L’affaire dite Bakary Togola, du nom du tout puissant président de l’Apcam n’a pas encore fini de fournir tous ses secrets. Il nous revient que, selon des sources bien informées, c’est surtout le refus catégorique du premier responsable des cultivateurs d’avaliser la hausse du prix des intrants de 11 000 Fcfa à 18 653 Fcfa pour la campagne 2019-2020 que l’ex-chef du gouvernement lui aurait créé des ennuis judiciaires.
Cela fait environ plus d’une année que le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (Apcam) est confronté à des ennuis judiciaires. Même si le dossier n’est pas encore vidé au niveau des juridictions compétentes, certains reprochent à l’ancien patron de l’Apcam une mauvaise gestion des ristournes dédiées aux cotonculteurs, avoisinant selon eux des milliards en francs Cfa.
En tout cas, pour l’entourage immédiat de Bakary Togola, cette affaire judiciaire était avant tout une menace pour le contraindre à avaliser l’augmentation du prix des intrants agricoles qui allait passer de 11 000 Fcfa à 17600 Fcfa pour prix de cession au comptant et à 18 653 Fcfa comme prix de cession à crédit. Cela, faute de subvention étatique.
“Ceux que beaucoup ne savent pas, l’Etat avait décidé de subventionner les instants. Sous ATT, c’était 12 500 Fcfa le sac et IBK a promis de baisser davantage jusqu’à 11 000 Fcfa. Ainsi, pour la campagne agricole de 2019-2020, Bakary Togola a été saisi par le ministre des Finances, Boubou Cissé, qui était en même temps Premier ministre pour l’informer que la subvention n’allait pas être accordée et par ricochet l’engrais allait être cédé à 17 600 Fcfa, au lieu de 11000 Fcfa.
Et en tant que défenseur des intérêts du monde paysan, Bakary Togola a opposé une fin de non-recevoir, arguant au Premier ministre qu’en plus de sa personne le monde paysan ne pourra pas accepter et supporter cette hausse”, explique un très proche de l’ancien président de l’Apcam.
Notre interlocuteur de poursuivre que c’est ce refus qui a mis l’ancien Premier ministre Boubou Cissé dans une colère rouge et il aurait rétorqué à Bakary Togola : “Bon, tu vas voir !”. Aussitôt dit, aussitôt fait, ajoute un autre proche de M. Togola qui précise que les ennuis judiciaires ont commencé contre leur ancien patron, comme s’il s’agissait d’un règlement de comptes pour lui faire payer son refus d’obtempérer.
“Ils veulent faire croire qu’il a détourné les ristournes alors que lui-même ne gère pas ce fonds et n’en connait même pas la couleur. La répartition de ce fonds est fait à travers l’aide d’un cabinet basé en France” ajoute-t-il. A le croire, le président Bakary Togola est blanc comme neige dans le dossier et le temps le prouvera. En tout cas, pour notre interlocuteur, le Premier ministre et ministre des Finances, Boubou Cissé, qui ne voulait pas accorder la subvention de 54 milliards Fcfa au monde paysan, voulait passer par la Confédération pour admettre cette hausse. Toute chose que le président Togola paye aujourd’hui, chèrement.
Un autre responsable des cotonculteurs qui préfère garder l’anonymat de poursuivre que l’ex patron de l’Apcam s’est battu corps et âme pour la défense de ce secteur. “C’est lui qui a créé la Confédération des cotonculteurs et lui a donné ses lettres de noblesse. Sans la Confédération, l’Etat allait vendre la Cmdt car notre faitière est actionnaire à hauteur de 22%, soit 10 milliards de Fcfa. Et chose incroyable, l’Etat ne partage pas les bénéfices avec les cotonculteurs à qui l’Etat doit à nos jours plus de 22 milliards Fcfa” ajoute-t-il.
Selon nos recoupements, les partisans de Bakary Togola sont à pied d’œuvre pour la manifestation de la vérité, non seulement au niveau judiciaire, mais aussi auprès des nouvelles autorités.
A titre de rappel, quatre (4) personnes avaient été interpellées à propos de ce dossier et seul Bakary Togola reste détenu.
Kassoum THERA