L’actualité de la semaine qui s’achève a été dominée par la célébration de la fête des Travailleurs ; une accusation de détournement de fonds par Soumy champion quand il était président de la Commission de l’UEMOA ; la réaction du secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix Hervé Ladsous. Occupant la manchette des canards, cette actualité a fait l’objet d’INTOX. D’où, la présente DÉSINTOX.
La catharsis
Intox
Dans une interview accordée au confrère ‘’L’Aube’’, le secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), Hamadoun Amion GUINDO, soutient, s’agissant des points de désaccord entre le Gouvernement et son syndicat : ‘’Il y a l’abrogation des décrets abusifs, excluant la Cstm de toutes les commissions paritaires et tripartites’’.
Désintox
Effectivement, secrétaire général, il y a un abus quelque part. L’État aurait pu faire l’économie d’une telle démarche qui ne pouvait forcément qu’être mal prise. Et cela a été le cas.
Pour autant il y a une équation qui n’a jamais reçu de réponse, à savoir celle de la cohabitation CSTM et UNTM qui se livrent une guerre ouverte. Comment faire représenter les travailleurs par ces deux syndicats qui se vouent une haine quasi viscérale ? Telle est la question évidente à laquelle il faudrait enfin trouver une réponse pour une sérénité de l’espace syndical et une meilleure représentation des travailleurs qui n’ont que faire des querelles de clocher.
Une autre dimension de l’interpellation du secrétaire général porte sur la prise en compte des préoccupations des travailleurs au-delà de l’exclusion de la CSTM des commissions paritaires tripartites. Parce qu’à ce qu’on sache, si c’est l’UNTM qui est considérée par le Gouvernement, sur plusieurs registres, l’on ne peut non plus nier que les avantages accordés le sont à l’ensemble des travailleurs sans distinction d’affiliation syndicale. Autant dire que s’il y a des raisons légitimes de frustration de la CSTM, face à un traitement inégalitaire, ses objectifs, qui sont ceux de tout syndicat qui se veut comme tel, ne sont pas ignorés. Cela aussi, la CSTM devrait pouvoir le concéder au Gouvernement.
Le secrétaire général de la CSTM enfonce le clou en précisant : ‘’L’État a fait exprès de privilégier l’Untm, pour ne garder que cette centrale dans tous les conseils d’administration au niveau du conseil supérieur de la fonction publique, du conseil supérieur du travail et du conseil économique, social et culturel’’. Cette décision délibérément prise par le Gouvernement n’est que la conséquence logique de l’ostracisme, dont est frappée par la CSTM. Le Gouvernement ne pouvait que s’obstiner ne serait-ce que pour un minimum de cohérence et une apparente légalité puisqu’il y en a en amont des décrets qui excluent la CSTM de certaines sphères.
Toutefois deux observations s’imposent :
La première de ces observations est que si la CSTM crie au scandale d’exclusion, cette exclusion ne date pas d’aujourd’hui. En d’autres termes, ce n’est pas l’actuel régime qui est venu reléguer la CSTM dans la posture très peu apologétique de mal-aimée de la République. D’ailleurs, il y a eu, en son temps, de molles protestations de la CSTM qui a été obligée d’exiger des élections professionnelles pour justifier la représentativité des différentes centrales syndicales. C’était particulièrement, à l’occasion de la désignation des représentants des syndicats au Conseil économique, social et culturel (CESC). Mais cela n’a pas coûté au défunt régime les yeux de la tête. Il y avait-il une compensation extra-syndicale de cette mise à l’écart de la CSTM ? En tout cas, la Confédération aura très fort à faire dans certains cercles sélects pour convaincre. Faudrait-il dès lors aller à un procès en sorcellerie contre un régime qui a hérité d’un État en état de décrépitude avancé et dont la bonne foi malgré tout de ne devrait être mise en cause ?
