« Ils sont certes acerbes, virulents et violents, mais les propos de l’Imam Dicko à l’adresse d’IBK sont-ils pourtant à ignorer ? S’il a encore souci d’améliorer sa gouvernance, IBK doit accorder une très grande importance à ces critiques retraçant les erreurs et tares de sa gestion après 7 ans de gouvernance chaotique et à quelques encablures de la fin de son mandat. Un bilan avant l’heure comportant de très nombreux enseignements ! Mais des illuminés sont… Enfin ! Nous avons traduit et transcrit pour vous l’entretien réalisé par un confrère de la place avec l’Imam Dicko en question, 24 heures avant la marche du 05 Avril ayant mobilisé des centaines, voire plus d’un million de personnes pour sa réclamer sa démission », c’est en ces termes qu’un confrère de la place introduisait le décryptage qu’il a fait de la sortie de l’imam Dicko à la veille de la marche du 5 juin. Le titre le sous-titre des morceaux choisis sont de la Rédaction… Bonne lecture !
L’heure est grave et les seuls coupables sont les actuels gouvernants !
S’agissant de la manifestation prévue ce vendredi, nous l’assumons entièrement ! Nous sommes parties prenantes et appelons effectivement au rassemblement ! Un bijou en or, dit-on dans nos terroirs, perdra toute sa valeur et ne vaudra pas mieux que le cuivre s’il n’est porté le jour convenable par son propriétaire. Chaque chose, dans la vie, a son temps et il y a un temps pour toute chose.
Nous avons assez subi et accepté dans ce pays. Il ne nous reste plus qu’à préserver ce droit consistant à défendre nos opinions.
Faut-il accepter d’être privé de ce droit ultime ? Non, on doit parler ! Et, il est quasi impossible d’embellir un mauvais acte avec la parole. Y a-t-il, dans cette gouvernance, une seule action dont-on peut s’enorgueillir et flatter le mérite ? Absolution aucune ! Alors, la manière de dénoncer ces mauvais actes ne saurait non plus être embellie. Il est bien temps qu’on tienne des discours francs et honnêtes. Il est temps en effet temps que l’on se dise certaines vérités. L’heure est vraiment grave !
A l’annonce de la manif en question [de ce vendredi –ndlr], il y a eu de très nombreuses interventions tendancieuses à mon niveau et mettant en garde contre d’éventuels dérapages et effondrements… Mais qui ou quoi donc est à l’origine de ces risques d’affrontement et d’effondrement ? La violation des engagements, de la parole donnée, le non-respect du serment, les tentatives d’humiliation, d’agression… Ce sont tous cela à l’origine des risques en question. Et les seuls coupables ne sont autres que les actuels gouvernants ! C’est bien ce qui arrive dans tout pays où les droits des citoyens sont bafoués. Il n’y a pas de feu sans fumée ! Tout effet a une cause ! La réaction des gens aujourd’hui n’est que la résultante de ces actes [de mauvaise gouvernance].
«J’étais à Kidal : le Mali était là»
Il est vraiment temps qu’on se dise certaines vérités et que l’on évite les jeux de cache-cache. Voyez-vous, on ne parle même plus de Kidal aujourd’hui ! Il fut un temps où c’était, partout, le sujet à l’ordre du jour ! Mais aujourd’hui, on n’en parle plus parce que tout semble compromis. Je me suis personnellement rendu à Kidal en 2014 où j’ai trouvé sur place, et le gouverneur de la région, et chacun des préfets des différents cercles. Nous avions pris un repas ensemble, et le drapeau malien flottait sur les édifices publics. Etaient présents tous les représentants des services centraux de l’Etat et plus de 400 militaires et policiers [maliens]. Le Mali était là !
Mais la mauvaise gouvernance a tout remis en cause.
