Au nombre de 12 personnes, des prêcheurs armés se déplacent sur 6 motos entre plusieurs villages du Bélédougou depuis le vendredi dernier. Si aucune réaction n’est encore venue de la part des autorités sécuritaires, ces hommes armés continuent leur route. Ils ont été aperçus dans le village de Ntjinifina dans la commune rurale de Massantola.
Le 20 septembre, six d’entre eux étaient arrivés dans le village de Nonkon, deux étaient noirs et quatre étaient clairs (Blancs), selon les villageois. Ils ont été chez l’imam de Nonkon et un jeune très bien connu dans le village avant de quitter les lieux. Ils ont également été signalés à Kamissara, Dossorola, Kerla, Barsagué, Ntjinifina puis Gwena. Ensuite, ils ont été vus à Ngalabougou, Sountiguila.
A cause de la présence de ces prêcheurs armés, les festivités de la célébration du 22 septembre ont été annulées dans la commune de Massantola. Les limites Est de cette commune du cercle de Kolokani dans la région de Koulikoro sont à quelques 20 kilomètres de la ville de Banamba. Dans le cercle de Banamba circulent des djihadistes soumettant la population locale à leurs règles depuis plus d’une année.
Déjà, plusieurs écoles publiques ont été fermées dans le cercle de Banamba sur injonction de ces islamistes. Des témoins ont rapporté de nombreux incidents se rapportant à la tentative d’administration des villages par les djihadiste dans le cercle, notamment dans les villages à proximité de Touba, une localité que plusieurs enseignants ont fuie entre 2018 et 2019. La prison de Banamba a fait l’objet d’une attaque par les djihadistes qui ont libéré 21 prisonniers en fin 2016.
Les villages du terroir du Bélédougou font ainsi l’objet d’incursions de prêcheurs salafistes hostiles aux traditions africaines. Les habitants de la localité sont majoritairement Bambara et pratiquent dans plusieurs villages des cultes traditionnels ayant résisté aux bouleversements historiques de l’Afrique occidentale, y compris les guerres « omariennes » (El Hadj Omar Tall) et « Samoriennes » (Samory Touré).
La présence des prêcheurs armés dans la zone est perçue comme une menace sérieuse par les habitants du Bélédougou. C’est la preuve que la réponse des autorités à la présence des djihadistes dans le cercle de Banamba a été inefficace. Pire, le vendredi 20 septembre les numéros verts donnés par le gouvernement ont été appelés en vain par des ressortissants de la localité pendant plus d’une heure.
Ce jour-là, les prêcheurs armés étaient dans le village de Nonkon qui n’est pas loin de la ville de Bamako. Les enturbannés ont eu tout le loisir de faire ce qu’ils voulaient chez l’imam du village, sans être inquiétés, avant de prendre une destination inconnue. En attendant, tous les habitants de la zone retiennent son souffle avant le prochain acte des suspects qui étaient visiblement en reconnaissance de terrain.
Soumaila T. Diarra
Source: Le Républicain