La deuxième observation est que parallèlement à la défense des droits syndicaux, il y a celle des intérêts matériels de responsables syndicaux qui sont les seuls à pouvoir occuper certains postes. Nul n’est dupe : la course aux conseils d’administration et la célérité dont font montre les athlètes syndicaux tiennent d’un puissant anabolisant qu’on appelle pudiquement des ‘’jetons de présence’’ qui valent souvent beaucoup de billets de banque. C’est aussi cela la réalité beaucoup moins ostensible. Et il faut le dire. Faut-il tenir rigueur à la CSTM pour sa plainte de n’avoir pas été conviée au banquet ? Certainement pas, puisque sa grande rivale de tous les temps y est confortablement installée et elle n’entend surtout céder la moindre parcelle de son avantage. Cela aussi est de notoriété publique.
Sur un tout autre plan, l’actualité est marquée par les révélations du journal sénégalais ‘’L’Observateur’’ portant sur la moralité de la gestion de Soumy champion quand il était président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
La vénalité
Intox
Dans un communiqué en date du 2 mai dernier, signé du secrétaire à la communication, Mme Demba TRAORE, le Parti URD fait savoir : ‘’Le Président Soumaila Cissé, actuellement en mission au Parlement panafricain en Afrique du Sud, a pris connaissance comme tout le monde, des accusations mensongères d’un journal sénégalais, “l’Observateur”, de détournement de plusieurs milliards (…)’’.
Désintox
Cette information, qu’elle relève du mensonge ou pas se distingue par une constance. Elle ne date pas d’aujourd’hui. Elle n’émane pas, de façon générale, de journaux maliens, et, de façon particulière, de journaux nationaux prétendument d’obédience présidentielle qui terroriseraient les Opposants au régime.
L’on peut noter également l’accusation d’accusations mensongères facile de ce communiqué inodore et incolore parce que du début à la fin, il n’est question que du ‘’Président Soumaïla Cissé’’. On n’y voit aucune prise de position ouverte de l’URD en sa faveur, encore moins une condamnation de ce que le communiqué appelle ‘’accusations mensongères’’. Est-ce à dire que l’URD, le Parti politique que Soumy a porté sur les fonts baptismaux et qu’il dirige, a des doutes quant à sa probité, son innocence ? La question a tout son pesant d’or dans un contexte où le réflexe normal est de défendre le sien.
Pour ce qui est de l’accusation d’accusations mensongères, il faut avouer que cela est trop facile. Elle relève de ce vieux diton qui dit que la meilleure défense est l’attaque. En d’autres lieux et en d’autres circonstances, cela serait exact. Mais dans le cas d’espèce il en faut plus et même beaucoup plus pour convaincre les militants, sympathisants et amis de Soumy champion de son innocence. Pour cela, accuser un journal de porter atteinte à son intégrité morale, de véhiculer des informations mensongères, ne suffit pas. Ce que l’on attend, ce ne sont pas des envolées lyriques, des élucubrations politiciennes ; mais des faits fondés sur un audit.
Le communiqué poursuit en informant : ‘’le Président n’est point surpris, car depuis 2012 ce journal essaye de ternir son image en vain’’.
La question que l’on est en droit de se poser est : quel gain pour un journal sénégalais de véhiculer de telles informations visant à ternir l’image d’un Malien qui n’est plus en poste, depuis au moins trois ans ? Objectivement, il n’y en a pas. À moins qu’il n’existe une guerre des tranchées entre Soumy champion et ce journal, dont l’opinion nationale et internationale, n’a pas connaissance. En effet, à en croire le président Soumaïla CISSE, il y a un acharnement de ce journal sénégalais sur sa personne. Cela ne peut pas être le fait d’un pur hasard, d’autant plus qu’il n’est pas le premier à diriger une institution communautaire. Beaucoup de personnes l’ont fait avant lui et beaucoup d’autres le feront après lui. Mais c’est précisément lui qui est au cœur d’un scandale financier. Or, il n’y a jamais de fumée sans feu. Pour l’honneur du Mali, l’on aimerait se passer d’un tel scandale. Mais c’est à Soumy champion, le premier, d’apporter un démenti. Un terrain sur lequel il n’est manifestement pas à l’aise comme l’attestent la superficialité et le dilatoire que traduit son droit de réponse au journal sénégalais ‘’L’Observateur’’. Franchement, la défense est piteuse et risque de conforter ce journal dans ses accusations dites mensongères portées contre ‘’le président Soumaïla Cissé’’, depuis 2012.
