De plus en plus les candidats à l’immigration clandestine se rabattent sur la ville de Gao pour, à partir du désert rejoindre la Libye. Un périple qui semble aujourd’hui être le gagne pain des populations et des forces de l’ordre et de défense stationnés au différents postes de contrôle.
Tous ceux qui embarquent dans les bus à partir de Bamako pour rejoindre la ville de Gao ne sont pas que des originaires de la ville ou des membres de la MINUSMA. Parmi ce lot, il y a un fort contingent de candidats à l’immigration clandestine. Cette information a été donnée à la presse, hier mardi, par l’Association Maliens des Expulsés (AME). Une situation qui fait l’affaire de nombreux habitants de la ville en ces périodes de vaches maigres. Et pas seulement. Selon les témoignages de Doumbia Souhad Touré, chargée d’accompagnement des familles des expulsés à l’Association Malien des Expulsés (AME). Selon elle, les contacts entre les candidats à l’immigration et les passeurs sont établis à l’avance. C’est pourquoi, selon elle, dès le stationnement des bus, des personnes se ruent sur leurs clients qu’ils connaissent très bien. Cette affaire n’est pas bénéfique qu’aux simples populations civiles, des porteurs d’uniformes en font, eux aussi, un gagne pain à l’en croire. « Quand notre bus a garé, j’ai vu un militaire venir chercher un candidat à l’immigration et l’amener sur sa moto», dit-elle.
Simples intermédiaires
Les populations qui, depuis le début de la crise, vivent une situation économique des plus compliquées, se sont rabattues sur ce «métier» pour en tirer des subsides afin de pouvoir faire face aux dépenses quotidiennes. Cette activité qui est de plus en plus florissante leur permet de joindre les deux bouts. Si le Chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Kéïta, avait lancé des menaces à l’endroit des passeurs, il faut reconnaitre que les populations qui se livrent à cette activité en sont des intermédiaires. Elles assurent le rôle d’intermédiaires entre les «clients» et les passeurs. Leur rôle se limite à regrouper les candidats à l’immigration clandestine en attendant l’arrivée des passeurs qui viennent les embarquer pour le grand désert. Si la destination «promise» est la Libye, très peu y parviennent. « Aujourd’hui, ce n’est pas l’Océan qui tue les jeunes, mais plutôt le désert. Ils sont nombreux à être lâchés en plein désert par les passeurs et qui finissent par mourir. Les plus chanceux parviennent à regagner Gao dans un état mourant», explique Doumbia Souhad Touré.
Avant d’entamer le grand voyage du désert, ils sont également nombreux à séjourner à Gao le temps de se refaire une petite santé financière puisqu’ayant été délestés de leurs sous par les forces de l’ordre et de défense aux différents postes de contrôles.
Chuuut !!! Les agents dépouillent les passagers
C’est un secret de polichinelle que de dire les passagers en direction des différentes villes du pays à partir de Bamako sont soumis aux rackets des agents aux postes de contrôle. Le dernier article d’un confrère en provenance de la Côte-d’Ivoire sur la question avait fait réagir de nombreux internautes qui expliquaient par la même occasion leurs cas.
Dans un carnet de voyage, votre quotidien a l’habitude de se pencher sur le cas de la frontière Mali-Sénégal. Pour Doumbia Souhad Touré, le cas des postes de contrôle entre Bamako et Gao est devenu plus grave. «Les Etrangers qui étaient parmi nous payaient sans ménagement 25.000 francs CFA, les Maliens 15.000 francs CFA. Ce racket est semble-t-il devenu un droit que se sont procurés ces agents. «Un jeune qui, après avoir payé 15.000 francs CFA à l’entrée de Sévaré et a refusé de payer la même somme à la sortie de la ville, s’est vu poursuivre par l’agent jusque dans le bus puis être trimballé à l’extérieur». Aujourd’hui, l’Association des Expulsés maliens avoue avoir transmis une lettre au Ministère de la Sécurité pour dénoncer ces agissements et pour que celui-ci prenne les mesures qui s’imposent.
Dans une situation de crise, où les populations se sentent agressés par ceux qui sont censés les défendre, il sera difficile d’établir la relation de confiance qui veut que les citoyens collaborent avec ces derniers pour leur aider à combattre le terrorisme.
Mohamed Dagnoko
Source: LE COMBAT