Le juge de paix à compétences étendues d’ Ouélessébougou , Amadou Bocar Touré, ne parvient toujours pas à expliquer l’agression dont il a été victime de la part du député Bourama Tidiane Traoré. Il est revenu hier après-midi sur cet incident malheureux qui s’est produit dans la nuit du 25 novembre dans les bureaux du juge. Voici son récit !
« Après la prière du soir, j’ai quitté mon domicile pour regagner le palais de justice. ÀOuélessébougou le logement du juge est contigu au palais de justice. Mais après 16 heures, je ferme les portails du palais pour que les gens ne viennent pas me perturber. Alors que je travaillais sur les dossiers pour le lendemain, le garde est venu me dire qu’il va s’absenter. Je lui ai demandé s’il a vérifié si la porte est fermée, il dit que c’était fermé. Il est parti quelques munîtes après, le député est venu, certainement qu’il est passé par la porte de mon logement et accédé à mon bureau.
Il a tapé la porte, je lui ai accueilli. Il m’a aussitôt dit qu’il est venu m’interpeller au sujet d’un dossier. Je lui ai dit que désolé, vous ne pouvez pas m’interpeller. Interpeller, c’est trop dit ! Interpeller un juge ? Non ! Je dis vous pouvez interpeller mon ministre au niveau de l’Assemblée nationale par le biais d’une question orale ou écrite ou une motion de censure, mais vous ne pouvez pas interpeller un juge. Il dit ok, c’est au sujet d’un dossier tel.
J’ai répondu que par rapport à ce dossier, les accesseurs et moi, lors de l’audience du 20 novembre 2014, nous avons estimé nécessaire de renvoyer le dossier pour permettre au chef de village de Kanazolé de venir nous éclairer parce qu’il s’agit d’une affaire foncière, une attribution foncière, ça veut dire quoi ? Il n y a pas de lettre d’attribution, pas de permis d’occuper, pas de titre foncier, il n’y a rien, c’est une donation coutumière. Donc, il est bon que les chefs coutumiers du ressort viennent éclairer la religion du tribunal parce que nous nous ne sommes pas de la localité.
Nous sommes à Ouélessébougou et le litige est terrien de Banazolé. Faudrait-il que les chefs traditionnels investis par la communauté viennent nous édifier. Il dit effectivement monsieur le juge c’est pourquoi je suis là aujourd’hui parce que moi je suis contre cette mesure. Je dis honorable pourquoi ? Il dit les opposants de son protégé sont avec le chef de village et ses conseillers. Je dis honorable, c’est vous qui vient décider à notre place maintenant ? Vous voulez que je change une décision qui a été prise en audience ?
Je dis chacun doit rester dans son domaine au nom de la séparation des pouvoirs. Je lui ai dit qu’il n’a pas qualité à me dire la décision que je devrais prendre. Je lui ai dit que ce n’est pas le nom de Bourama Traoré qui est cité dans le dossier. Comment vous voulez que moi magistrat indépendant que je renonce à cette mesure pour vous faire plaisir ? Il dit qu’il est du RPM. Je lui ai dit qu’il ne peut pas s’immiscer dans mes attributions, fut-il élu du RP, je n’ai pas d’injonctions d’ordre à recevoir de lui.
Il dit qu’à Ouélessébougou, ça se passe pas comme ça, un magistrat a toujours de comptes à rendre à un élu. Je dis que je ne peux pas lui rendre compte, car je ne vois pas ce qu’il représente dans le dossier. Je lui ai dit que je suis à la phase de compréhension du dossier. Il s’est levé, il dit que je suis arriviste, je suis un malhonnête, j’ai la langue de bois, tout en me donnant un coup.
Imaginer le garde n’étant pas là, un député qui vient nuitamment donner un coup à un magistrat dans son bureau. Je ne suis resté de marbre, J’ai réagi avec les moyens de bord, pas des objets, ma force physique, mon énergie pour le maitriser et me défendre comme il le faut. C’est comme ça s’est passé. C’est lui qui m’a porté le premier la main, je me suis défendu. C’est tout». Fin de récit
Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé
Source: L’Indicateur du Renouveau