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Immigration : L’AME dénonce l’installation du FRONTEX au Sénégal et en Mauritanie

Le 18 août 2022, l’Association malienne des expulsés (AME) a organisé une conférence de presse dans ses locaux pour attirer l’opinion sur un projet de lutte contre l’immigration que l’Europe veut installer en Afrique de l’Ouest, au Sénégal et en Mauritanie.

 

 « L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX), armée de drones et d’autres équipements policiers, sera à bien tôt à nos portes, car elle envisage de se positionner sur la route de l’Atlantique et du Sahara, à travers le Sénégal et La Mauritanie, au motif d’empêcher les migrations irrégulières ». C’est par ces propos que l’AME a tenu à attirer l’opinion nationale et internationale, sur la nouvelle volonté de l’Europe.

Ousmane Diarra, président de l’AME, accompagné de Lamine Diakité, chargé de sensibilisation sur le Projet « Avenir Brillant » et de Mohamed Diarra, chargé de plaidoyer et de communication à l’AME, a clairement accusé l’Union Européenne. « Le durcissement des mesures d’entrée sur le territoire européen a rendu quasiment impossible aujourd’hui l’accès légal à ce territoire contribuant ainsi au développement de l’immigration dite « clandestine », phénomène tant combattu par les Etats européens », a déclaré Ousmane Diarra.

Il a ajouté que la politique européenne d’immigration a commencé en 1985, avec la conclusion des Accords de Schengen qui délimitent un espace clos de libre circulation. « Dans le but de freiner les migrations subsahariennes vers l’Europe, des mesures draconiennes, qui, à la fois sont juridiques, politiques et techniques, ont été mises en place par l’Union européenne », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que dans un premier temps, ces mesures ont visé concrètement à repousser ses frontières, en déplaçant les contrôles de ses frontières géographiques et cherche de ce fait à transformer les pays de transit, voisin de l’Europe, en zone « Tampon ». Il dira que dans un second temps, ces mesures n’ont pas visé  simplement à empêcher les migrants d’entrer en Europe, mais à les empêcher de quitter le sol africain, en mettant certains pays africains à contribution.

« L’AME vient d’apprendre que l’Union européenne envisage de déployer ‘’ des navires, des équipements de surveillance et d’exécuter des tâches opérationnelles’’ au Sénégal et en Mauritanie », a déclaré Ousmane Diarra. Avant de préciser qu’il est question d’engager des démarches en vue de la négociation et, à moyen terme, de la conclusion d’un accord de statut permettant un soutien opérationnel direct de FRONTEX au Sénégal et en Mauritanie, notamment en matière de prévention de la criminalité et de la migration irrégulière, y compris dans la lutte contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains.

Face à cette volonté de l’Union européenne, l’AME a formulé deux recommandations principales à l’intention du Sénégal et de la Mauritanie. L’AME demande à ces deux Etats africains d’assurer la protection des migrants subsahariens le long du parcours migratoire et de refuser de signer des Accords bilatéraux de coopération qui violent les instruments régionaux et sous régionaux existants en matière des droits de l’Homme.

A l’intention des Etats africains, l’AME a demandé la révision de tous les accords bilatéraux et multilatéraux de coopération économique avec l’Union européenne et ses Etats membres et associés. Mieux, l’AME leur demande de renforcer le dispositif juridique et politique de protection des migrants africains et de refuser d’être les gendarmes des Etats européens contre leurs frères africains.

En ce qui concerne l’Union européenne et ses Etats membres et associés, l’AME les a invité d’abandonner  systématiquement l’approche sécuritaire des politiques migratoires afin de faciliter la traditionnelle mobilité entre les continents européen et africain. « Il faut que les Etats européens cessent d’utiliser l’aide publique au développement  comme monnaie d’échange pour empêcher les migrations. Surtout quand on sait que cette aide est nettement inférieure à l’argent envoyé par les migrants dans leur pays d’origine », a indiqué Ousmane Diarra. Il a invité les Etats européens à garder les frontières accessibles pour garantir aux demandeurs d’asile la possibilité de demander une protection internationale sur le territoire européen.

L’AME a aussi invité les Etats de l’Union européenne à respecter la déclaration universelle des droits de l’Homme qui consacre pour tout être humain  «  le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Enfin, l’AME les a invités à ratifier et à appliquer la Convention des Nations Unies sur les travailleurs migrants et des  membres de leurs familles.

Assane Koné

Source : Arc en Ciel

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