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Introduction au débat sur : ” Le nord, le processus de paix, la dégradation de la situation sécuritaire, six mois après la signature de l’accord d’Alger”

Texte présenté par Tiébilé Dramé,

Tiéblé Dramé parena politcien fdr opposition

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Votre présence à cette réunion témoigne de l’intérêt que vous portez au sujet que nous vous proposons de discuter ce matin.

Elle témoigne également de la préoccupation légitime que vous ressentez en pensant aux nuages qui s’amoncellent sur la paix et la stabilité dans notre pays.

L’exercice auquel nous vous convions est de réfléchir ensemble et faire des propositions pour sauver ensemble le Mali. Car, en ce mois de décembre, la situation dans notre pays n’incite pas à l’optimisme.

Du 1er janvier à la fin du mois de novembre, quelque 350 personnes sont mortes au Mali. Parmi ces victimes directes de la crise malienne figurent, bien entendu, des Maliens mais aussi des enfants d’autrui qui ont pris le risque de venir mourir chez nous afin que nous puissions nous relever : je veux parler des casques bleus morts pour le Mali. Ils sont pour la plupart Africains, nos voisins et frères de Guinée, du Sénégal, du Burkina, du Niger du Togo, du Tchad..

A la mémoire de toutes les victimes du conflit au Mali, je vous prie d’observer une minute de recueillement et d’avoir une pensée pour leurs familles, pour les veuves et les orphelins qu’ils ont laissés.

Je vous remercie.

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Les 15 mai et 20 juin derniers, après près d’une année de tractations, les parties engagées dans le dialogue inter-malien d’Alger ont signé un Accord pour la paix et la réconciliation.

Destiné à restaurer la paix et la stabilité au Mali, cet accord a bénéficié d’un large soutien de la totalité de nos voisins, de l’Afrique  et de la communauté internationale tout entière.

Six mois après, en dépit des déclarations de bonne foi et d’une dynamique bien perceptible de réconciliation ( la dynamique d’Anéfis, et les nombreuses réunions organisées par le gouvernement ) le processus de paix connaît des lenteurs préoccupantes au moment où la situation sécuritaire se détériore sur tout le territoire et, conséquence de l’insécurité rampante, les dizaines de milliers de Maliens qui vivent dans les camps de réfugiés, au lieu de revenir, voient leur nombre grossir….

Or, comme chacun le sait, le retour ou le non-retour des réfugiés est une des meilleures jauges de la sécurité sécuritaire.

I- La détérioration continue de la situation sécuritaire:

L’année 2015 a commencé avec l’attentat de Inarinkidane ( Ménaka) qui a coûté la vie à Aroudeïni Ag Hamatou, maire d’Anderamboukane.

De cette date à l’attaque sanglante contre un convoi de migrants entre Tabankort et Anefis, le 28 novembre, quelque 350 personnes ont perdu la vie au Mali. Une centaine d’Incidents armés  ont été enregistrés. Près de la moitié de ces incidents se sont produits après la signature de l’Accord d’Alger.

Bien que les signataires de l’Accord aient mis fin à l’état de belligérance,  la Plateforme et la CMA se soient réconciliés, l’on assiste à une dégradation inquiétante de la situation sur tout le territoire due à une recrudescence des activités de groupes armés d’un autre type: ceux qui n’ont pas pris part au processus d’Alger. Plusieurs sources indiquent un regain d’activités d’AQMI qui s’est signalée, fin novembre,  de manière singulière durant une réunion intercommunautaire à Boujbeha.

Par sa brutalité, le nombre de victimes, le nombre de victimes étrangères, l’attaque contre le Radisson à Bamako a ému le monde et remis les projecteurs sur le Mali.

L’attaque contre le Radisson a aussi mis en évidence les faiblesses de la gouvernance de la sécurité par les autorités maliennes, les faiblesses de la gouvernance tout court au Mali.

II- Le processus de paix:

Entamé pendant la transition, le processus de paix a connu pendant le quinquennat en cours trois moments importants:

  1. a) le temps des hésitations, des déclarations contradictoires, des atermoiements, de la méfiance, voire de la défiance vis à vis de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Cette étape nous a conduits à la guerre et à l’humiliation de mai 2014;
  2. b) l’étape d’Alger au cours de laquelle, selon tous les témoignages, notre gouvernement s’est présenté beaucoup plus en spectateur qu’en acteur du destin du pays;
  3. c) la période post Alger marquée par des lenteurs. On ne sent pas notre gouvernement jouer un rôle locomoteur. On ne sent pas notre gouvernement jouer le rôle d’entraînement des parties maliennes et de l’action de la communauté internationale dans la mise en œuvre de l’Accord. On ne sent pas que les choses sont claires pour le gouvernement. On ne sent pas de vision re fondatrice, de mobilisation nationale pour re fonder la gouvernance et les institutions, donnant l’impression que le processus est quelque peu ensablé.

III- Conclusion:

Le PARENA fait partie de ceux qui ont critiqué notre gouvernement pour sa démarche non inclusive tout au long du processus d’Alger.

Nous avons aussi déploré l’attitude du spectateur de notre gouvernement à Alger.

Nous avons également émis des inquiétudes et des critiques sur certaines dispositions de l’Accord en craignant qu’elles ne renferment les ferments de la partition du pays.

Non pas parce que nous sommes contre le dialogue inter-malien, ou que nous sommes opposés à une solution démocratique de la crise. Loin s’en faut.

S’il est appliqué, l’Accord dessinera les contours d’un autre Mali. C’est pourquoi nous avions souhaité en vain des discussions sérieuses avec les toutes les forces vives du pays avant la conclusion de l’Accord. Nous voyons aujourd’hui les conséquences  de l’ autisme du gouvernement.

L’immobilisme dans lequel le processus baigne aujourd’hui résulte du manque de mobilisation du pays pour la mise en œuvre d’un accord capital pour la paix, la stabilité et la réconciliation nationale.

Malgré nos réserves, nous avons, dès le paraphe du 1er mars, considéré qu’un tournant important venait d’être accompli à Alger. Nous avons considéré l’Accord comme un acquis, comme “une étape de la longue quête de paix et de stabilité au Mali” qui doit être approfondie, renforcée.

C’est aussi pourquoi nous souhaitons toujours des concertations pour une appropriation nationale de l’Accord d’Alger.

Devant les lenteurs et les difficultés actuelles, devant la dégradation de la situation sécuritaire et pour éviter un ensablement gros de dangers pour le processus de paix, nous préconisons le recours à deux dispositions pertinentes de l’Accord:

1- la conférence d’entente nationale ( CEN);

2- la période intérimaire.

Pour relancer le processus, nous proposons que la conférence d’entente nationale s’ouvre au plus vite, que son objet soit élargi aux questions relatives à la paix, à la stabilité, à la réconciliation nationale, à la gouvernance et à l’indispensable re fondation des institutions.

Commencera alors, au plus vite, la période intérimaire pour la mise en œuvre des conclusions de la CEN, pour le passage à la  quatrième République, pour moderniser, rationaliser nos institutions et notre dispositif électoral.

Toujours, pour donner un souffle nouveau au  processus de paix, nous recommandons la tenue dans les meilleurs délais d’une rencontre Majorité- Opposition-Société civile-Mouvements signataires de l’Accord d’Alger pour préparer la CEN et dire notre détermination commune à sauver notre pays, à soulager les souffrances de notre peuple à l’intérieur comme à l’extérieur.

Je vous remercie.

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