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Intégralité de la Conférence de presse conjointe tenue à l’Élysée par les présidents IBK du Mali et François Hollande de France

François Hollande et Ibrahim Boubacar Keïta entretiennent une relation forte et des liens personnels.
AFP PHOTO / STEPHANE DE SAKUTIN

Introduction du Président Hollande

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J’accueille avec grand plaisir le Président du Mali, Ibrahim Boubacar KEITA, pour cette visite d’État.

Ce n’est pas la première fois qu’il vient ici au Palais de l’Élysée. Il y a eu de multiples occasions heureuses, tragiques. Je me souviens, il était là le 11 janvier de cette année et il avait défilé à mes côtés pour saluer la mémoire des victimes du terrorisme. J’avais tenu à ce qu’il soit accroché à mes bras et moi aux siens, parce que nous sommes liés de manière indéfectible par ce que nous avons subi du terrorisme et ce que nous avons aussi été capables ensemble de faire pour lutter contre ce fléau.

C’est pourquoi, il est important, à travers nos deux personnes, que le peuple malien, le peuple français puissent montrer cette solidarité indéfectible.

 

Mais aujourd’hui, le Président du Mali, Ibrahim Boubacar KEITA, est là pour une visite exceptionnelle. Exceptionnelle, parce qu’elle va durer deux jours. Exceptionnelle, parce qu’il va y avoir des rencontres politiques, économiques. Exceptionnelle, parce que lui-même va aller demain matin (hier) à l’OCDE. C’est très important que nous puissions, lui et moi, mobiliser la communauté financière internationale pour l’appeler à investir massivement au Mali.

Et c’est aussi une visite exceptionnelle par le contexte que l’on connaît : la lutte contre le terrorisme même s’il touche moins le Mali. Aujourd’hui, il frappe des pays voisins, des pays également amis : je pense au Niger, au Nigéria, au Cameroun, au Tchad. Et si les noms des organisations terroristes peuvent être différents, c’est toujours les mêmes idéologies et les mêmes pratiques barbares qui sont hélas au rendez-vous.

C’est une visite également exceptionnelle dans le contexte de ce qu’on appelle les réfugiés, c’est-à-dire ces milliers de femmes et d’hommes, d’enfants qui, parce qu’ils sont menacés dans leur propre pays, décident d’aller loin. La plupart de ces réfugiés, qui peuvent être des réfugiés politiques, climatiques, sont accueillis par des pays du Sud. 80 % des réfugiés, dans de monde, sont accueillis par des pays du Sud. Si je pouvais utiliser une formule, je dirais que ce sont les pauvres qui accueillent les plus pauvres qu’eux. Et puis, il y’en a, aussi, ceux qui viennent jusqu’en Europe et qui espèrent trouver là le refuge ou un avenir économique.

Nous devons avoir des règles communes et elles sont connues. Autant ceux qui relèvent de l’asile doivent être accueillis, autant ceux qu’on appelle les migrants économiques, même si on peut comprendre les raisons, doivent être raccompagnés. Mais, en même temps on ne peut pas raccompagner des hommes et des femmes s’il n’y a pas un avenir possible, pour le bien-être qu’ils attendent dans leur propre pays.

 

Il va donc y avoir une rencontre importante qui va se tenir à la Val de Marne en Malte entre l’Europe et l’Afrique, et le Mali sera regardé comme une référence, comme un exemple de ce que nous pouvons faire. Et l’Europe doit aussi tirer les conséquences en ayant une politique africaine qui soit fondée sur le développement et le respect.

Nous aurons également la Conférence sur le climat et le Mali a décidé de prendre sa part et de s’engager avec les pays africains et avec nous la France pour que nous puissions réussir cette conférence et faire en sorte que des moyens financiers puissent être dégagés pour le développement, pour l’accès aux nouvelles technologies, pour faire franchir des étapes, notamment sur des plans énergétiques à des pays qui n’ont pas nécessairement de ressources énergétiques. C’est le cas du Mali, mais qui ont d’autres ressources et qui veulent également accéder à l’électricité et à l’autonomie énergétique.

Voilà le contexte dans lequel nous nous retrouvons. Et vous comprendrez bien que je veuille dire au Président KEITA combien nous regardons le chemin qui a été parcouru, avec fierté et également avec confiance.

