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Inauguration du MACTe à Point-à-Pitre : LES PRESIDENTS KEITA ET HOLLANDE DENONCENT LES NOUVEAUX « NEGRIERS »

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Les deux chefs d’Etat établissent un parallèle entre la traite des Noirs et les drames qui se jouent actuellement en Méditerranée. Deux tragédies provoquées par la cupidité et la rapacité des hommes

Elle était très attendue et elle a tenu toutes ses promesses. La date du 10 mai 2015 retenue pour inaugurer le Mémorial ACTe (MACTe) à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe restera pour toujours dans les annales de la commémoration de la mémoire de la traite négrière et de l’esclavage. L’événement historique a réuni plusieurs dirigeants d’Afrique et des Caraïbes autour du président français François Hollande. Au nombre des chefs d’Etat présents, il y avait le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et ses homologues du Sénégal, Macky Sall, et de Haïti, Michel Martelly. Le président béninois empêché à la dernière minute était représenté par son ministre des Affaires étrangères. Les chefs de gouvernement de plusieurs Etats de la Caraïbe avaient fait le déplacement, notamment les Premiers ministres de République Dominicaine, de la Barbade et de Curazo.

La journée a débuté par des animations musicales avec des rythmes afro-caribéens. Les temps forts de la cérémonie d’inauguration ont été le mot d’accueil du maire de Pointe-à-Pitre, J. Bangou, l’allocution du président du Conseil régional de la Guadeloupe, Victorin Lurel, le dévoilement de la plaque inaugurale par le président Hollande et l’allocution du chef de l’Etat français.
L’autre moment intense de la journée fut la lecture par les comédiens sénégalais (d’origine guadeloupéenne), Aliou Cissé et Jacques Martial, de textes de poètes et de penseurs martiniquais, Aimé Césaire et Edouard Glissant, ainsi que de Louis Delgres. Ce héros de la résistance à la réintroduction de l’esclavage en Guadeloupe en 1802 est resté célèbre pour s’être fait sauter à l’explosif avec ses camarades de lutte plutôt que de se rendre aux troupes napoléoniennes, fidèle à la devise de la Révolution française « Vivre libre ou mourir ».
Mais au-delà de l’écrasante charge émotionnelle et de la forte symbolique de l’événement, l’actualité brûlante du moment s’est invitée à la cérémonie. Il s’agit du drame de l’émigration clandestine qui est en train de transformer la Méditerranée en gigantesque cimetière. Dans son allocution d’inauguration, le président français a ainsi dressé un parallèle entre la traite négrière et les nouvelles formes d’esclavage moderne.
François Hollande a vigoureusement dénoncé les «nouveaux négriers» de la Méditerranée qui abandonnent à leur sort, et donc souvent à la mort, des bateaux de migrants au large de l’Europe.
L’inauguration du MACTe permettra, de son point de vue, de dire au monde que le combat pour la dignité humaine n’est pas achevé. «De nouveaux négriers monnayent des cargaisons humaines. En Méditerranée, des passeurs criminels remplissent des bateaux d’êtres humains. Des terroristes en Syrie, en Irak ou au Nigeria capturent des innocents pour les vendre ou les posséder et (…) s’inventent des prétextes religieux pour justifier leurs crimes», s’est-il indigné. Liste à laquelle il ajoute l’exploitation des enfants soldats. Le Mémorial, plus grand centre au monde sur la traite des noirs et l’esclavage, « doit permettre de connaître le passé, mais aussi de lever une force pour que nous puissions, ici, avoir une mission de développement», a insisté François Hollande.
Dans un entretien accordé à la presse nationale à l’issue de la cérémonie, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a fait écho à son homologue français. A la question de savoir s’il partageait le parallèle établi par François Hollande, il a répondu : «  J’ai bien apprécié cela. Nous en avions déjà parlé hier. Je crois que le parallèle est de mise. Ce sont les mêmes causes, les mêmes raisons qui n’ont rien à voir avec le respect de la dignité humaine, de la personne humaine, qui poussent les négriers d’un genre nouveau à entasser nos jeunes vies, nos jeunes parents dans des cargaisons avec comme destination l’Europe, mais qui ont comme destination finale le fond de la mer Méditerranée. Cela est un scandale. Nous avons commencé à sensibiliser au Mali. Nous allons continuer de le faire pour que cela puisse cesser. Il n’est pas normal que nos jeunes vies dont nous avons besoin pour le développement du Mali, pour le développement du continent viennent échouer lamentablement dans les eaux de la Méditerranée.»
Auparavant, le chef de l’Etat avait confié ses sentiments sur le sens de la cérémonie : « Je pense à tous égards que nous avons eu raison de répondre favorablement à l’invitation faite par le président Hollande, la Région de la Guadeloupe et nos amis de la Caraïbe de venir assister à l’inauguration de ce monument qui est le symbole où se trouve désormais réunie toute la mémoire de cette tragédie insondable, unique dans l’histoire mondiale, qu’a été l’esclavage, la traite des hommes, la traite négrière ». Pour lui, les mots qui étaient attendus ont été dit « de la manière la plus forte, la plus vive. De l’évocation faite par Jacques Martial et Aliou Cissé au discours fait par le maire de Point-à-Pitre, en passant par les discours du président de la Région Guadeloupe et du président Hollande ».
Et Ibrahim Boubacar Keïta de poursuivre : « Vous avez vu l’apothéose quand il s’est agi de Haïti pour une telle réparation (évoquée par le président français qui se rend ces jours-ci en Haïti, NDLR) et la promesse qui a été faite à cet égard là et qui est dans le prolongement de ce que Haïti a signifié à un moment donné dans l’histoire mondiale : la première révolte contre l’esclavage, comme l’a dit Césaire « la Négritude débout » face à l’indignité, face au mépris de l’homme en tant qu’être. Le temps a passé, mais cette promesse de réparation sera faite bientôt lors de la visite de Hollande en Haïti. C’est un moment très fort. Vous avez vu l’émotion qui a étreint tout le monde singulièrement le président Martelly de Haïti et Michaelle Jean (NDLR, secrétaire générale de la Francophonie d’origine haïtienne). Je crois que l’Afrique se devait d’être là. Nous sommes le continent de départ de nos frères. Nous sommes reconnus comme les parents de ceux qui sont ici aujourd’hui et qui ont dû renaître, recréer un nouveau monde ici sur les terres d’Amérique »
Estimant que ce fut « une belle journée, une journée historique, une journée mémorable, le président de la République a insisté sur la pertinence de la présence des délégations africaines à Point-à-Pitre. « Donc cela était dû que fussions présents, le président Macky Sall et moi-même et le ministre des Affaires étrangères du Bénin (représentant le président Thomas Yayi Boni empêché à la dernière minute) quand ont sait la part que ce pays a prise dans le commerce triangulaire. »

Envoyé spécial
S. TOGOLA

source : L Essor

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