En Centrafrique, la décision du président de transition Michel Djotodia de limoger trois ministres et le directeur du Trésor crée la polémique, alors que le pays est en pleine crise humanitaire et que les violences se poursuivent. Les diplomates du comité de suivi des accords de Libreville ont en tout cas décidé de s’impliquer pour que la crise ne prenne pas d’ampleur. Ils ont facilité ce mardi 17 décembre une première rencontre entre les trois dirigeants de la transition
Les décrets annonçant le limogeage des différents responsables ont été signés par le président seul, alors que selon les textes de la transition, ces décrets auraient dû être contresignés par le Premier ministre, ce qui n’a pas été le cas, provoquant un début de crise politique.
Après avoir été reçu lundi par le président de la transition, Michel Djotodia, le comité de suivi des accords de Libreville a rencontré séparément ce mardi le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président de l’Assemblée de transition (CNT), Alexandre Ferdinand Nguendet.
Les trois hommes se sont ensuite réunis dans l’après-midi au palais de la renaissance, le palais présidentiel, accompagnés par les diplomates. Suite à cette première rencontre, une autre est prévue ce mercredi, en comité plus restreint. Cette deuxième réunion devrait réunir les trois têtes de la transition, le représentant du médiateur congolais et la représentante de l’Union africaine.
L’objectif de ces rencontres est de trouver une solution à la crise institutionnelle qui s’est ouverte après la décision du président de limoger trois ministres et le directeur du trésor, en contournant le contreseing du Premier ministre. Lors de sa première rencontre avec le comité de suivi, Michel Djotodia avait refusé, selon nos sources, de revenir sur le limogeage des trois ministres, mais il s’était dit prêt à s’asseoir à la même table que les deux autres responsables de la transition pour en parler.
Certains craignent que l’engagement d’un bras de fer juridique avec le Premier ministre devant la Cour constitutionnelle ne fragilise un peu plus la transition. « Cela élargirait un peu plus le fossé entre les deux hommes », estime un acteur politique centrafricain.
« Ces décrets doivent être retirés »
L’affaire provoque en tout cas de nombreux commentaires dans la classe politique. Pour Oto Fleury, le porte-parole du Rassemblement démocratique centrafricain (RDC), l’un des principaux partis du pays, « ces décrets doivent être retirés dans la mesure où ils sont en violation des textes de la transition ».
Même point de vue au Mouvement de libération du peuple centrafricain (MPLC) : pour son porte-parole, Luc Guéla, « Le pays est déjà en crise, il ne faut pas que le président Djotodia crée d’autres problèmes. Il faut, précise ce porte-parole, qu’il respecte la Constitution sur laquelle il a lui-même prêté serment. »
Source : RFI