Les réseaux d’information ont fait état, il y a quelque temps de cela, de la décision d’un pays musulman de soumettre à des tests de haut niveau, les imams, suppléants et muezzins officiant dans les lieux de culte du territoire. Telle était la condition requise pour qu’ils puissent continuer à exercer ces fonctions. Le département en charge des Affaires islamiques et des Biens religieux en était arrivé à l’imposition de cette mesure après avoir constaté «le faible niveau» de certains de ces personnages. Ils devaient donc subir, entre autres, des épreuves d’apprentissage et de psalmodie du Saint Coran, de connaissance de la Tradition et des Hadiths du Messager (PSL) et de la compréhension de l’histoire de l’islam. Une bonne connaissance des us et coutumes du pays devait également être prise en compte dans ces évaluations.
Il s’agissait, grâce à ce système, d’assurer aux fidèles une structure solide pouvant les orienter sur les questions de la foi, loin de tout obscurantisme. En la matière, c’est au Sceau des prophètes que les théologiens rattachent avant tout le titre d’imam. Les exégètes le relient à nombre de ses qualités. Et de l’appellation de «Modèle absolu de ceux qui craignent Dieu», à celle de «Seigneur lige des messagers divins», ils en déclinent une large gamme suivant l’étendue de leurs connaissances, lors des cérémonies ou des invocations.
Littéralement défini comme «le guide» ou le «modèle», l’acception générale du terme «imam» désigne la personne ayant pour fonction de conduire régulièrement ou ponctuellement la prière en un lieu de culte déterminé. Selon les milieux, cette dignité est conférée par la connaissance du Livre saint, par l’âge ou le rôle social.
Dans nos communautés où il arrive que plusieurs personnes réunissent ces critères, la charge est attribuée suivant des principes traditionnels établis de longue date, dont la rupture pour des raisons diverses, peut conduire à des convulsions au sein de ces entités. Dans certaines congrégations, le concept revêtait le sens particulier d’intercesseur unique. La personnalité qui assurait cette charge devait être reconnue et suivie par le fidèle, pour aspirer à être sauvé. Et ce guide, en plus de son autorité spirituelle, possède une autorité civile incontestable. Dans l’histoire des communautés musulmanes, ce titre honorifique est unanimement attribué aux fondateurs des quatre Écoles juridiques de l’islam, responsables de la codification de rites dont se réclament les différents courants de la religion.
Chaque école, selon les oulémas, constitue un système issu de ce qu’il est convenu d’appeler les fondations de la loi sacrée, d’où la reconnaissance de leur orthodoxie. C’est à ce propos que les théologiens soulignent la nécessité pour les musulmans de considérer exclusivement le Coran et la Sunna comme la base idéologique et pratique de la Ummah islamique.
Ces deux textes fondamentaux ayant servi de support aux opinions exprimées par les diverses écoles de droit musulman, les oulémas attirent l’attention sur le fait que les points de controverse ne soient pas érigés par ignorance, au rang de textes dont l’autorité l’emporte sur le Coran et la Sunna. Ils rappellent à ce propos cette injonction de retourner aux sources : «Si vous vous disputez au sujet de quelque chose, renvoyez cela devant Dieu et le Messager». (IV-59)
A.K. CISSÉ
Source : L’ESSOR