Par contre, des ‘’accusations mensongères’’ venant d’un journal malien proche du camp présidentiel seraient compréhensibles. Ils pourraient être accusés d’être en mission commandée du régime. Ce qui n’est pas le cas.
Le communiqué va plus loin en disant : ‘’cette fois il va plus loin en mettant en cause deux institutions bancaires: la BCEAO et ECOBANK’’. À vrai dire, ça devient de la farce. La BCEAO et ECOBANK sont des institutions financières assez grandes pour pouvoir assurer leur propre défense. Cela ne concerne nullement Soumy champion qui est, lui, dans un vrai pétrin. C’est lui qui a besoin d’apporter des preuves de son orthodoxie financière pour préserver son intégrité morale, pour continuer à jouir de la confiance de ses électeurs, pour oser repartir à la conquête de Koulouba qui est, depuis plusieurs années, son obsession. C’est cela le plus important que les Maliens, au-delà, la population de l’espace communautaire ainsi que nos partenaires techniques et financiers qui mettent leurs sous dans la cagnotte, attendent tous. Toute autre tentative reviendrait à vouloir amuser la galerie. Or, point besoin de certifier que l’accusation portée est d’une telle gravité qu’elle ne laisse aucune place à une telle tentation. L’honneur de Soumy champion et celui du Mali sont engagés dans cette affaire à laquelle il est temps de mettre un terme.
Le même communiqué de l’URD qui a tout l’air d’une citation de Soumy champion poursuit en tentant de rassurer : ‘’le Président Soumaila Cissé, imperturbable, poursuivant sa mission avec sérénité, renouvelle sa disponibilité à tous les journalistes et hommes de médias désireux de s’informer, dès son retour de mission, sur cette farce de mauvais goût’’.
Aucun journaliste ne devrait accourir chez lui pour l’aider à laver son honneur s’il devait se contenter d’un communiqué laconique sur fond de mépris. C’est à lui de venir s’expliquer devant le peuple malien qu’il cherche vaille que vaille à diriger. C’est de son honneur à lui d’abord qu’il s’agit avant que celui du Mali ne soit engagé. Parce qu’on dira toujours le Malien Soumaîla CISSE, ancien président de la Commission de l’UEMOA. Cette étiquette lui collera d’autant plus qu’il est accusé de malversation dans la gestion de fonds qui ne bénéficient pas qu’au Mali, mais aussi aux populations de tout un espace communautaire. Elles ont droit qu’on leur rende compte, peu importe la provenance des 27 milliards FCFA, dont il est question dans cette affaire scabreuse.
La sournoiserie
Intox
Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, lors d’une récente conférence de presse, animée dans la capitale, n’a pas pu résister à la tentation de poser un certain nombre de questions dont on sait qu’il s’agit de vraies fausses interrogations au sujet des incidents de Kidal. Il a en effet demandé : ‘’comment est-ce que tout cela a pu se passer ? ‘’
Désintox
La réponse coule de source. Tout cela a pu se passer simplement parce que des ennemis de la paix étaient à la baguette à Kidal. Ils y sont encore. Bien sûr qu’il ne s’agit pas de Iyad Ag Ghaly qui, lui, s’assume pleinement. Ils sont là, ces prétendus partisans de la paix, signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Des sources concordantes accusent Iyad d’avoir commandité cette manifestation tragique et d’y avoir dépêché certains de ses combattants armés. Mais dans tous les cas de figure, il avait des relais locaux qui ont instrumentalisé les manifestants qui ont été transportés à l’aérodrome, dont le choix comme cible, ne relève pas du hasard. Il fallait détruire la capacité opérationnelle de la Mission onusienne, faire la place à des terroristes, quittes pour cela à créer de très graves incidents.