Il y a à peine trois ans, je prenais la décision, au nom de la France, de faire intervenir nos forces au Mali. C’était le 11 janvier. C’est vrai, il y a des dates qui s’écrivent dans l’histoire comme le 11 janvier 2013. En ce moment-là, il fallait parer à l’urgence. L’urgence, c’était une action terroriste d’envergure qui voulait submerger l’ensemble du Mali. Nous avons, grâce à nos armées, pu, dans un premier temps, endiguer ; dans un second temps, repousser ; dans un troisième temps, renvoyer les terroristes. Il y a n’en encore. Mais, nous avons sécurisé le Mali.

 

Mais, cette étape-là, essentielle, si elle n’avait pas été suivie par d’autres, n’aurait été qu’une opération militaire. Il y a fallu qu’il y ait une transition politique et d’abord les élections et le Président IBK, si je peux le dire, est le produit de ce processus. Il a convaincu le peuple malien de lui faire confiance et j’étais moi-même présent à Bamako pour la cérémonie d’investiture. Mais, il ne suffit pas d’avoir des autorités légitimes, un Président élu pour qu’un pays connaisse la paix, la sécurité, le développement. Il a fallu qu’il y ait toute une obstination du Président KEITA pour que nous puissions aller grâce à nos amis algériens, qui ont accueilli les délégations, pour qu’il y ait cet accord de paix. Aujourd’hui, il a été signé, il est respecté et c’est très important que, par exemple, nous parlions tous les deux, des écoles à Kidal qui seraient ouvertes après trois ans. Je pense que le Président KEITA, tout comme le peuple malien, surtout ceux qui vivent dans le Nord, a dû voir, à travers cette réouverture de l’école, un symbole.

Mais, nous devons également appuyer le développement économique du Mali et c’est ce que cette visite d’État va permettre de faire, et là encore, je pense que nous devons être exemplaires. Exemplaires, parce que la France n’attend aucun privilège. Elle demande simplement à ses entreprises d’être les meilleures pour pouvoir offrir aux populations des produits, des services, des investissements qui puissent être utiles au Mali.

Nous voulons toujours aussi, par l’Opération Barkhane, assurer autant qu’il est possible la protection et le respect des accords que nous avons passés, et ce, avec les pays de la région. C’est la raison pour laquelle il y a encore la présence des soldats français au Mali en même temps qu’il y a la MINUSMA. Je veux saluer leur courage, leur dévouement et, pour certains d’entre eux, leur sacrifice. Je pense au premier qui est mort pour l’intégrité du Mali, pour la paix pour lutter le contre le terrorisme. Pour la France, Damien Boiteux, en citant ce nom, je cite le nom de tous les soldats français qui sont morts et je n’oublie pas les blessés. Encore récemment, il y a trois soldats qui ont été blessés à la suite d’une mine qui avait été placée là et qui a explosé et ils sont aujourd’hui soignés, mais frappés douloureusement. Là encore, j’exprime à leurs familles toute notre solidarité.

Donc, la France sera toujours présente, dès lors qu’il y aura risque, dès lors qu’il y a une résurgence du terrorisme pour assurer la sécurité et la stabilité.

Je n’oublie pas non plus les communautés françaises au Mali, maliennes ici en France. Tout à l’heure, les deux hymnes ont été joués sous l’Arc de Triomphe comme pour symboliser cette relation exceptionnelle.

 

Voilà mesdames et messieurs ce que signifie cette visite d’État, visite importante, visite exceptionnelle et qui traduit bien ce que, pour ce qui vous concerne, j’ai voulu faire, c’est-à-dire à la différence de ce qui a pu se traduire dans le passé. Passé qui n’est pas si lointain, une opération militaire parce qu’il était nécessaire, qui avait légitimité internationale, puisque l’ONU avait donné l’autorisation, mais une construction également solide entre nos deux pays pour que le terrorisme ne puisse plus y trouver quels que terreaux que ce soient et pour que nous puissions bâtir un avenir qui puisse donner une perspective de développement au Mali, pays si cher à la France.

MR le Président

 

 

Introduction du Président IBK

 

Monsieur le Président et cher ami François Hollande,

L’amitié se lit à travers les considérations et le respect que l’on vous porte. Nous y sommes très sensibles au Mali. Pour nous, il ne saurait avoir d’amitié sans considération et sans respect.

Ce que nous avons vu, foulant le sol de ce pays ami d’hier à aujourd’hui et surtout ce matin, cela, voudrais-je dire que nous savons la place et la symbolique dans le paysage français.

 

Nous osons rappeler qu’hier nous fûmes ensembles, qu’aujourd’hui plus que jamais, nous sommes ensembles de rappeler les heures douloureuses vécues par nos pays. Et Messieurs le Président, nous mesurons combien il vous a fallu de courage, le courage politique, pour que en ce jour de 11 janvier, où je me trouvais à Paris, tenir ce conseil de Défense au terme duquel on a annoncé qu’il y aura une intervention au Mali. Et quel ouf de soulagement, le soir quand, à Kona, Kona terrorisée, Kona effrayée, Kona hypnotisée par les phares allumés des centaines pick-up à la lisière, Serval a surgi venant de Saint–Lizier, de N’Diaména,… les Rafales, Mirages ont stoppé là net les prétentions de ceux-là qui n’avaient rien compris à ce grand et vieux pays, le Mali, qu’ils avaient eu la prétention saugrenue d’assujettir. Ils auraient pu le faire, n’eut été votre décision, Mr le Président. N’eut été l’accompagnement fabuleux de l’ensemble de la classe politique française que je salue ici.

 

Cher ami,

Ce jour-là, vous l’avez dit, la dette de sang a été remboursée. Ceux-là qui nous ont vus, côte à côte, dans les plaines de l’Assomme (…) et qui nous ont vus tout au long, cheminant ensemble pour le meilleur, et qu’aujourd’hui, nous soyons ici pour vous dire non sans quel que fierté que ce qui a été espéré, ce qui a été à l’origine de votre décision, n’a pas été trahi.

 

Faire en sorte le Mali, ce pays de veille civilisation pu exister, Monsieur le Président, ce clin d’œil historique, ce seuil particulier mis à sauver Tombouctou, que certains disent la mystérieuse, que nous disions la glorieuse, l’éternelle ou la Ville lumière, cette ville de savoir, ce seuil particulier mis à sauver Tombouctou de la hargne à sa gloire éternelle.

Mr le Président, souffrez que tout cela n’aura pas été vain. Que le peuple du Mali n’a jamais trahi une amitié et un devoir d’honneur et de reconnaissance dans la dignité.

C’est pourquoi, il me tenait à cœur, par intérêt national bien compris, par souci de présence au monde, pas une présence mégotée mièvre, mais une présence de dignité, qu’il nous fallait réussir ce que d’aucuns avaient cru, de grand esprit, impossible, de l’ordre de l’impossible : ils ne réussiront pas, ils ne pourront pas aller à la paix, IBK traine les pieds, il est lent, il n’est pas convaincu. Que non, que non, que non.

Notre organisation, nous aurons réussi in fine, en Alger au bout de huit longs mois, grâce au soutien fabuleux du président algérien, Bouteflika, auquel chers amis, nous apportons grand hommage ici et à notre frère Ramtane Lamamra, en symbiose parfaite avec le ministre français, Laurent FABUIS, et tous les autres qui ont réussi in fine le 15 mai déjà à faire signer l’Accord de paix, mais pas total.

Nous restions frustrés parce qu’il y avait certains frères, bien qu’ayant paraphé la veille, en Alger, n’avaient pas fait le sursaut final. On n’est resté patient et ils l’ont fait et de fort belle manière le 20 juin 2015, bouclant ainsi le cycle de signature de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali.

 

Dès lors le chemin devenait clair pour nous, l’Accord est signé convenu par toutes les parties au conflit, dès lors, il fallait l’appliquer. Cette application devrait se faire sans malice aucune, sans tricherie aucune. C’est pourquoi quand il a semblé à certains qu’ils pouvaient prendre quelques libertés avec l’engagement, nous avons dit ce qu’il fallait dire, nous avons pris la mesure qu’il fallait, nous avons pris la décision qu’il fallait, à savoir le respect absolu de ce qui engageait les Maliens.

On n’engage pas le Mali à la légère. Le crédit du Mali ne saurait être un crédit léger dès lors qu’il est engagé il est tenu et de la manière la plus ferme et la plus rigoureuse et qui nous vaut aujourd’hui la confiance retrouvée, je le dis aujourd’hui avec beaucoup de bonheur, à l’ensemble de nos frères parties au conflit.

Il reste une chose à mon cœur, enseignant, père, grand-père : l’école de Kidal était fermée, depuis trois ans. Depuis trois ans, tous responsables, par notre faute, les enfants maliens étaient privés d’école. Cela me semblait inadmissible, inacceptable et il fallait y mettre un terme. Je le dis à mes frères, faisons-nous confiance, faisons enfin le pari de la paix pour le bonheur de nos enfants, pour leur avenir, c’est eux le Mali de demain. Quoi qu’on en ait dit, le lundi dernier, l’école a rouvert ses portes, à Kidal. Quel bonheur ?

Je tenais également à ce que les services sociaux de base soient en place. Que l’eau soit à Kidal, que la lumière, l’électricité soit à Kidal. Toutes choses élémentaires aujourd’hui, mais qui semblent l’élément composite de la contemporanéité du 21ème siècle. On ne peut pas en ce siècle-là souffrir qu’en quel que lieu que ce soit, des hommes soient dans l’obscurité, dans l’obligation de boire de l’eau non potable avec tout ce que l’on sait de maladies diarrhéiques dues à des raisons hydriques.

 

Donc, tout cela, M. le président, je suis venu à Paris parler avec vous pour que vous sachiez que votre engagement, que l’engagement de la France à nos côtés, qui a entrainé celui de tous les autres, n’aura pas été vain. Que le Mali, avec fierté, avec dignité, a su se retrouver. Et on dit chez moi Inch’Allah, cher ami, ce Mali ne saura plus jamais se perdre.

Voilà ce que je veux vous dire cher ami en vous remerciant beaucoup de toute l’amitié ressentie bien que vous l’ayez fait dans la discrétion d’un salon. Je voulais dire toute ma fierté aujourd’hui de désormais arborer la grande Croix de Légion d’honneur.

Cher ami François merci.

 

 

QUESTIONS-RÉPONSES

 

Question de Saouti Labass HAIDARA, directeur du quotidien L’indépendant au Mali

Le président François Hollande a déjà répondu en partie à la question que je lui destinais, je vais la lui poser quand même en espérant qu’il y apportera plus d’éclairages et de précisions.

La France, nous en convenons tous, a joué un rôle capital dans la sauvegarde de l’indépendance, de l’intégrité territoriale et on peut ajouter la souveraineté du Mali. Par la suite, les relations entre les deux pays ont été traversées par des moments d’incompréhension pour ne pas parler de péripéties douloureuses au moins pour une partie de l’opinion malienne. Maintenant, que l’accord de paix a été signé grâce à une forte implication de la communauté internationale, dont la France elle-même, que compte faire votre pays, Monsieur le Président de la république pour accompagner le Mali dans le parachèvement du processus et de la relance de son économie ?

Je vous remercie Monsieur le Président !

 

 

Réponse du Président François Hollande :

Votre question me permet d’être plus précis et je vous en remercie.

Sur la recherche de l’accord de paix, la France n’a pas ménagé ses efforts. Nous avons une fois encore, le président IBK et moi-même, salué le rôle de l’Algérie du président BOUTEFLIKA pour avoir justement bien mené ces discussions et négociations.

Je peux comprendre que l’opinion publique malienne en tout cas une fraction d’elle-même pouvait s’interroger et se demander s‘il était bien nécessaire d’aller jusque-là : avoir un accord de paix alors même qu’il ne s’agit que de mouvements qui appartiennent au même ensemble, au Mali.

C’était indispensable, ça faisait partie de ce que nous voulions faire pour garantir la stabilité, la sécurité, l’intégrité ; tous les termes que vous avez utilisés pour le Mali. Et, on en voit aujourd’hui, la consécration. Ce qui est possible avec l’accord de paix ne l’aurait pas été sans l’accord. Ça allait être à chaque fois, une preuve des actions de force, des réponses ; nous aurons eu cette difficulté à pouvoir faire comprendre que nous avions réussi à unir toutes les composantes de la société malienne.

C’est fait, je félicite d’ailleurs la délégation qui accompagne le président KEITA qu’il y ait aussi des représentants du Nord du Mali et de ceux qui sont chargés de la reconstruction.

 

La deuxième question que vous me posez est : qu’est-ce que nous faisons maintenant pour accompagner l’économie du Mali. D’abord, sur les deux années qui ont suivi l’intervention, la France a engagé 300 millions d’Euros sur 2 ans. Et, nous ferons davantage pour la période 2015-2017 puisque nous serons autour de 360 millions d’Euros. Et, 80 millions iront vers le nord avec 50 % de don. C’est dire que si nous sommes conscients de ce qu’il convient de faire pour appuyer le développement économique lorsqu’il est déjà particulièrement dynamique. Et, c’est le cas dans une bonne partie du Mali. Mais, créer des infrastructures d’où les dons, là où il y a eu, à cause de la guerre, un arrêt des activités.

Nous ne ferons rien, sans bien sûr, le travail des autorités maliennes. Lorsque nous décidons de soutenir des projets, ce sont des projets qui nous sont présentés par les autorités du Mali. Nous sommes conscients de ce que l’indépendance et le respect de la souveraineté d’un pays et encore davantage du Mali puisque nous avons travaillé dans cette perspective de redonner cette fierté d’être lui-même. Donc, soyez sûr que nous serons toujours là, mais cette fois-ci pour le développement économique sans que pour autant notre exigence de soutien pour la protection ne faiblisse.

 

 

Question de Boniface Vignon de RFI :

J’ai une question pour le Président IBK. Vous avez été écouté de façon incidente par la justice française dans le cadre d’une enquête visant l’un de vos amis, l’homme d’affaires Michael TOMI, mis en examen, pour 17 chefs d’inculpations, dont celui de corruption d’agents étrangers, d’après les révélations de notre confrère du Médiapart. Et vous avez déclaré : « je l’ai toujours dit, on peut essayer de déstabiliser un homme, mais si cet homme à la foi, si cet homme a le soutien de ceux qui le connaissent et qui croient en lui, c’est peine perdue ». Pensez-vous encore, M. le président, que cette affaire a été ouverte pour vous déstabiliser et ensuite, l’avez-vous abordé avec le président Hollande ?

Et ma question au Président Hollande, elle est toute simple. Elle concerne l’actualité au Congo Brazzaville, un pays africain frère du Mali, le référendum c’est le dimanche prochain, il y a une forte tension en ce moment à Brazzaville. Est-ce que le président Sassou a le droit de consulter son peuple et quel est le message que vous lui adressez ?

 

Réponse du président IBK :

Monsieur, vous êtes un grand journaliste. Vous avez posé une question à laquelle vous avez répondu.

Je reste droit dans mes bottes. Ce monsieur dont vous avez parlé, nous a été présenté par un homme que je respecte la mémoire, le président BONGO. Ce jour à aujourd’hui, s’est tissé entre nous des relations d’amitié et de fraternité au-delà desquelles relations, il n’y a jamais eu des relations d’affaires.

  1. TOMI a un casino à Bamako qui a été ouvert dans les conditions absolument claires, transparentes, vérifiables. Et, IBK que je sache n’était pas pilote du Mali. J’ajoute également que vous pouvez vérifier, ce Monsieur a beaucoup d’affaires en Afrique, mais au-delà du casino, il n’en a aucune au Mali. Et, aucune sous IBK, bien évidemment, je n’en dirai pas plus.

Quelqu’un a dit que certaines choses doivent mourir de leur propre venin. Ces choses-là sont connues, celle que vous avez évoquée est de celle-là.

Cet homme-là est connu par son peuple. Pensez-vous qu’au sortir d’une crise de 3 ans, s’il avait été celui-là qu’on essaie de noyer sous la souillure, aurait été plébiscité par le peuple malien, qui est un peuple qui sait les vertus de l’honneur et la dignité, qui tient à l’intégrité de ces hommes d’État.

IBK, président du Mali, depuis 2 ans, vit dans la maison de son père et les Maliens le savent. Là aussi, il a été dit des choses monstrueuses. Cette maison a été construite, denier par denier, par moi et mon épouse et par prêt bancaire vérifiable, traçable. Je mets quiconque au défi de dire le contraire. Dès lors, dès lors, il est courant de dire chez nous que même le Prophète n’a pas été à l’abri de la calomnie la plus odieuse. Qui suis-je, moi ? Simple mortel !

Je suis mon chemin, j’ai mon cap, personne ne me fera dévier. Et, j’ai le bonheur de compter sur l’estime de mes amis, dont certains dès lendemain de ce à quoi vous faites allusion me l’ont dit avec la vive amitié. Je ne les citerai pas pour ne pas les gêner. Dont certains dès lendemain à Bruxelles où se tenait une conférence France-Afrique. Et j’en ai été vivement soulagé. Voilà pourquoi je suis à l’aise et je ne courbe pas l’échine parce que ce qui peut toucher la Blanche colombe n’est pas surtout ce que le crapaud peut produire, sûrement pas. Je continue mon vol.

Merci cher ami.

 

(Après applaudissements)

Et, ça va continuer d’ailleurs ! On a même essayé de saboter cette visite à Paris. Peine perdue ! Peine perdue !

Qui au Mali digne de la qualité des Maliens n’est pas fier de ce qui a été réservé au Mali ? Je le dis, cher ami François, j’en suis leur récipiendaire. C’est bien à mon pays que vous avez cet honneur qui est rare en France ici. Dans la hiérarchie des protocoles d’État, c’est au Mali que vous avez fait honneur ; votre ami, IBK, de manière d’indente, voilà en réalité. Je souffre qu’on n’aime pas IBK, je ne souffre encore beaucoup plus qu’on n’aime pas le Mali.

 

Réponse du président François Hollande :

Vous m’aviez aussi interrogé sur un autre pays, autre que le Mali. Au Mali, il y a eu des élections, elles ont donné des résultats que l’on sait, les élections présidentielles et législatives. Et, il y a des autorités que le président IBK représente, il y a le gouvernement, il y a une Assemblée et nous respectons le choix toujours des autorités légitimes. Et lorsqu’il se produit des coups d’État comme au Burkina Faso, l’attitude de la France est toujours d’une grande clarté. C’est-à-dire, ne pas reconnaitre des actes de force et appeler aux élections. Toujours aux élections. D’ailleurs, pour répondre à une question que vous n’aviez pas posée, au Burkina Faso, il doit y avoir des élections, elles doivent se tenir dans le meilleur délai.

 

 

Question de Amadou SANGARE Journaliste à l’ORTM

Ma question s’adresse au Président de la république du Mali.

Monsieur le Président, en 55 années d’indépendance, c’est la toute 1ère fois qu’un Président de la république du Mali effectue une visite d’Etat en France. Pourquoi en ce moment précis, et vous particulièrement Monsieur le Président  de la république ?

 

Réponse du président François Hollande :

C’est à moi que vous devriez poser cette question. Je vais vous faire une confidence : le Président KEITA ne s’est pas imposé. Il n’est pas venu par la force ; il n’a pas non plus forcé une porte. Je l’avais invité, il ya déjà plusieurs mois. Et j’avais souhaité que cela puisse être une visite d’Etat, compte de la relation entre nos deux pays et compte tenu aussi de la consécration qu’a été l’accord de paix de manière à ce que, comme il l’a dit lui-même, ce soit le Mali qui soit invité à une visite d’Etat.

Bien sûr,  c’est son Président ; mais c’est le Mali qui est invité, qui est là ; c’est son drapeau qui flottait sur les Champs Elysées ; c’est son hymne qui a été entendu par les Français et les Maliens qui étaient à l’Arc de Triomphe. Et j’espère, le peuple malien, s’il nous écoute ou nous voit, puisse être fier de ce qui a été fait ici pour l’accueil de son Président. Parce que ce n’est plus protocolaire sans doute, mais le plus digne respect que nous voudrions envoyer au peuple malien pour lui dire notre admiration pour son courage, pour sa ténacité  et son attachement à la démocratie  parce qu’il aurait douté un moment ; ce peuple, il aurait pu se résigner ; se laisser emporter par les dérives. Il a tenu bon. Alors, c’est très important qu’une République accueille une autre, en occurrence la République française qui accueille la république du Mali et, à travers des valeurs que nous partageons.

 

Réaction du président IBK :

Merci, cher ami.

Source : Bamada.net

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