Je suis un témoin vivant de ces faits, ce n’est nullement par ouïe dire. J’ai personnellement vécu ces douloureux événements ! Je me souviens encore de ces éléments des forces de l’ordre maliens présents à notre accueil, du Gouverneur de la région (MKAMISSOKO) qui est encore parmi nous en ce monde. C’est la mauvaise gestion de la question qui nous a conduit-là aujourd’hui. Le Mali a par conséquent subi la pire humiliation, la honte, l’ignominie… Le pays n’a jamais auparavant connu ce niveau de déshonneur…
Je rappelle ces faits, juste dans le but de rafraîchir la mémoire collective. La situation s’est véritablement détériorée. Et ce n’est pas de gaieté de cœur qu’on le dit, non ! Imaginez-vous que c’est un président étranger, mauritanien en l’occurrence, qui s’est rendu à Kidal pour les supplier (les combattants kidalois) d’arrêter les hostilités. Le monde entier s’est impliqué pour ce faire. Et le Mali dut courber l’échine à Alger et signer des décisions imposées. Et le comble a été de célébrer ces faits [échec]…
Il faut être réaliste : lorsqu’on perd une guerre suite à une mauvaise gestion comme c’est le cas ici, on en subit les conséquences de plein fouet. Nos problèmes font suite à cet échec dû à son tour à la mauvaise gestion. Aussi, à y voir de très près, y a-t-il un seul point de l’accord [d’Alger] ayant été appliqué plus de cinq ans après sa signature ? Le seul ayant peut –être fait objet de respect, est le cessez-le-feu. Mais plus question de l’appartenance de Kidal au Mali ! Le drapeau malien a cessé d’y flotter, on y entend plus la voix du Mali !
Là-bas, ils sont libres d’entreprendre ce qu’ils veulent. Le seul présumé représentant de l’Etat malien [Le gouverneur] n’y est responsable de rien. On ne lui adresse même pas la parole à fortiori demandé son avis ou autorisation. A part la présidence des réunions du comité de suivi [de l’accord d’Alger], il n’assume aucune autre responsabilité. Et à la suite de ces travaux [du comité de suivi], les participants se contentent de prendre leurs perdiems et de se retirer sans rien lui demander… Et de Kidal, le problème s’est déplacé vers le centre du pays. Il importe de chercher à savoir ce qui se passe ici…
«Au centre, ils ont incité les populations à s’entre-tuer »
Nous ne pouvons rester les bras croisés face à ces différentes situations, quand bien même il soit désormais de notoriété que la moindre réaction de notre part suscite des accusations fantaisistes. L’on est en effet systématiquement accusé de combattants [jihadistes] à la première tentative d’opposition à la destruction et l’effondrement du pays… Au centre du pays, ils ont incité les populations à s’entretuer sans qu’elles sachent ce qui se passe véritablement. Et personne ne cherche à savoir ce qui s’y passe réellement !
Wallaye ceux qui s’entretuent aujourd’hui ignorent les raisons du conflit qui les oppose. Et les gouvernants assistent paisiblement aux atrocités. Et chaque jour apporte son lot de cruautés.
Et dans cette veine, l’on commet la grave erreur de nommer-là un Haut représentant de l’Etat. Ce, dans un pays où existent déjà un ministre de la réconciliation, un autre ministre de l’administration [territoriale], des gouverneurs de régions, des préfets. Bref, l’Etat ainsi que ses autres composantes sont déjà présents.
Autant dire qu’il existe sur place des mécanismes pour rassembler et réconcilier les gens en conflit. Mais le président [de la République] se permet de nommer un haut représentant comme s’il s’agissait d’une autre entité. Le voilà donc qui consacre la participation du pays en nommant successivement un représentant au Nord, au centre, comme si le pays était divisé en trois entités… C’est avec un pincement de cœur que je le dis et le maintien : le président [de la République] pose en ce moment des actes de scission et d’effondrement du pays.
On ne gouverne pas un pays en opposant les gens les uns contre les autres : les familles, les communautés, les terroirs, les religieux, les porteurs d’uniformes [éléments des forces de l’ordre, entre autres… Et prétendre faire sortir le pays du gouffre ! Quelle prétention ?
C’est pourtant bien ce que fait en ce moment le président de la République. C’est la stricte vérité. Voici le véritable problème auquel nous sommes aujourd’hui confrontés au Mali.
«Ils nous ont divisés»
Rien n’est évidemment possible sans la paix et la cohésion… Ils ont opposé tout le monde et du coup, fragilisé et bafoué le pays, en commençant par les religieux. Ils ont en effet pris l’habitude de nous opposer nous les religieux, en entretenant la discorde et la zizanie, arguant çà et là avoir remis à celui-ci ou à celui-là un tel montant en millions de francs CFA, entre autres bienfaits. Toute chose, à leurs dires, expliquant différentes réactions de la part des uns et des autres.
Nous avions, nous aussi, tous les enregistrements des propos par eux tenus en notre présence. Nous avions fait comme eux. C’est cela leur méthode de gouvernance : opposer des personnes vivant auparavant dans l’entente et la concorde !
