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Infrastructures : Le Mali malade de ses routes

Il suffit de quitter Bamako et certaines routes nationales pour voir le vrai visage des routes maliennes. Celles-ci souffrent d’un mal pernicieux dont-il faut trouver un remède durable et efficace. Elles sont totalement dégradées et quasi impraticables. Au point que les emprunter constitue un vrai parcours de combattant. En plus de cela, elles endommagent les engins et sont sources de graves accidents qu’enregistre le pays.

Pour la gouverne de tous, nous vous invitons à parcourir certaines routes avec nous. D’abord sur l’axe Bamako Kayes, et Bamako Kita. Juste après Kambila, en partance pour Kayes. Des dos d’âne qui s’étendent sur près de 200 km. De nombreux usagers ignorants cela ont achevé leur course là. Autocar, remorque, voiture personnelle, véhicule de type 4X4, tous sautent sur ce petit parcours comme des moutons.
La route Sévaré Gao, c’est la catastrophe.

Le bitume n’existe plus. Il a fait place à de gros trous, si bien que les véhicules sont obligés de décrire des arabesques pour avancer. Que de difficultés pour les automobilistes ! Une route qui relie des grands pôles économiques de notre pays, dans une telle situation de dégradation avancée ; crevasse par-ci, ni de poule par-là ; de gros trous qui rongent la quasi-totalité de la voie, dans lesquels de bonnes volontés accrochent des chiffons rouges sur des bois pour signaler le danger.

Ces parcours sont parsemés de crevasses. Les conducteurs n’ont pas d’autre choix que de se jeter là-dedans.    Comme on le voit, la situation est inquiétante sur tout l’ensemble du territoire national. Les infrastructures routières se dégradent au fil des jours et à une vitesse vertigineuse. Et ce, sous les regards bienveillants du ministère de tutelle avec ses démembrements que sont l’Ageroute, le CETRU, le Fer qui peinent à trouver une solution durable.

Conséquences, cet état défectueux des routes, non seulement occasionne de nombreux accidents qui endeuillent de nombreuses familles, mais il crée d’énormes désagréments aux usagers. Qui dépensent de fortes sommes d’argent pour l’entretien de leurs engins qui tombent en panne à chaque voyage.

L’AGEROUTE, LE FER,LE CETRU ONT-ILS DEMISSIONNE ?   
La récession économique vécu dans les années 1990-2000 ; l’échec du Programme d’investissement et d’ajustement du secteur des Transports au Mali (Mali-PAST) initié en 2004, pour donner fière allure au réseau routier, ont abouti à la création de l’Agence de gestion des routes (AGEROUTE) et le Fonds d’entretien routier (FER).
Placés sous la tutelle du ministère des infrastructures, la première a pour mission l’assistance et la maîtrise d’ouvrage déléguée.

C’est-à-dire, la préparation et l’exécution des tâches de programmation ; la passation des marchés ; le suivi des travaux ; la surveillance du réseau ; la construction et l’exploitation de la banque des données routières (BDR) et le renforcement des capacités. Elle est chargée aussi des projets d’aménagement et des études sur l’impact environnemental qui devraient aboutir à des mesures de sauvegarde de l’environnement en rapport avec les travaux effectués.

La seconde structure est chargée d’assurer le financement des prestations relatives aux études et travaux d’entretien, à la maîtrise d’ouvrage et à la mise en œuvre des études et travaux d’entretien routier. A côté de ces deux, il y a la Cellule des travaux d’urgence (CETRU) dont un pan des missions intervient pour toutes les actions d’urgence de réhabilitation des routes en mauvais état, cabossées avec des nids de poule.

Visiblement, Le Mali dispose d’assez de structures et d’expertise pour avoir un réseau routier à la dimension de ses ambitions. Surtout qu’elle se veut émergente à l’horizon 2030. Mais force est de constater que c’est le contraire sur le terrain. Les matériaux utilisés pour la réhabilitation des routes sont de mauvaise qualité ou ne sont pas appropriés ; de nombreuses entreprises adjudicataires des marchés se montrent défaillantes. Une seule pluie ou un seul passage d’un gros camion après chaque réparation, voici que les nids-de-poule reviennent. Tout se passe dans l’indifférence totale. Ce, au grand dam des usagers qui continuent de payer sur les ponts à péage ; sans obtenir en retour des routes de qualité. Dommage

LA SUPPRESSION DES TP A OUVERT LA BOÎTE DE PANDORE
Le mauvais état de la majorité des routes maliennes est l’une des résultantes de la suppression des Travaux Publics (TP) au Mali ; conséquence du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) recommandé par les institutions de Bretton Woods et les partenaires au développement.

En effet autrefois, dans chaque département, il existait une direction des TP. Laquelle avait à sa disposition des engins, des ingénieurs et une main d’œuvre qualifiée. Chaque direction départementale avait à sa charge l’entretien du réseau routier dépendant de son ressort.

Les pistes villageoises étaient régulièrement entretenues. Il en est de même pour les voies interurbaines, dont les accotements étaient nettoyés. Les points critiques n’étaient pas épargnés non plus. Tout ceci offrait une fière allure aux routes maliennes et occasionnaient moins d’accidents.

Mais hélas, avec la politique de privatisation, l’on a assisté à la fermeture des bureaux des TP. Les engins ont été vendus à des opérateurs privés à qui l’entretien routier est désormais confié. Si des structures telles l’Ageroute, le FER, le CETRU ont leur raison d’être, il faut reconnaître que cela a ouvert la boîte de pandore.

Surtout au niveau de la passation des marchés d’études et de contrôles, de construction et de réhabilitation de route. Comme en atteste le rapport du Végal sur les marchés gré-à-gré et les dessous de table qui ont pignon sur rue à l’AGEROUTE. Avec à la clé, plus d’un milliard FCFA (1 373 032 898F) qui s’est évaporé pendant les exercices 2017, 2018, 2019 et 2020.

Conséquences, les routes ne sont pas conçues selon les normes recommandées par les experts. Sur la quasi-totalité des routes bitumées, les nids-de-poule sont bouchés avec de la latérite ou de l’argile en lieu et place du bitume. Les dimensionnements laissent à désirer. La durée de vie d’une route dite bitumée n’atteint plus 6 mois. De nombreux chantiers restent inachevés. De nombreuses localités restent inaccessibles. Souvent les entreprises commises à la tâche n’ont pas le temps de finir ce qu’elles ont entamé que les premiers travaux commencent à se dégrader. Ainsi va le Mali depuis la suppression des TP.

 

Source: Le Point

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