Les ministres des Technologies de l’information et de la communication des pays concernés se sont rencontrés, hier lundi, à Alger, à l’occasion de la Conférence africaine sur la gouvernance de l’Internet. Ces derniers ont tenté de faire avancer les choses, à travers l’installation du Comité officiel chargé du suivi de la réalisation et du financement de la liaison transsaharienne entre ces pays.
L’Afrique est peuplée d’un milliard deux cents millions d’individus sur lesquels, on compte à peine 300 millions de connectés. Dans certains pays, on n’a même pas atteint le seuil de 3 % en ce qui concerne la pénétration de l’internet, alors que la moyenne serait de 20 %.
C’est pourquoi le déploiement de la fibre optique en Afrique permettrait à des millions d’Africains d’accéder à l’internet. L’Algérie va investir via ses opérateurs sur le continent africain ; et dans un premier temps, le principal acteur sera le groupe Algérie Télécom avec toutes ses filiales. Quant au déploiement de la fibre optique, un avis d’appel d’offres sera lancé afin de relier le Mali, le Niger, le Tchad et ainsi de déployer des centaines de kilomètres de fibre optique.
Rappelons que la plus grande partie déployée est la ligne Alger-Aïn Guezzam où la passante est mise à niveau pour un plus grand débit. De son côté, le Nigeria a déployé sa partie, mais entre les deux, il reste le Mali, le Niger et le Tchad qui ne l’ont pas encore fait pour des raisons économiques et/ou sécuritaires. Pour y remédier, l’Algérie s’est adressée à la Banque africaine de développement pour financer le déploiement.
Le comité de suivi de la liaison transsaharienne se fera sur Alger et c’est ce comité qui défendra la cause en ayant les fonds nécessaires, mais également fera le suivi des travaux. Ce projet permettra l’ouverture d’une autoroute d’informations.
Le partenariat avec le Mali ne se fera pas uniquement sur le volet de l’internet filaire, mais également sur le volet de l’internet satellitaire, comme cela a été discuté lors de la dernière visite du ministre malien en Algérie.
Hier, lors de la conférence africaine sur la gouvernance de l’internet qui s’est tenue au CIC, à Alger, un mémorandum a été signé pour permettre d’ouvrir les voies commerciales pour Algérie Télécom Satellite qui a déjà préparé son offre commerciale. Au début, le processus sera institutionnel, mais plus tard, il deviendra universel, puisque le but est de couvrir le maximum de zones, y compris celles enclavées ou désertiques, grâce au satellite algérien qui sera mis en orbite avant le mois de juin prochain.
La ministre algérienne de la Poste et des Technologies de l’information et de la communication, Imen Houda Feraoun, a déclaré avoir approché son homologue malien pour discuter concrètement de la gouvernance de l’internet, a contrario des fois où ce sujet était abordé de manière superficielle, sachant que l’internet demande beaucoup d’infrastructures et beaucoup d’argent pour déployer les réseaux et raccorder les gens, ce qui serait un montant de milliards de dollars à générer en Afrique.
« Beaucoup de multinationales en ligne arrivent à faire des chiffres d’affaires à hauteur de millions de dollars, en Afrique, on n’en fait pas un seul dollar, puisqu’à part la loi de la neutralité du web, aucune n’est mise en place », souligne la ministre.
Par contre, sur le volet économique, lorsqu’un opérateur est domicilié dans un pays, il paye ses impôts, crée de l’emploi et de la richesse et là, une loi doit exister pour obliger cet opérateur à investir dans le pays où il récolte de l’argent. Algérie Télécom investira dans le déploiement de la fibre optique, puis vendra les capacités, sachant que les capacités sont chèrement payées via le câble sous-marin. Le coût de l’investissement est quasiment insignifiant puisque l’Algérie ne mettra en place que les mécanismes de déploiement de la fibre et non sa mise en place qui sera prise en charge par la Banque africaine de développement, mais le retour de l’investissement sera immédiat dès l’instant où quelqu’un est branché. « L’investissement sera rentabilisé sur une période de 3 ans et multiplié par 5 ou 6, sans oublier que nous permettrons à ces peuples l’accès à la formation et l’information à des prix abordables ».
Cette Conférence africaine sur la gouvernance de l’Internet a été précédée d’une rencontre qui s’est tenue le 28 juillet 2016 à N’Djamena où les ministres en charge des télécommunications et technologies de l’information et de la communication d’Algérie, du Mali, du Niger et du Tchad se sont réunis pour discuter d’une stratégie visant à interconnecter les quatre pays par une dorsale transsaharienne de fibre optique. Il a été soumis à cet effet aux ministres, pour validation, un document détaillant la nature de ce projet, tant en termes de contraintes naturelles, structurelles qu’organisationnelles.
Le projet, qui figure dans les politiques de développement des télécommunications et TIC des pays impliqués, vise à les doter d’une connectivité adéquate pour la réalisation de leurs ambitions de croissance économique et sociale portée par le numérique. La dorsale transsaharienne de fibre optique, dans chaque pays qu’elle traversera, devra renforcer et sécuriser la connectivité internationale large bande ; offrir à la population un accès aux services TIC à un coût abordable ; contribuer à la réduction de la pauvreté ; et contribuer au développement des services e-administration, e-éducation, e-santé, et e-commerce.
Par Mohamed D. DIAWARA
Source: info-matin