C’est vraiment grave ! Evidemment, cette méthode est détestable et ne saurait aider à construire un pays, y vivre en paix ! Il est vraiment temps que l’on se dise ces vérités. Se peut-il qu’il y ait un mal en cela ? Doit-on continuer à saupoudrer le mensonge et entretenir l’hypocrisie ? Le pays est en train de se rétrécir. Et il ne reste plus qu’une portion congrue [Bamako et environs] où les gens sont libres d’aller, de venir et de gagner leur vie. Toute chose de nature à obscurcir les vues et donnant faussement l’impression que tout va comme dans le meilleur des mondes. La réalité est toute autre dans le reste du pays.
«Nous ne sommes pas un peuple qui accepte la résignation et la soumission. Non ! »
Voyez-vous ? Nul ne peut parler ou émettre un avis contraire aujourd’hui sous ce régime sans être attaqué et vilipendé ! Et suite à l’échec de toutes ces méthodes et tentatives de dissuasion, l’on en vient, à l’heure actuelle à celle forte, la répression consistant aux enlèvements et kidnappings des personnes gênantes dans le but de faire taire toute opposition. Inacceptable ! Je l’ai dit et je le répète : notre peuple n’est pas un peuple soumis. Nous ne sommes pas un peuple qui accepte la résignation et la soumission. Non ! Ce n’est pas cela le Mali ! Mais eux croient ferment que c’est le cas. N’ont-ils pas l’habitude de dire [leur slogan] que tout acte d’opposition et de refus de la part du Malien est la résultante de la pauvreté et de la faim et que la seule façon de le circonscrire est de mettre fin à cette privation en termes de nourriture ? Ainsi pensent-ils ! Point d’honneur et de dignité, à les en croire !
Comment peut-on soumettre un peuple à un tel déshonneur et à une telle prise d’otage ? Faire main-basse sur les ressources et mettre le grappin sur le pays, enrayer toute opposition et vouloir s’imposer à tous ! Quand même ! Ce sont eux qui disposent en effet de toutes ressources et opportunités du pays. Nul autre n’y a accès ! Et toute personne refusant de se soumettre à ce diktat est assimilée à un affamé à la quête d’une hypothétique pitance. Doit-on réduire un peuple à çà ?
Je le dis haut et fort : Nous croyions auparavant en l’homme, Ibrahim Boubacar Keïta, ce président que nous avions tous élu au regard de son sens de l’honneur, de sa dignité, de sa droiture [KANKELENTIGUI]… Raisons pour lesquelles nous l’avions justement choisi… Dieu a voulu qu’il en soit ainsi !
C’est lui, Ibrahim Boubacar Keïta qui, dans la Grande Mosquée de Bamako, devant les caméras des télévisions et de nombreux témoins, a levé la main aux cieux et dit : « vous érudits, je vous tiendrai griefs le jour où vous vous abstiendrez de me rappeler mes éventuels erreurs et errements. Je ne vous pardonnerai jamais votre silence ».
Il ne supporte pas les critiques
Il nous a certes mis à l’aise ce jour-ci. Mais quand bien même, il n’aurait tenu ces propos devant nous, nous n’aurions été nullement gênés de lui dire nos vérités.
Et contrairement à ce qu’il a dit, mes propos du 29 Février [2020] portant sur l’affaire des «blindés en cartons» susciteront leur colère au point de d’inciter la justice à nous interpeller et à nous arrêter éventuellement. C’est ainsi que le procureur a décidé de me convoquer aux fins d’un interrogatoire.
Un plan était minutieusement préparé : une fois sur place, je devrais être arrêté et conduit au Camp I de la Gendarmerie. J’avais reçu toutes les informations, mais pas question de me dérober ou de fuir ! Qu’ils fassent donc comme bon leur semble ! C’est dire en tout état de cause, que les propos qu’il a tenu dans la mosquée et prenant Dieu à témoin, sont dénués de toute sincérité. Autrement, il ne m’aurait pas fait interpeller par la justice. Qu’ai-je donc fait ? Qu’ai-je donc fait ? Qu’ils le disent ! Pour avoir parlé ?
Ce n’est pourtant pas la première fois que je parle. J’ai parlé sous Moussa Traoré, sous Alpha [Oumar Konaré], sous ATT ! Ce n’est pas la première fois que je parle. Seulement, ils venaient là de montrer leur vrai visage : faire taire toute opposition et leur laisser les mains libres ! A se demander alors pour quelles raisons il eut cette lutte pour l’avènement démocratique…
La Rédaction
Source : Notre Voie