temps de connaître les mécanismes de fraude, de tripatouillage et de manipulation des résultats mis en place par le régime ADEMA pour faire élire qui il veut et là où il veut. Or il se trouve que ce système de vol électoral a été créé par les soins du président Alpha Oumar Konaré et son Premier ministre d’alors, Ibrahim Boubacar Keïta, l’actuel président de la République. Il connaît aussi les femmes et hommes chargés de cette sale besogne.
La candidature de l’ancien ministre Moussa Sinko Coulibaly privera IBK d’une bonne partie de l’électorat du général Amadou Haya Sanogo qui a appelé ses soutiens militaires et civils à voter pour IBK. L’éclatement de ce vivier électoral est vu d’un mauvais œil dans le regroupement ‘’Ensemble pour le Mali’’ dont le rêve est de faire réélire IBK dès le premier tour.
Quant à Dramane Dembélé, ancien ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, il est considéré comme un rebelle par la partie de l’ADEMA, (son parti) qui a fait le choix de soutenir la candidature de l’actuel président de la République. Cette volonté d’une partie de l’abeille solitaire (emblème de l’ADEMA) d’accompagner IBK est contraire à la résolution de la convention du parti convoquée l’année dernière.
Le parti, à la fin de cette convention, avait opté pour une candidature interne. Ce choix de croiser le fer avec IBK, le 29 juillet, lui a valu une suspension par la direction de son parti qui s’est rangée du côté de ‘’Ensemble pour le Mali’’.
La candidature de l’ancien ministre Dembélé va diviser l’électorat de l’ADEMA. Ce qui est mal vu du côté de Soumeylou Boubèye Maïga et des hommes qui veulent réaliser l’impossible à savoir réélire IBK dès le premier tour.
La voie dans laquelle les hommes de ‘’Ensemble pour le Mali’’ veulent s’engager n’est pas de nature à apaiser la tension qui commence déjà à monter chaque jour que l’on s’approche de la présidentielle. Ils ont intérêt à mieux organiser cette élection pour le bonheur de tous les Maliens au lieu de se battre pour un homme qui n’a ni vision ni projet politique pour notre pays.
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako