Malgré les assurances données par le président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta, des menaces planent sur la tenue des échéances électorales de 2018 dans le respect des délais constitutionnels au Mali. Ces menaces ont pour nom : dégradation de la situation sécuritaire sur la majeure partie du territoire national, l’inapplication de l’Accord pour la paix et la réconciliation deux ans et demie après sa signature, l’attentisme du gouvernement dans la préparation des élections…
« Je donne …l’assurance que toutes les élections et – plus particulièrement la présidentielle et les législatives – se tiendront dans le respect des délais constitutionnels. Le Gouvernement a reçu instruction de développer toutes les actions nécessaires pour que les citoyens maliens puissent accomplir leur devoir civique en toute quiétude. », a indiqué le président de la République du Mali lors de son discours du nouvel an. Malgré cette assurance du chef de l’Etat, aujourd’hui, l’incertitude plane sur les échéances électorales de 2018 au Mali. En effet, le pays dans son essence est menacé.
Dans les régions du Nord et du Centre, les djihadistes règnent en maître absolue. Ainsi plus de 500 écoles sont fermées et à cause l’insécurité chronique dans ces régions, les populations de Tombouctou ont organisé une « journée ville morte » le mercredi 17 janvier dernier. La méfiance s’est installée entre les populations de ces localités et Bamako car les autorités administratives, à cause de l’insécurité, ont abandonné leurs postes, laissant les populations à leur triste sort. A Mopti, la vie est au ralentie dans cette région frappée de plein fouet par la sécheresse et la famine. Le gouvernement fait pourtant un black out sur cette situation.
L’ONU est d’ailleurs inquiète de l’évolution de la situation au Mali. Dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations-Unies indique qu’il reste profondément préoccupé par l’évolution de la situation et les tendances négatives observées au Mali. Le processus de paix, de l’avis du secrétaire des Nations-Unies, n’a guère donné de résultats tangibles. « Plus de deux ans et demi après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, nombre de ses dispositions, outre des processus importants de réforme institutionnelle, n’ont été que partiellement appliqués. Ces derniers sont toutefois essentiels pour la consolidation d’un État-nation malien pacifique et résilient, dont nul n’est exclu, des progrès tangibles dans le processus de paix étant le seul moyen de parvenir à une stabilité durable au Mali et dans la région. »
Les mouvements armés signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali hésitent encore à aller à la démobilisation qui sera un point déterminant pour des élections apaisées et crédibles. Pour les mouvements armés, la mise en œuvre des collectivités décentralisées, la restructuration de l’armée sont des points auxquels il faut trouver une solution. Le report des élections régionales n’est que des prémisses d’une manifestation latente de ce qui risque d’arriver lors des élections présidentielles. Les partis politiques continuent de hausser le ton. Ils exigent l’organisation d’élections transparentes et crédibles.
Malgré le plan de sécurisation du nouveau Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga, on ne sent pas l’anticipation telle qu’une large concertation prônée par l’Opposition qui trouve que le Cadre de concertation entre les partis politiques et le ministère de l’administration territoriale, a atteint ses limites. Le 12 janvier dernier, l’Alliance des Démocrates pour la Sortie de crise (ADPS) présidée par l’ancien Premier ministre Soumana Sako, a demandé au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires afin que le calendrier des échéances électorales de l’année 2018 (élections régionales, présidentielle et législatives) soit scrupuleusement établi et observé dans le strict respect des dispositions constitutionnelles. L’ADPS insiste aussi que soient réunies les conditions législatives, réglementaires, techniques et pratiques requises pour la transparence, la fiabilité et la crédibilité de l’ensemble des scrutins.
Fakara Faïnké
Source: Le Républicain