Pour avoir accueilli à bras ouverts des milliers de déplacés fuyant l’esclavage, le village de Mamiri est aujourd’hui à l’article de la mort. Tout y manque, à commencer par les vivres !
Le Mali traverse une crise politico-sécuritaire depuis 2012. Une des conséquences de cette crise inédite de par son ampleur et sa complexité dans notre pays est le déplacement d’un nombre impressionnant de personnes à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
On assiste à un véritable drame humanitaire dans certaines de ces contrées notamment dans la région de Kayes où, en plus des déplacés de la crise sécuritaire dans la région de Kayes, ont été enregistrées d’autres vagues de désespérés. Et pour cause : l’esclavage qui figure désormais parmi les causes du mouvement des personnes. Aussi incroyable que cela puisse paraître, existent encore au Mali des individus privés de leur liberté, à la merci d’autres qui les exploitent comme des biens matériels !
Le cas de Mamiri, village situé à une quarantaine de kilomètre du chef-lieu de cercle de Kita, précisément dans la commune rurale de Sourasan, est emblématique et dramatique. L’insécurité alimentaire y est à son comble. Plus de 200 mille personnes ont trouvé refuge dans ce village après avoir fui leurs tyrans de maîtres. Le premier refugié est a mis pied à Mamiri le 18 janvier 2019. Depuis, ce sont des familles entières qui arrivent : des jeunes enfants aux personnes de plus de 70 ans, abandonnant tout derrière eux : leurs habitations, leurs vivres, voire leurs habits.
Urgence à agir …et vite !
Mamiri est ainsi devenu la destination privilégiée de ces victimes d’actes dignes d’une autre époque dans le Kaarta. Grâce à cet élan de solidarité spontané caractéristique de nos villages, les habitants de Mamiri et ceux des localités environnantes ont partagé avec leurs hôtes. Malgré la modicité de leurs, surtout en ces temps de crise ressentie partout sur le territoire !
Le nombre des déplacés croissant de jour en jour, et les moyens étant limités la situation y est vite devenue préoccupante. Selon le conseiller du village, Zoumana Diarra, les populations ont partagé tout ce qu’elles possédaient avec les déplacés. Ce qui a créé cette insécurité alimentaire. Aussi, appelle-t-il les autorités nationales et les partenaires au développement du Mali à prendre des mesures urgentes pour faire face à la situation.
Mamiri n’est malheureusement pas un cas isolé au Mali. Les déplacés sont dans la quasi-totalité de nos régions. Selon le dernier Rapport d’OCHA, rendu public le 12 septembre 2019, plus de 3,8 millions de personnes sont touchées par l’insécurité alimentaire. Il y a urgence à agir. A agir vite.
Drissa Togola
Source: Le Challenger