Une autre question de Hervé Ladsous était de savoir : ‘’comment a-t-on pu mettre en avant des enfants comme boucliers humains ?’’ La réponse est simple. Ceux qui étaient à la baguette à Kidal sont des bouchers, de vulgaires criminels sans foi ni loi qui n’obéissent même pas à leur conscience. Ces sinistres individus savaient pertinemment que la situation pouvait dégénérer et même qu’elle devait dégénérer en fonction de leurs prévisions.
La réponse c’est aussi qu’ils sont des hypocrites qui jouent sur tous les tableaux et des lâches qui ne s’exposent pas aux balles des fusils, mais exposent des innocents, dont beaucoup ont été sortis de leur classe pour aller manifester contre une situation à laquelle ils ne comprennent fichtre rien. Parce que ce qui intéresse aujourd’hui les enfants de Kidal, c’est leur instruction, leur avenir. Et cela passe par l’école dont sont privés les enfants des pauvres alors que ceux des riches des mouvements armés fréquentent les meilleures écoles de la capitale quand ils ne sont pas à l’étranger pour beaucoup. Une injustice en soi dont on parle très peu.
Le secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix s’est également interrogé : ‘’comment peut-on lancer des cocktails Molotov sur les Casques bleus ?’’ Si ce n’était que cela qu’ils ont fait. Parce que l’armée a eu droit à des tirs d’armes automatiques. Lors des dernières manifestations de Kidal, de nombreuses sources ont crédité la version selon laquelle ce sont des combattants de Ansar Eddine de Iyad Ag Ghaly qui ont tiré sur les manifestants faisant deux morts et quatre blessés selon un premier bilan disponible.
Toutefois, le fait même de lancer de cocktail Molotov permet de réaliser l’idée que se font les manifestants et leurs commanditaires de la mission des soldats de la paix. Leur attaque préméditée qui traduit leur ingratitude et leur inconstance est la preuve la plus irréfutable qu’ils ne comprennent que le langage de la violence. Les Gouvernements successifs en ont fait les frais. Désormais, c’est la mission internationale des Nations Unies dans notre pays qui découvre l’implacable réalité.
Enfin Hervé Ladsous affirme : ‘’Et sur le fond, rien de tout cela n’était innocent ; et on l’a vu, l’aéroport a été détruit (…)’’. Bien évidemment que rien n’était innocent. Il fallait être d’une naïveté déconcertante pour ignorer que les femmes et les enfants ont toujours fait l’objet d’une manipulation grossière et grotesque des pyromanes-pompiers. Ils allument le feu, ensuite ils viennent l’éteindre, question de tromper la vigilance de leurs interlocuteurs dont beaucoup ont encore de la peine à comprendre que pour ces individus, il s’agit d’une danse qu’ils mènent de bout en bout. Le soulèvement de la population et la destruction de l’aérodrome de Kidal étaient soigneusement planifiés par les adorateurs de Lucifer. Seule une sournoiserie peut faire croire que l’attaque de la MINUSMA par les manifestants se justifiait par le fait qu’elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Parce que ce n’est un secret pour personne que ce n’est pas la Mission onusienne, mais Barkhane qui a arrêté de présumés terroristes dont la libération inconditionnelle sera posée plus tard par les campeuses de l’aérodrome. C’est à croire que lesdits manifestants et leurs commanditaires avaient une dent particulièrement acérée contre la MINUSMA qui a payé un très lourd tribut aux actes de vandalisme.
Source: info-matin