Vautré dans le confort de l’inefficacité, de la stérilité, du manque d’imagination, le ministère de l’Environnement, de l’assainissement et du développement durable hypothèque de Projet d’Assainissement de la ville de Bamako (PAVB) pour la réalisation duquel un prêt de la BAD d’un montant de 30 milliards FCFA n’a pas été décaissé dans les délais requis.
Face à l’INTOX de destruction massive, nous vous proposons la DÉSINTOX de construction massive. Lisez les croustillantes PÉPITES de la semaine.
INTOX
Le ministre de l’Économie et des Finances, le Dr Boubou CISSE, a confié à notre confrère ‘’22 Septembre’’ : « l’annulation du prêt-projet est donc consommée, mais pour sauver la partie, je vais demander, comme les textes de la BAD me le permettent, de redéployer 70 % du montant concerné sur l’appui budgétaire global. Comme nous gérons au ministère des Finances, nous-même, l’appui budgétaire, il n’y aura pas de soucis pour la mobilisation de ce montant. Mais nous perdons définitivement 30 % ».
DÉSINTOX
L’histoire de ce prêt-projet est rocambolesque. Pendant que Bamako croupit sous les ordures et que la situation s’annonce plus explosive avec l’entrée en service très prochaine de la Station de Kabala qui en rajoutera au volume des eaux usées, nous avons un ministère, tout peinard, qui laisse filer entre ses doigts 30 milliards de francs CFA de la Banque africaine de développement (BAD) octroyés dans le cadre du Projet d’Assainissement de la ville de Bamako (PAVB). Heureusement que les corbeaux qu’on appelle lanceurs d’alerte, eux prennent très au sérieux leur devoir de contrôler citoyen. Grâce à eux ce qui suit a été porté sur la place publique : ‘‘nous avons l’honneur de porter à votre très haute attention que le projet cité en objet a été approuvé par la banque, depuis le 11 janvier 2017. À ce jour, soit vingt-cinq (25) mois après son approbation, aucun décaissement n’a été effectué sur les Ressources y allouées. Nous voudrions à cet égard rappeler qu’au regard des règles et procédures de la banque en matière de prêt et dons, tout prêt ou don signé et qui n’est pas décaissé dans un délai de plus de quatre-vingt-dix (90) jours et une période cumulative de plus de cent quatre-vingts (180) jours, est éligible à l’annulation. Au vu de ce qui précède, nous constatons malheureusement que les conditions d’annulation de l’opération en objet sont à présent réunies. Par conséquent, nous vous avisons que ladite annulation sera effective à compter de la présente date de notification. À cet effet, nous vous précisons que conformément à la règle en la manière, il vous est possible de disposer de 70 % du montant annulé, dans l’allocation de votre pays…’’ Ce communiqué est signé de Marie-Laure OLUGBADE, Directrice générale de l’institution financière.
Le Département a-t-il sombré dans quel type d’irresponsabilité au point d’être aveuglé à ce point sur les défis présents et futurs, en matière d’assainissement de la capitale, Bamako la coquette devenue Bamako l’immonde ? Les défis présents ? Ils se passent de tout commentaire. Il suffit de faire à tour au niveau de certains dépotoirs, de parcourir la capitale en période hivernale. C’est honteux qu’est-ce que Bamako peut être sale.
Les défis futurs ? Il faut avoir conscience des défis présents pour se tourmenter de ceux qui reposent sur des projections. Le futur, mais un futur immédiat puisque Kabala sera opérationnel à la fin de ce mois de mars, d’autres s’en inquiètent comme ce responsable de la BAD que enveloppe destinée au Mali devait servir à financer deux incinérateurs d’ordures dans la capitale. Il est scandalisé, avec lui tous les Maliens, du fait que le projet d’une durée de 48 mois, devrait bénéficier à une population d’environ 680 000 personnes, dont 50 % de femmes. Il devrait résoudre le problème de traitement des eaux usées, à travers la construction de deux stations de dépotage et de traitement des boues de vidange (SDTBV).
Après que le scandale ait éclaté au grand jour, Boubouni qui tient le cordon de ce qui reste de bourse descend des arbres pour aller à la chasse des 30 % des 30 milliards, c’est-à-dire 27 milliards FCFA. Il se fait un point d’honneur de les récupérer. Grand bien lui fasse et au projet.
Mais, au-delà des apparences, cette opération de sauvetage de ce qui peut encore l’être trahit une pratique aux antipodes de la solidarité gouvernementale.
Racky TALLA, ministre du Travail, a été laminé par l’UNTM, avant que le Tigre ne descende dans l’arène pour lui offrir un répit.
Au lieu de se serrer les coudes, ces ministres se tirent dans les pattes ou dans les pieds. Leur silence et leur indifférence valent presque complicité des malheurs de leurs homologues.
Mais, dans quel pays sommes-nous ? Dans quel pays sommes-nous pour que des responsables, pour des raisons obscures, compromettent des projets vitaux à la lisière de l’indifférence ? L’impunité est le terreau favorable au laisser-aller. Comme semble la règle d’or dans ce Mali, alors ‘’an ka taa dron’’.
Source: info-matin