L’Agence Anadolu a interviewé samedi, Mahmoud Dicko, leader politico-religieux malien très influent dans son pays. L’Imam Dicko a exprimé sa « grande admiration » pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Interrogé samedi par l’Agence Anadolu (AA), Mahmoud Dicko, leader religieux malien jouissant d’une grande influence au Mali, s’est exprimé au sujet de la situation sécuritaire et politique de son pays ainsi que sur les relations actuellement tendues entre le Mali et les acteurs étrangers tels que la France, l’Union européenne et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Dans ce premier volet de l’entretien, l’Imam Dicko qui a présidé le Haut Conseil islamique malien (HCIM) de 2008 à 2019 et inspiré le lancement du mouvement la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de Mahmoud Dicko (CMAS), a également exprimé sa « grande admiration » pour le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Le leader politico-religieux malien qui avait soutenu l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta lors des élections de 2013 avant de prendre sa place dans l’opposition quelques années plus tard, a souligné sa conviction que « la Turquie peut et doit jouer un rôle au Mali ».
AA : La Turquie peut-elle aujourd’hui apporter une contribution, une aide au Mali, qui pourrait faciliter cette période de transition politique ?
Mahmoud Dicko : « Nous pensons d’abord que la Turquie est un pays frère. Nous avons à peu près les mêmes composantes dans nos populations. Nous sommes une population avec 98 % de musulmans, [civilisation] très ancienne. Nous sommes issus d’un grand peuple, bâtisseur d’une grande nation de civilisation de l’Islam. Nous avons été aussi, le pays, qui a fait la promotion de l’islam en Afrique occidentale, voire dans une grande partie de l’Afrique.
Nous savons aussi que la Turquie est une grande nation qui a eu le privilège de conduire la destinée de la Oummma islamique, avec beaucoup de brio. Nous le savons : c’est une grande civilisation, une grande nation, ce n’est pas seulement la Turquie, mais la Turquie, c’est vraiment une grande partie de l’histoire de la Oumma islamique.
Avoir aujourd’hui des relations avec un grand pays comme la Turquie nous réconforte. Nous pensons qu’il n’y a pas quelqu’un qui peut nous comprendre mieux que la Turquie parce que nous partageons l’essentiel qui est l’Islam.
Le rôle que la Turquie a joué, que nous souhaitions, nous, que la Turquie continue à jouer et le rôle que le Mali a joué dans la propagation et l’épanouissement de l’islam sont des rôles similaires. Donc, aujourd’hui, nous pensons que dans la situation actuelle, certainement la Turquie est la nation la mieux indiquée pour venir en aide à ce peuple aujourd’hui qui est en détresse.
Le devoir islamique nous commande de le faire. Un devoir d’être une grande nation de l’islam, qui a conduit les destinées de la Oumma, qui aujourd’hui doit aussi se battre pour que la Oumma se remette ensemble, dans une clairvoyance que nous, nous admirons beaucoup.
Je vous le dis, je suis un grand admirateur du président Erdogan. J’ai eu la chance d’aller en Turquie, du temps où il fut premier ministre et je l’ai rencontré quand il était premier ministre. On s’est rencontré brièvement lors d’une rencontre à Istanbul, donc j’ai eu la chance aussi d’aller à Ankara, à Konya. C’est un beau pays, c’est une grande nation. J’ai été émerveillé par ce pays. Je ne me suis pas senti dépaysé. Quand je vois les minarets, j’entends le muezzin, je me sens vraiment chez moi, donc vraiment, c’est un pays pour lequel nous avons beaucoup, beaucoup, beaucoup d’estime. Nous pensons que la Turquie peut et doit jouer un rôle au Mali.
AA : Avez-vous un message particulier à adresser à la Turquie ?
Mahmoud Dicko : « Tout simplement adresser nos salutations fraternelles à ce grand peuple, cette grande nation musulmane puisque les Turcs, la Turquie, que nous aimons beaucoup, sont musulmans.
Le président Erdogan, je l’ai dit, c’est quelqu’un que je porte dans mon cœur, je l’aime pour ses positions, pour sa clairvoyance, pour tout ce qu’il fait, pour la défense pas seulement de l’islam, mais aussi de toutes les causes nobles. Parce que l’islam, ce n’est pas seulement le problème des musulmans. Non, l’islam, c’est le problème de l’humanité. Tout ce qui est noble, tout ce qui est qu’il faut défendre, il le fait.
Je l’ai entendu hier, avant de partir en Ukraine pour essayer de voir comment il faut trouver de solution à cela. Mais je salue cela. Je trouve ça grand. Il ne faut pas que tout vienne des autres, il faut que nous-mêmes, les dirigeants musulmans sachent qu’ils ont quelque chose à apporter à ce monde-là. Il ne faut pas tout subir, il faut soi-même sortir. C’est pour cela que je l’aime bien parce qu’il ne suit pas. Il fait valoir ce qu’il a parce qu’il a quelque chose de grandiose. Il a l’Islam, il a cette clairvoyance, il a cette grâce divine que Dieu nous a donné, que Dieu a donné à l’humanité.
« Rahmatan lil-‘alamin » (Miséricorde pour l’univers). Pas pour ceux qui croient seulement mais pour toute la créature, pour toute l’humanité. Pour tout le monde. Ça inclut tous les hommes, les animaux, le climat, etc. On parle de tout. Les Musulmans se mettent à l’écart quand on parle aujourd’hui de ce qui se passe, le problème climatique. Les musulmans n’ont pas de mot à dire, mais c’est très grave. Je pense que les dirigeants musulmans doivent prendre toutes ces questions aujourd’hui à bras le corps parce que ce sont des questions que notre religion nous a toujours invités à débattre, à avoir. Nous avons le devoir de prendre soin de ce monde là que Dieu nous a confié.
Mais pourquoi laisser les autres tout faire et nous, on est à l’écart, on subit ? ».
Source : Anadolu Agency